Trois octogénaires refusent une route au milieu de leur potager à Nice

La future route reliant le stade Allianz Riviera et le centre de  Nice est essentielle pour la plaine du Var, mais elle traverse le jardin de trois personnes qui refusent de quitter les lieux malgré une ordonnance d' expropriation. La justice tranchera ce jeudi.

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Dans la plaine du Var, en pleine reconversion, la résistance de trois octogénaires refusant leur expropriation met à mal l'achèvement d'une route, stratégique pour la Métropole de Nice Côte d'Azur, puisque l'artère doit relier le centre ville au stade de l'Allianz Riviera.
Avec une urgence : l'Euro 2016 de football en juin prochain, et les quatre rencontres, dont un huitième de finale, qui doivent s'y tenir.

On veut finir notre vie ici

Le 24 septembre, la justice va trancher : de quel délai Jeanne Venturino, sa soeur Marcelle et son beau-frère Jeannot disposeront-ils avant d'être expulsés de la maison qu'ils refusent de quitter depuis trois ans, malgré une ordonnance d'expropriation?
"Tout ce qu'on veut aujourd'hui, c'est finir notre vie ici": pour Jeanne Venturino, 86 ans, le regard toujours aiguisé, pas question de céder.


Marcelle, 84 ans, est du même avis.

 Cela fait plus de soixante ans qu'on vit ici. Ce sont mes parents qui ont fait construire. Il n'y avait rien, qu'une forêt de cannes qu'il a fallu faire défricher.


Dans le jardin, Marcelle cultivait ses légumes, vendus au marché de gros. Son mari travaillait à EDF. Jeanne tenait une charcuterie-traiteur.
La retraite venue, ces petites gens allaient pouvoir profiter, à l'ombre de leur citronnier, d'années de tranquillité.
Jusqu'au jour où le ciel leur tombe sur la tête.*

2011, année maudite

"En 2011, ils nous ont annoncé qu'ils voulaient démolir la maison et faire partir mes parents", raconte Jeanine Lastère, tutrice de son père atteint de la maladie d'Alzheimer. Le tracé choisi pour la fameuse voie de 40 mètres passe au beau milieu du potager des octogénaires. 
"Et ils nous l'ont appris comme ça, en venant mesurer les pièces de la maison, sans même prendre rendez-vous !", s'offusque-t-elle.

L'argent n'achète pas tout

Très vite, le désarroi des Venturino-Carabalona suscite un mouvement de sympathie de la part des opposants à la plaine du Var, théâtre de l'une des plus vastes opérations d'intérêt national de France.
Lancée du temps où Christian Estrosi, député-maire Les Républicains de Nice et président de la Métropole, était ministre de l'Aménagement du territoire, en 2007, elle englobe 10.000 hectares où poussent comme des champignons immeubles de bureaux ou de logements et où le géant suédois Ikea, notamment, est attendu.
Dans un courrier adressé à la famille le 20 août, la Métropole met en avant les efforts faits pour la reloger tout en lui fixant un ultimatum d'un mois pour accepter son offre. La Métropole a consigné une somme de plus de 700.000 euros, montant fixé par la justice pour la valeur de la maison. Elle a rénové une villa, située juste en face, pour la mettre à disposition des expropriés, sous forme de location ou de vente.
Rien à faire pour les Venturino, qui ont déposé plainte contre la Métropole pour "intimidations et menaces", "abus de faiblesse sur personnes placées sous protection" et "tentative d'extorsion de signatures".
"Sachez, M. le Procureur, que notre famille est simplement attachée à notre terre et à notre héritage et que, parfois, l'argent n'achète pas tout", écrit Jeanine Lastère. "Il nous est proposé 400.000 euros pour le terrain et l'appartement de mes parents (et 300.000 pour sa tante), alors que le terrain seul vaut au bas mot 1.050.000 euros", s'étonne-t-elle toutefois.

Autour de la maison du 303 avenue Sainte-Marguerite, la résistance s'organise

Une association, Terra Segurana  -du nom d'une héroïne niçoise qui s'opposa à l'invasion franco-ottomane au XVIe siècle - y a établi un jardin partagé.
La famille a aussi fait appel à Gilles Zamolo, un des leaders du parti indépendantiste niçois, connu comme le loup blanc pour avoir contribué à faire condamner l'Etat ou les collectivités dans des litiges avec des particuliers. Il a été désigné comme mandataire familial pour assister la famille dans la procédure.
"Quelle que soit la décision de la justice, fixer un délai pour l'expulsion ou débouter la Métropole de sa demande, le préfet, seul à même de requérir la force publique, aura le dernier mot", souligne M. Zamolo. "Et le délai d'expulsion, de deux mois pour des personnes valides, peut aller jusqu'à trente-six mois", prévient-il.
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