L'assemblée de copropriétaires du Parc Lubonis, à Nice, dont le système collectif est alimenté par le gaz, a décidé de couper le chauffage au sol à compter du 15 octobre. Pas de chaleur, mais des économies pour éviter des factures de 1 000 euros par mois et par appartement.
Ce mardi 11 octobre, une centaine de copropriétaires niçois ont voté, en assemblée générale, la coupure de leur chauffage collectif fonctionnant au gaz.
Non pas par souci environnemental ou politique mais pour une raison simple : faire des économies.
Cette copropriété, le Parc Lubonis, située entre le campus universitaire Valrose et la colline résidentielle de Cimiez, recense une centaine d'appartements et cinq villas individuelles.
C'est une ancienne cité HLM dédiée aux enseignants et construite dans les années 1950.
L'année dernière, ce sont 150 euros que les propriétaires ou locataires ont déboursé par mois pour se chauffer, entre les mois d'octobre et de mai.
Leur fournisseur d'énergie n'était autre, à l'époque, que Gazprom, la société russe spécialisée dans l'extraction, le transport, et la commercialisation du gaz. Pour cette période, au total 8 mois, la copropriété ne payait "que" 89.100 euros pour se chauffer.
Cette année, et quelques mois de guerre en Ukraine plus tard, la copropriété a dû se tourner vers de nouveaux fournisseurs d'énergie et faire établir plusieurs devis.
Pour le premier, SEFE Energy, une ancienne filiale de Gazprom chiffre le coût des huit mois à venir à un peu moins de 700.000 euros.
Pas mieux du côté de TotalEnergies qui propose un devis à 1 million d'euros !
Le compte est bon, le chauffage au sol ne sera pas actif cet automne et cet hiver dans cette copropriété.
Pour Philippe Lorenzi, 70 ans, ingénieur à la retraite, qui occupe un T6 avec son épouse: "La seule solution était de couper le chauffage" a-t-il confié à l'Agence France-Presse.
La seule solution était de couper le chauffage
Philippe Lorenzi, propriétaire d'un bien au Parc LubonisAFP
Approuvé par 95 copropriétaires
Cette solution radicale, qui ne s'accorde pas vraiment avec les températures hivernales à venir, a été votée à une large majorité hier soir : 95 copropriétaires se sont exprimés pour la coupure du chauffage.
Une nouvelle AG doit se tenir, en janvier prochain, mais aucune certitude quant à une éventuelle baisse d'ampleur des tarifs énergétiques d'ici là.
"Nous aurons alors de nouveaux devis et des informations sur le bouclier tarifaire auquel nous avons droit."
Philippe Lorenzi, propriétaire au Parc Lubonis
Saluée par des applaudissements, cette décision est "un soulagement", indiquait à la sortie de la réunion Sébastien, en souhaitant rester anonyme : "Accepter des devis si élevés aurait mis en danger la copropriété, trop de gens n'avaient, tout simplement, pas les moyens de payer".
Arthur, lui, se dit "soulagé temporairement", mais reste "inquiet", car sa compagne attend leur premier enfant pour décembre.
"Même si nous avons acheté quelques radiateurs électriques d'appoint, j'espère qu'il ne fera pas trop froid".
Arthur, résident de la copropriété
Une passoire énergétique
Ce coût démesuré ne l'aurait pas été si les bâtiments avaient été mieux isolés.
Camille Daubeze, à la tête de Forimmo, le syndic de copropriété, explique cette situation par le fait que le système de chauffage au sol est ancien et que la résidence est "une passoire énergétique".
"Entre la chaudière centrale et les appartements, la déperdition de chaleur atteint 40%"
Camille Daubeze, syndic de copropriété Forimmo
Même si certains logements sont équipés de chauffe-eau individuels, pour les sanitaires, et que d'autres disposent, aussi, de climatisations réversibles, le choix d'installer un nouveau système, comme une pompe à chaleur ou des panneaux solaires est une piste à envisager, mais dont le coût sera élevé et ne pourra être installé avant l'arrivée de l'hiver.
Système D !
Et puis, il y a ceux qui vont devoir se tourner vers "le système D" comme Florence, la quarantaine, qui explique qu'elle a acheté deux chauffages à bain d'huile et qui s'inquiète pour ses deux adolescentes : "Dans quelles conditions vont-elles faire leurs devoirs ?"
Hervé Maestri-Pieri, un autre résident, se préoccupe, quant à lui, pour ses parents de 90 et 85 ans qu'il loge dans son appartement de 80 mètres carrés : "Si on allume le chauffage, ma facture de gaz pourrait passer de 80 à 500 ou 600 euros. Comment faire ?", s'interroge-t-il, "D'autant plus que l'on s'achemine vers un arrêt définitif de la chaudière centrale pour des solutions individuelles".
Certaines personnalités politiques, comme le député LR niçois, Eric Ciotti, ont dénoncé l'exclusion de certaines copropriétés du bouclier tarifaire. Ce même élu a, d'ailleurs, adressé un courrier à la Première ministre Elisabeth Borne en ce sens.
La mairie de Nice a elle indiqué à l'AFP que les services de la Métropole en charge du guichet de la rénovation énergétique "ont pris contact avec la copropriété dès septembre".
Quelques mois sans chauffage, on va bien survivre ! Il y a des choses bien plus graves, des gens à la rue et une menace de guerre nucléaire.
Une copropriétaire retraitée, souhaitant rester anonyme:AFP
-Avec AFP