Alors que Nice multiplie les contrôles des coursiers et livreurs des différentes plateformes de livraisons, coupables d'"incivilités", Christian Estrosi a signé un arrêté municipal ce 15 décembre les interdisant de stationner en journée dans certains endroits de la ville.
Dans les rues, on ne les remarque presque plus. À vélo ou en scooter, leurs sacs floqués Uber Eats, Deliveroo ou encore Just Eat bien attachés, les yeux rivés sur leurs téléphones en attendant la prochaine course, les livreurs et coursiers font partie de la ville.
Une présence pas si invisible que ça, à Nice. Depuis le début de l'année 2021, la mairie aurait reçu "de nombreuses plaintes de riverains relatives aux nuisances causées par un nombre grandissant de coursiers en deux-roues aux comportements inadmissibles sur la voie publique", assure-t-elle dans un communiqué.
Elle cite pêle-mêle : "stationnement anarchique", "bruits", "incivilités", "pollution", "non-respect du code de la route" et "regroupement".
Une dizaine d'opérations de "répression"
Assez pour que la mairie invite la presse, ce mercredi 15 décembre à 19h, à venir assister à une opération de contrôle effectuée par la police municipale et nationale, les douanes ainsi que l'URSSAF.
Bilan "des courses", ce mercredi : douze défauts de licences de livreur coursier, trois usurpations d'identité, trois infractions pour travail dissimulé.
Au total, depuis le début de l'année, douze autres actions de "répression contre ces comportements" ont été menées par la police municipale, indique la mairie dans un communiqué.
Elle y dénonce un "bilan édifiant", entre autre :
- 90 infractions au stationnement,
- 42 infractions à la circulation
- 17 infractions pour exercice d’une activité de transporteur public routier de marchandises sans inscription au registre ont été relevées.
Un arrêté contre le stationnement dans certaines zones
Dans la foulée de l'opération du 15 décembre, le maire de Nice Christian Estrosi a signé un arrêté municipal réglementant la présence des coursiers et livreurs sur l’espace public niçois. "Il est indispensable que l’espace public soit respecté, sans enfreindre à la liberté de travail et tout en respectant la quiétude des riverains",
assure Christian Estrosi dans un autre communiqué.
Cet arrêté, qui prend effet du 15 décembre au 1er février 2022, "institue temporairement pour des motifs de sécurité et de tranquillité publique un périmètre au sein duquel l'activité d'une certaine catégorie de livreurs coursiers est réglementée".
En bref, il interdit aux livreurs, quel que soit leur moyen de transport, de stationner de 11h30 à 21h30 dans une zone bien définie.
Il leur est seulement permis d'y marquer "un arrêt momentané le temps strictement nécessaire à la prise en charge de la commande de vente à emporter ou de la livraison de celle-ci".
Le périmètre est ainsi défini : la place Saétone, la rue de Paris du numéro 24 au 35, la rue de Belgique, l’avenue Jean-Médecin du numéro 56 au 53, la rue Pertinax du numéro 23 au 31, la rue Assalit et la rue Alsace-Lorraine de son début au numéro 13.
Des plateformes qui "exploitent sans remords une catégorie de personnes souvent fragilisée"
Si le maire de Nice déplore ces "comportements insupportables" de certains livreurs (qui "doivent être sanctionnés"), il pointe du doigt "les problématiques de travail dissimulé, de fraudes aux cotisations sociales, et parfois de livraisons de stupéfiants".
Mais aussi "la location d'identité", certains coursiers sous-louant leurs comptes à des sans-papiers ou des mineurs.
La crise sanitaire a fait exploser le nombre de livreurs en France. Résultat : les courses se raréfient, mais les tarifs ne changent pas (les coursiers gagnent en moyenne entre 8 et 10 euros net par heure, selon Les Échos). Cela ne suffit généralement pas aux livreurs, qui ont pour la plupart moins de 30 ans, pour vivre.
Christian Estrosi demande au "législateur, y compris à l’échelle européenne", d'"exercer un contrôle sévère envers les plateformes qui, pour certaines, mettent en place des conditions sociales précaires et exploitent, j’ose le mot, sans remord une catégorie de personnes souvent fragilisée".
En attendant, la mairie indique que les "opérations de répressions", comme celle du mercredi 15 décembre, seront "renouvelées autant que nécessaire"...