Fin octobre encore, un jeune homme d’une vingtaine d’années en trottinette perdait la vie sur la Promenade des Anglais à Nice. C’est déjà le 2ᵉ tué depuis le début de l’année 2023 dans les Alpes-Maritimes, et les blessés se comptent par centaines.
Feux rouges grillés, vitesse excessive, circulation en sens interdit ou sur les voies du tramway à Nice, refus de priorité aux piétons : des infractions au Code de la route dont certains utilisateurs de trottinette électrique sont coutumiers, et qui ont parfois des conséquences dramatiques.
Ce lundi comparaissait, devant le tribunal correctionnel de Nice, l'utilisateur d'une trottinette débridée qui avait mortellement blessé un enfant de 5 ans en juin 2022 sur la Promenade des Anglais. Il a été condamné à trois ans de prison dont un ferme.
Pistes cyclables squattées
Maxime ne fait pas partie de ces délinquants routiers. Ce trentenaire cumule plus de 8 000 km au guidon de ce type d’engin. Il ne connaît que trop bien les risques de la circulation.
Et même lorsqu'il roule sur une piste cyclable, il sait combien il faut rester vigilent. Car ces espaces sont jonchés d'obstacles.
"Les pistes cyclables à Nice ce sont des parkings temporaires de livraison… Et il faut faire attention aussi aux arbres, avec des branches qui dépassent..."
Déjà deux morts cette année
Mais Maxime, avec son casque sur la tête et son respect des règles de circulation, fait figure d'exception. "On constate un non-respect code route assez flagrant chez les utilisateurs de trottinette, souligne Nadia Hulin, la coordinatrice départementale de la sécurité routière dans les Alpes-Maritimes.
Depuis le début de l'année, deux utilisateurs ont perdu la vie dans des accidents de la route, autant qu'en 2022.
Nadia Hulin, coordinatrice départementale de la sécurité routière dans les Alpes-Maritimes
Depuis le début de l'année, deux utilisateurs ont perdu la vie dans des accidents de la route, autant qu'en 2022.
Traumatismes crâniens et ORL
Et même quand l'accident ne se solde pas par un drame humain, les chutes lourdes, presque tous les utilisateurs en ont fait la douloureuse expérience.
Dans son service, aux Urgences de l’hôpital Pasteur de Nice, le docteur Tardieu, chef du pôle Urgences au CHU de Nice, voit défiler quotidiennement les blessés à trottinette… Parfois jusqu’à trois par jour.
L’accidentologie se fait par une projection en avant, constate le docteur Tardieu. Vous tombez généralement sur le massif facial, donc beaucoup de fractures dentaires, de grosses fractures ORL, et aussi clavicule, avant-bras, poignet, doigts. Donc une grosse traumatologie avec de gros traumas crâniens quelquefois".
Des victimes à trottinette aussi
Les statistiques sont formelles : la plupart des accidents de trottinette mettent en cause leurs utilisateurs
Mais il y a des exceptions… Le danger vient parfois de l’automobiliste.
"Les voitures vont vous doubler, vous frôler, elles ne supportent pas d’être derrière vous. Et quand voulez discuter avec eux ils vous répondent 'de toute façon vous n'avez pas le droit d'être là !' Au-delà du fait que ce n'est pas une raison pour mettre ma vie en danger, c'est pas vrai ! On a le droit de rouler sur la chaussée" (en agglomération si la vitesse y est limitée à 50 km/h maximum uniquement, NDLR).
L’an dernier, sur la RN7, à Villeneuve-Loubet, un automobiliste alcoolisé avait tué un jeune de 26 ans
qui circulait en trottinette et pris la fuite. Mis en examen pour homicide involontaire, il sera jugé prochainement à Grasse.