Le 12 avril dernier, Christian Estrosi venait défendre sa décision d'augmenter la taxe foncière dans sa ville dans une interview radio. Mais l'intervention d'une auditrice fait aujourd'hui polémique.
C'est un message vocal de 15 secondes qui fait parler de lui... Le 12 avril dernier, le maire de Nice (Alpes-Maritimes) était l'invité de la matinale de nos confrères de France Bleu Azur (matinale retransmise sur l'antenne de France 3 Côte d'Azur) pour défendre l'augmentation de la taxe foncière.
La radio publique diffuse alors, comme elle le fait souvent, un message laissé sur son répondeur par une auditrice prénommée Sophie :
Bonjour M. le Maire, si le prix que je paie pour aller à la piscine dans le Vieux-Nice et si le tarif de la cantine de mes enfants ne changent pas, je comprends du coup l'augmentation de ces impôts à Nice.
Sophie, auditrice de France Bleu
Maintien du tarif des cantines et du prix de la piscine, deux exemples mis en avant quelques minutes plus tôt par Christian Estrosi pour expliquer sa décision d'augmenter un impôt.
Plus de vigilance
Mais la voix de cette Sophie, plusieurs personnes l'ont reconnue comme étant celle d'une proche collaboratrice de Christian Estrosi. Nos confrères du Canard enchaîné s'en sont fait l'écho dans leur édition de ce mercredi.
Contactée, l'intéressée ne dément pas.
Quant à nos confrères de France Bleu Azur, ils ne confirment, ni n'infirment. Mais, désormais, "on va redoubler de vigilance, on va quand même continuer de donner la parole aux auditeurs.
Nous irons aussi dans la rue pour recueillir les questions et les témoignages ", explique Nicolas Merou, le directeur de la radio publique.
Saisine du déontologue
Dans l'opposition municipale, cela fait sourire. "Ça ne me surprend pas", dit Fabrice Decoupigny, conseiller municipal "écologiste". "Ce n'est pas interdit, mais c'est une pratique d'un autre temps. Je trouve cela naïf qu'on puisse encore avoir des attitudes de ce style, ça me fait rire !"
De son côté, Jean Moucheboeuf, conseiller municipal "retrouver Nice", évoque une "méthode classique de Christian Estrosi". "C'est évidemment choquant, mais ce n'est pas surprenant. Ce sont des méthodes malhonnêtes et ce n'est pas la première fois qu'ils les utilisent", poursuit le conseiller municipal d'opposition Reconquête.
Pour Jean-Christophe Picard, autre conseiller d'opposition écologiste, "ce comportement viole le guide prudentiel de la ville de Nice. Je saisis donc le déontologue du conseil municipal. Les agents publics sont soumis à un devoir de dignité ; ils n'ont pas à usurper une fausse identité pour alimenter la propagande du maire !"
Sur la Côte d'Azur, cet épisode en rappelle un autre. En 2011, une attachée de presse d'Éric Ciotti s'était fait passer pour une mère de famille lors d'un reportage diffusé sur TF1. Une affaire qui avait fait scandale à l'époque et qui avait entraîné sa démission.