Une application créée par deux jeunes entrepreneurs de Nice se veut la version "médicament" de la livraison de repas à domicile. Livmed’s bouscule les codes de l’accession aux médicaments 7 jours/7 et H24 en moins de 30mn. Une affaire qui roule au-delà des Alpes-Maritimes.
Talel Hakimi et Mehdi Matyja espéraient sans toutefois l'imaginer que leur rêve de start-up allait prendre très vite une telle ampleur. En période de covid cette start-up répond à un besoin grandissant.
Les deux entrepreneurs se sont rencontrés en 6ème sur les bancs du collège Roland Garros à Nice. Les deux jeunes garçons deviennent rapidement les meilleurs amis du monde et poursuivent leurs études dans le secteur de l’économie et de la gestion. Pour Talel Hakimi se sera la finance et les assurances avec une certification HEC Paris. Pour Mehdi Matyja l’expertise comptable.
Les deux amis travaillent tout en se nourrissant des réussites spectaculaires des petites entreprises technologiques et innovantes qui ont un fort potentiel de croissance. Mais il y a autre chose qui soude aussi leur amitié : leurs deux mamans ont chacune de graves maladies qui contraignent ces jeunes à se frotter dans l’urgence et régulièrement au monde médical et pharmaceutique.
"Maman m’a appelé pour aller récupérer des médicaments"
“ On a fait les 400 coups avec Talel quand on était jeune mais on s’est toujours juré qu’on allait créer quelque chose ensemble. Quand on s’est assagi c’est devenu une évidence. Combien de fois maman m’a appelé pendant mes heures de travail pour aller récupérer des médicaments ? Quand je finissais, les pharmacies étaient fermées. Je devais aller à celle de garde et je faisais là queue une demi-heure avant de pouvoir rentrer chez nous.” explique Mehdi Matyja.
C’est là que prend racine leur idée qui s’appuie sur le concept de l’"uberisation" : pouvoir recevoir, chez soi, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit sept jours sur sept les médicaments dont on a besoin. Donc se les faire livrer 7 jours sur 7 H24. Le projet est ambitieux et l’on s’etonne qu’il n’ait pas été développé plus tôt tant il semble évident qu’une personne malade est la moins apte à se déplacer. D’ailleurs des groupements de pharmacies notamment ont déjà essayé sans grand succès. C’est sans compter l’enthousiasme et la force de travail des deux jeunes entrepreneurs.
Crée avant la pandémie, en 2019, à la faveur de la généralisation du dossier médical partagé (DMP), l’appli Livmed’s est officiellement lancée au bout d’un an et demi de développement en décembre 2020. La petite structure, basée à Nice, a notamment collaboré avec le Conseil de l’Ordre des pharmaciens.
Le rose et le bleu sont les codes couleurs de la start-up, de l’application aux sacs à dos de livraison isotherme. Le logo ? Une croix traversée par une route sur laquelle s’engage un cycliste.
Mode d'emploi
Le principe fonctionne sur le même modèle que les livraisons de repas. Le client enregistre sa carte vitale et sa mutuelle. Il envoie une photo de son ordonnance à la pharmacie de son choix. Afin de conserver le relationnel, une fenêtre de messagerie instantanée est disponible pour échanger avec le pharmacien pour qui le service est totalement gratuit. La livraison à domicile a un coût : 9,60 euros pour le client. Un prix qui peut paraitre un peu cher mais devrait baisser en fonction du développement de la société.
Livemed’s perçoit une commission sur cette somme et le livreur est payé 4 euros (mais cela peut varier au delà de 3 km car 1euro par km supplémentaire).
« Nous sommes les meilleurs employeurs du marché avec cette rémunération et nous négocions avec davantage de mutuelles pour un remboursement complet des patients » explique Talel Hakimi.
Certaines mutuelles et les services d’assistance remboursent déjà la prestation de livraison.
Portée par la crise sanitaire
Le hasard fait souvent bien les choses. Talel et Mehdi démarchent les pharmacies et signent 40 partenariats en 3 mois.
La quinzaine de livreurs en vélo sont formés en interne.
Nous ne livrons pas des pizzas. Les sachets de médicaments sont agrafés dés la pharmacie pour respecter la confidentialité,
La pandemie est là. Les confinements se succèdent et la start-up surfant sur les besoins grandissants explose les compteurs. Dès janvier 2020, une campagne de publicité s’affiche sur les transports en commun nicois.
« Nous pensions conforter notre réseau local avant d’élargir au national mais la multiplication des commandes de clients parisiens nous a amener à changer notre fusil d’épaule. On ne s’est pas trompé. Il y a un vrai engouement qui correspond à un réel besoin » Talel Hakimi.
Début mars 2020, leur publicité se retrouve sur les transports en commun parisiens. Tout s’accélère pour Livemed’s.
Apres Nice, Paris et région, c’est tout le littoral de Menton à Marseille qui est développé. Les services Developpement Economique de la Metropole Nice Cote d'Azur rencontent les fondateurs de la start-up à deux reprises pour échanger sur les persepctives de developpement sur le terriroire metropolitain. La tempete Alex et ses degats accelerent le processus. Selon la responsable de la communication Metropole "un projet d'experimentation est à l'etude sur la livraison de médicaments dans les vallées afin de faciliter l'acces aux soins et aux traitements"
Puis très vite s’ajoutent Lille Lyon Bordeaux Rennes Reims, Montpellier Tours Clermont Ferrand...
L’objectif de couvrir le territoire national est bien parti. Les contrats avec des pharmacies en Corse viennent tout juste d’etre signés mardi dernier, 4 mai.
10.000 livreurs
« Au regard de nos futurs partenariats avec différents groupements de pharmacie et de notre évolution exponentielle nous tablons sur un total de 3.000 pharmacies partenaires d’ici à la fin 2021 » précisent les deux dirigeants.
Livemed’s c’est aujourd’hui 10.000 livreurs et 50.000 utilisateurs. C’est également 15 salariés. Au départ c’est 150.000 euros en fonds propres pour lancer Livemed’s. Apres avoir été demarchée par des sociétés de levées de fonds les deux fondateurs viennent de signer pour un apport de plus d'un million d'euros.
A terme Livemed’s aimerait etre reconnu par la Sécurité sociale.