"L'objectif n'est pas de faire agoniser" : un sanglier laissé pour mort lors d'une battue administrative, le tireur sanctionné

Une battue administrative aux sangliers a eu lieu, mercredi 18 septembre, sur la commune de Eze, dans les Alpes-Maritimes. Un acte légal, ordonné par les services de l'État après avis de la Fédération des Chasseurs. Un acte réglementé où la maltraitance animale n'a pas lieu d'être.

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Une battue administrative est spéciale et exceptionnelle. Elle répond à une ou des situations ponctuelles de nuisances que l'exercice du droit de chasse n'a pas réglé.

C'est pourquoi, mercredi 18 septembre, sur la commune de Eze, dans les Alpes-Maritimes, certains riverains ont entendu des coups de feu, en début de matinée, dans le quartier de Saint-Laurent d'Eze près de l'avenue Raymond Pointcaré.

C'est ainsi, qu'un riverain, alerté par ces détonations, est sorti dans son jardin, aux alentours de 8 heures et demie : "J’avais vu qu'il y avait de petites affiches annonçant une battue administrative. Mais, malgré tout, quand j'ai entendu les coups de fusil, je suis sorti tout de suite. J'ai des chats et je suis toujours sur mes gardes dans ce cas-là".

Intrigué, l'habitant du quartier, qui tient à rester anonyme, se dirige vers le chemin de Toscane, une petite route publique, bordée soit de propriétés abritant maisons et jardins soit de propriétés privées couvertes de foret, mais non clôturées. Et là, qu'elle n'a pas été sa surprise : " juste à côté de chez moi, sur le chemin de Toscane, je vois des traces de sang, toutes fraîches".

Et d'ajouter : "Je lève les yeux et je vois un marcassin, un petit roux, encore en vie qui se vidait de son sang et juste au-dessus, le chasseur de la battue administrative qui le regardait. J'étais stupéfait. L'homme au fusil était là. Il n'a pas achevé la bête qui était en train d'agoniser. J’ai trouvé ça, totalement horrible. Je ne sais pas moi, il aurait pu lui mettre un autre coup de fusil, pour qu'il ne souffre plus. Mais non. Le chasseur attendait devant le marcassin, et c'est tout. Ce n'est pas normal. Je comprends bien qu'il y ait des battues administratives, mais pas que l'on laisse un animal agoniser près de 20 minutes. Moi, je suis juste un citoyen, ce n’est pas normal, c'est de la maltraitance animale."

Le point de vue la louveterie des Alpes-Maritimes

Contacté, Christophe Bosio, le lieutenant de la louveterie en charge de cette battue administrative, a tenu à nous exposer son point de vue : "

Ce n'est pas parce que l'animal continue à bouger, qu'il est toujours vivant. En général, ce sont les nerfs, l'espace de quelques instants, qui font encore vibrer le corps de l'animal. Je ne dis pas cela pour nous dédouaner, mais juste pour vous expliquer.

Christophe Bosio, le lieutenant de la louveterie.

"Ce matin, par exemple, j'ai été appelé par le service animalier des sapeurs-pompiers et la police municipale pour achever un sanglier, qui avait été percuté par un véhicule, sur la Grande Corniche et qui n'était pas mort. J'ai dû lui tirer deux balles, en pleine tête, pour abréger ses souffrances. Le sanglier a mis plusieurs minutes avant de mourir. Ce n'est pas simple de tuer un animal juste pour appliquer une décision administrative. Ce n'est pas de la chasse ! C'est mon travail. Et je vous assure, ce n'est vraiment pas un amusement !"

Et de compléter : "En ce qui concerne, le petit sanglier de 8 kg d'hier, ce n'est pas possible qu'il ait agonisé pendant 20 minutes. Nous sommes armés de gros calibres. Oui, il gesticule un petit moment à cause du système nerveux, mais pas aussi longtemps. Notre objectif n'est pas de faire agoniser les sangliers. D’ailleurs, lorsque nous blessons un animal, nous le recherchons avec ce que l'on appelle un chien de sang, spécialisé pour ce type de recherche, pour l'abattre au plus vite. Pour qu'il souffre le moins possible".

Christophe Bosio a précisé à France 3 Côte d'Azur, "qu'il y a des règles à respecter lors d'une battue administrative." Il va mener son enquête afin de tirer au clair cette histoire et "prendre les mesures en conséquence, s’il y en à prendre".

Le tireur sanctionné

Et en effet, après enquête et après avoir regardé la vidéo, Christophe Bosio a effectivement jugé que les choses ne s'étaient pas déroulées dans les règles de l'art qu'impose une battue administrative : " j’ai décidé de suspendre le chasseur en question pendant un mois. Il s’est bien entendu excusé de son comportement et a accepté la sanction sans sourciller. "

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