Teresa Maffeis, militante des droits de l'homme à Nice, est morte

Teresa Maffeis était une figure de l’aide aux migrants dans les Alpes-Maritimes. Elle était de toutes les manifestations et actions, notamment à Vintimille. Elle vient de mourir ce 4 février à l'âge de 73 ans.

La nouvelle a été diffusée sur le réseaux sociaux ce vendredi 4 février : la militante bien connue à Nice, Teresa Maffeis est décédée à l'âge de 73 ans.

En 1991, elle avait fondé l’Association pour la démocratie à Nice (AdN), dont elle était restée présidente. Cette Niçoise d'adoption était d'origine italienne.

Une infatigable militante 

Elle militait depuis mai 1968 et participait depuis 20 ans à l’aide aux personnes sans-papiers et à l’accueil des réfugiés qui venaient d’Afrique, de Tchétchénie, de Syrie, d’Afghanistan ou d'ailleurs.

En novembre 2021, dans un entretien accordé au journal en ligne Le Ravi, elle constatait, amère : "Depuis la fermeture de la frontière avec l’Italie en 2015, les politiques se sont durcies. La mairie de Vintimille a basculé à l’extrême droite, et récemment une manifestation contre les migrants a rassemblé plus de 20.000 personnes. Des migrants sont morts faute de centres d’hébergement."

Selon les mots de l'élu d'opposition Patrick Allemand (PS): 

"C'est la stupéfaction pour beaucoup d'entre nous. Elle était une grande figure du tissu associatif local, des collectifs citoyens, et de la gauche alternative dans notre ville et notre département. Nous avions fait connaissance sur un terrain de lutte. Il s'agissait de se mobiliser contre la destruction des immeubles du Vieux Nice, en haut de la montée Saincaire, sous la protection de Catherine Segurane. Nous avions perdu ce combat contre les promoteurs immobiliers. Mais j'avais découvert à cette occasion cette femme toute de vert vêtue qui déployait une incroyable énergie."

David Nakache, président de l'association Tous Citoyens !, rappelle que Teresa Maffeis était " de tous les combats, toujours prête à lutter contre l'injustice". 

Erwann Le Hô, président du centre LGBT Côte d'Azur, rappelle lui aussi que cette militante humaniste était de toutes les batailles : "Son coeur n'était pas seulement vert, il était arc-en-ciel".

L' ancien maire de Nice la surnommait "la punaise"

Autre réaction, celle de l'avocate Mireille Damiano.

Elle était avec elle au téléphone il y a deux jours. « C’est quelqu’un qui a été une présence absolue sur tous les combats solidaires, les combats au côté des migrants, au côté des jeunes, qui devait encore être avec nous dimanche pour rendre hommage aux personnes exilées qui sont mortes en chemin ».

« Je suis extrêmement émue car on a été ensemble sur des tas de choses ! »

Selon les informations de l'avocate, Teresa Maffeis a fait un malaise cardiaque, elle a été transportée à l’hôpital mais les médecins n’ont pas réussi à la sauver.

« Pour ceux qui la connaissaient, elle était toujours vêtue de vert », Mireille Damiano se souvient de ses combats dans le cadre de l’association contre l’ancien maire de Nice, Jacques Peyrat, celui-ci la surnommait alors : « la punaise ».

Pourquoi le vert ?

A Laurence Collet, journaliste de la rédaction de France 3 Côte d'Azur, elle avait un jour répondu :

J’ai grandi dans une famille nombreuse et comme nous n’avions pas d’argent, les parents achetaient des vêtements tous de la même couleur pour les garçons et les filles.

Teresa Maffeis

Puis elle lui a ajouté d'un air malicieux : « C’est en tout cas l’explication que je préfère ».

"Humaine, point barre"

Dans un communiqué, les écologistes ont aussi tenu à faire part de leur tristesse : "Dans un engagement constant, Teresa était partie prenante de toutes les mobilisations aussi bien pour défendre les droits humains que l'écologie. Elle même se définissait comme "Humaine, point barre."

"Elle s'est battue pour aider les défavorisé·es, résidant ou migrant, sur tous les fronts de la justice, du logement, de la précarité. Son humanisme ne se cantonnait pas à des discours mais se vivait sur le terrain, avec ceux qu'elle défendait, comme le montre son dernier ouvrage (en collaboration avec Aurélie Salvi) paru en 2020 : « Les Sentinelles, Chroniques de la Fraternité à Vintimille », journal de bord de l’aide apportée aux réfugié·es à la frontière italienne", précisent Laurent Lanquar-Castiel, co-secrétaire départemental EELV06 et Mari-Luz Nicaise Hernandez, ancienne conseillère municipale de Nice.

Elle participait aussi à la vie de sa ville, toujours citée dans les « 100 » qui font Nice, et assistait aux conseils municipaux, maîtrisant les dossiers "sensibles". Sa plume alerte et incisive était redoutée si bien qu'un ancien maire la surnomma la « punaise verte »! Frêle silhouette, toujours de vert vêtue, on ne pouvait pas la manquer, aujourd’hui, c’est elle qui va nous manquer, cruellement.  "

Hommage à Nice ce dimanche

Teresa Maffeis réfléchissait sur son engagement humanitaire et soulignait l'absence de relève parmi la nouvelle génération :

On veut changer le monde. Mais jusqu’à présent, les partis politiques ou les syndicats ne s’emparent pas de ces questions. Dans le meilleur des cas, ils accompagnent les actions. Même dans les rangs des militants, il y a de moins en moins de relève. Quand je vois la moyenne d’âge dans les réunions, on a intérêt à vivre vieux ! Si les gens savaient la richesse que ça apporte de rencontrer des personnes d’autres pays, d’autres cultures… Moi ça m’a beaucoup enrichi. Mais les gens ont peur qu’on leur prenne leur temps.

Teresa Maffeis, militante des droits de l'homme.

Journal en ligne Le Ravi

Les dates de son inhumation ne sont pas encore connues mais un hommage lui sera rendu ce dimanche 6 février avant la commémoration de toutes les personnes mortes sur les chemins de l'exil, aux frontières ou dans la Méditerranée. 

Un rassemblement qui se déroulera en gare de Menton Garavan à 17h30 auquel Teresa Maffeis avait prévu de participer. Toujours combattante, jusqu’à son dernier souffle.

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