Il est de toutes les manifestations contre la réforme des retraites. Thomas Ghestem est militant de la France Insoumise et instituteur. Et il a a été convoqué au commissariat de Nice pour outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique. Une garde à vue de 7 heures à l'issue de laquelle aucune charge n'a été retenue.
Thomas Ghestem est un homme engagé. Ce professeur des écoles niçois de 47 ans est présent lors de nombreuses manifestations. La réforme des retraites mobilise particulièrement ce militant de la France Insoumise. Et il ne vient jamais seul : avec Thomas, il y a son fameux "paillassou".
Mais c'est suite à une action bien précise qu'il a ce lundi été interrogé des heures par la police pour avoir placé son petit pantin à l'effigie d'Emmanuel Macron, sur les rails. À Nice, l'affaire fait grand bruit. Lors de la 10e journée de mobilisation de la réforme des retraites, elle a été révélée pendant la manifestation.
Thomas Ghestem ne répondra pas aux questions de la rédaction de France 3 Côte d'Azur, explique Olivier Salerno, chef de file La France Insoumise dans les Alpes-Maritimes.
L'enquête n'est pas terminée, il ne peut pas révéler ce qui s'est passé en garde à vue.
Olivier Salerno, chef de file LFI 06.
Ce que l'on sait donc, c'est que l'enseignant a été convoqué au commissariat de Nice en audition libre pour outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique et provocation publique à la commission de crimes ou délits sans intention. La suite ? Une garde à vue de 7 heures, une perquisition à son domicile et à l'arrivée, aucune charge retenue.
Son Paillassou ?
Une marionnette, un costume du Secours Populaire, une chemise et un masque à l'effigie d'un chef de l'État acheté dans un magasin. Thomas Ghestem en a eu l'idée en 2018, pour "la fête à Macron" lancée alors par le député de La France insoumise François Ruffin.
Il lui fait prendre l'air à de nombreuses manifestations dans Nice :
Une intersyndicale et une seule voix
Le Paillassou est une tradition du carnaval de Nice, une sorte de mannequin de paille dans lequel on met tous ses problèmes et que l'on fait valser avec un drap le plus loin possible pour s'en débarrasser.
C'est donc une intersyndicale qui tient à faire une mise au point via un communiqué commun.
Elle considère que cette garde à vue porte atteinte à la liberté d'expression et elle exprime sa solidarité avec Thomas Ghestem et demande l’arrêt de toutes les poursuites judiciaires à son égard.
"Nous dénonçons avec force cette dérive judiciaire face à un acte d’une grande banalité. Faut-il encore le rappeler, notre Paillassou, symbole de la liberté d’expression, star des médias locaux nationaux et internationaux, est une tradition carnavalesque niçoise. Apprécié des petits et des grands, il est une figure festive et familiale, présent à chaque manifestation organisée sur Nice depuis des années", est-il indiqué dans le communiqué.
Et de poursuivre : "S’attaquer à ce symbole, c’est entraver la liberté d’expression ici et ailleurs. Ces méthodes d’intimidation ont été appliquées dans plusieurs villes de France : elles sont intolérables et inacceptables. Elles n’ont pas leur place dans notre pays. L’objectif du pouvoir est simple : discréditer les acteurs du mouvement social, étouffer la contestation en intimidant les citoyen·nes, les syndicats et les militant·es."
Nous sommes attaché·es à l’expression démocratique et pacifique en France et nous ne pouvons que dénoncer ces méthodes autoritaires. La liberté d’expression et de caricature sont essentielles à la vie démocratique.
Communiqué de l'intersyndicale.
Sur les réseaux sociaux, les réactions se multiplient.
Quant à l'intersyndicale, elle conclut son communiqué avec une citation de Nicolas Sarkozy -Étatien chef de l'Etat alors ministre de l'Intérieur- en 2006 : " A tout prendre, je préfère l’excès de caricature à l’excès de censure."
Ce mardi, les premiers chiffres des autorités comme des syndicats attestaient d'une participation en repli ce midi dans les rues de Nice, entre 3 700 et 25 000 personnes ont manifesté.