Sponsorisé par Total Énergies, le Nice Climate Summit boudé par une députée européenne et des scientifiques

Deux experts du GIEC et la députée européenne (EELV) Caroline Roose ont annoncé qu'ils ne viendront pas au sommet du climat de Nice, organisé ces 28 et 29 septembre et sponsorisé par Total Énergies. Ils ne cautionnent pas le choix de ce partenaire pour un événement sur l'écologie, qualifié de "méga pollueur" par l'élue. (Article publié le 14 septembre, actualisé ce 28 septembre).

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Le sommet du climat de Nice se déroulera en l'absence de quelques uns des spécialistes inscrits comme auditeurs. L'eurodéputée (Europe écologie les Verts - EELV) Carole Roose, mais aussi une poignée d'experts du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ont fait savoir qu'ils annulaient leur venue au Nice Climate Summit qui se tiendra les 28 et 29 septembre.

"Ils ont choisi de ne pas intervenir en lien avec le choix du sponsor principal," indique une responsable du GIEC à propos de plusieurs de ses consœurs et confrères. "Je n'étais pas invité pour intervenir lors de cet événement, souligne l'un d'entre eux, contacté par France 3 Côte d'Azur. Mon invitation était en tant qu'auditeur, et j'ai dit (...) dès le début que je ne participerais pas non plus dans la salle".

> Une autre polémique à vu le jour la veille de l'ouverture du sommet : L'épouse du maire de Nice devait animer deux tables rondes lors de ce sommet sur le climat co-organisé par la mairie et la Métropole Nice Côte d'Azur. Face à des soupçons de conflit d'intérêts, elle a préféré se désister.

Des manifestants se sont rassemblés devant le Palais de la Méditerranée ce jeudi lors de l'ouverture du congrès :

Un sponsor problématique

Ce sponsor problématique, Caroline Roose le nomme : Total Énergies, partenaire de l'événement depuis trois éditions. "Il n'est pas sérieux d'organiser un évènement sur le climat en partenariat avec la firme la plus pollueuse de France !!! De qui se moque-t-on ?" assène-t-elle dans un communiqué diffusé le 12 septembre.

Dans un communiqué, Hélène Granouillac, élue écologiste à Nice et à la Métropole, n'hésite pas à qualifier de "climaticide" le projet d'oléoduc chauffé de 1440 km que Total édifie à travers l'Ouganda et la Tanzanie. "C'est la goutte qui fait déborder le vase du Nice Climate Summit, déserté, pour l'heure, par une majorité d'experts, de scientifiques dont des membres du GIEC," déclare-t-elle. Par ce manque de dicernement [des organisateurs], ce rendez-vous des experts de la biodiversité et du climat se fait la chronique d'une défaite annoncée."

Nous n'avons pas besoin de sommets financés par Total pour se racheter une crédibilité. Nous avons besoin que Total cesse ses projets d'extraction de gaz naturel dans l'Arctique russe, d'oléoduc géant en Ouganda ou d'exploitation du gaz de schiste en Argentine.

Caroline Roose

Députée (EELV) européenne

Caroline Roose, originaire de Villeneuve-Loubet dans le département, confie qu'elle se réjouissait pourtant de l'initiative. "Je m'étais inscrite en tant qu'auditrice pour toutes les discussions qui touchaient aux océans, raconte l'eurodéputée, membre de la commission pêche au parlement européen. 

Après avoir appris la participation de Total dans l'évènement, elle regrette que la Ville de Nice, la Métropole et la Région "cautionnent les stratégies de méga pollueurs à travers ce type d'évènement."

"Il m'arrive bien sûr, en tant qu'élue européenne et sur mes rapports d'initiative, de rencontrer des personnes avec qui je ne partage pas les mêmes points de vue, confie Caroline Roose. Mais là, participer à un événement organisé par l'un des principaux pollueurs de la planète, ça me paraît décalé, voire déplacé."

Tant que Total ne musèle pas

Membre du GIEC, Nathalie Himli ne partage "pas la même vision" que ses confrères scientifiques. Docteure en économie et responsable de la section économie environnementale du Centre scientifique de Monaco, elle compte participer le 29 septembre au panel d'experts auquel elle est conviée pour parler de la gestion de l'eau.

"J'estime que si on ne me musèle pas, qu'on n'oriente pas mes réponses, je n'ai aucune raison de refuser l'invitation," confie l'économiste.

Je comprends la position de mes confrères, mais en tant qu'économiste, je me dois de faire passer ma science vers les décideurs, qu'ils soient politiques ou économiques comme Total. Je n'approuve certainement pas tout ce que réalise Total, surtout quand on parle d'énergies fossiles. Mais c'est un acteur économique comme un autre.

Dr. Nathalie Himli

Responsable du secteur économie environnementale au Centre scientifique de Monaco

Contacté, Total Énergies regrette "ces désistements qui n'encouragent pas un dialogue ouvert et constructif prôné par notre compagnie avec l'ensemble des interlocuteurs," explique une porte-parole. Réfutant l'expression de greenwashing, le groupe rappelle qu'il entend "être un acteur majeur de la transition énergétique, engagé vers la neutralité carbone en 2050."

En 2030, Total Énergies sera un des plus gros électriciens bas carbone du monde.

Une porte-parole de Total Énergies

Total Énergies ajoute qu'il "développe de nombreux projets dans la région et y exploite déjà une quarantaine de centrales solaires". Il rappelle aussi qu'il a converti la raffinerie de pétrole de la Mède (Bouches-du-Rhône) en "la première bioraffinerie française et l'une des plus grandes d'Europe" et "opère plus de 800 points de recharge pour les véhicules électriques" en Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Caroline Roose sourit : "ils font des investissements, oui. Mais pas à la hauteur des dommages qu'ils causent à la planète."

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