Dans l'arrière-pays niçois, un agriculteur loge et nourrit pendant une semaine deux touristes en échange de quelques heures de travail quotidien. C'est le principe du woofing. Découvrez cette expérience, qui a de plus en plus d'adeptes.
Johanna et Olivia arrivent du Vermont, dans le Nord des États-Unis. De passage sur la Côte d'Azur pendant une semaine, elles ont posé leurs sacs à dos sur l'exploitation de Michaël Gauci, agriculteur à L'Escarène (Alpes-Maritimes).
Le principe du séjour de ces "woofeuses" est simple : contre le gîte, sous tente, au plus proche de la terre, et le couvert, gratuit toute la semaine, ces deux jeunes Américaines apportent leur aide à l'agriculteur pendant cinq matinées de cinq heures.
Ce ne sont pas des vacances de tout repos, mais Johanna adore :
J'ai l'impression d'apprendre plein de choses ! Le matin on apprend à jardiner et l'après-midi on visite la région, on fait des trucs de touristes.
Johanna Schulz, woofeuse américaine
Au programme, désherbage des framboisiers, semis de haricots, récolte de concombres. Michaël accueille régulièrement des woofeurs, et lui aussi adore ça.
Ce sont en général des gens qui ne connaissent pas grand chose à l'agriculture, alors j'essaie de leur apprendre ma technique, et de les motiver à faire un potager quand ils rentreront chez eux ! Ce ne sont pas des ouvriers agricoles. C'est juste un coup de main, qui me permet de rencontrer des gens du monde entier.
Michaël Gauci, agriculteur à L'Escarène.
Le principe du woofing (ou wwooking) est né dans les années 70 au Royaume-Uni. Ces dernières années, à la faveur d'une tendance au retour à la terre et la nature, il s'est considérablement développé.
L'association WWOOF France se charge de mettre en relation les fermes et les candidats woofeurs, mais aussi de donner un cadre à ce type d'échanges. Son coordinateur, Pedro Zurbach, nous explique le fonctionnement :
- Quelle est la philosophie du woofing ?
Pedro Zurbach : "C'est l'idée d'un échange culturel pour des gens qui viennent de l'étranger. C'est aussi un programme d'éducation populaire pour les personnes qui veulent apprendre un métier agricole sans nécessairement passer par une formation, ou avant une formation".
- Quel est le profil-type du woofeur ?
"Des gens qui sont dans des bureaux, qui travaillent toute l'année derrière un ordinateur et qui ont besoin à un moment donné de se rendre utile et de mettre les mains dans la terre."
- Ce n'est pas de la main d'oeuvre gratuite pour les agriculteurs ?
"Si on identifie effectivement que les agriculteurs sont là parce qu'ils ont besoin de main d'œuvre, même si ce sont des gens de très bonne volonté mais qui sont dépassés et n'ont pas les moyens de payer un salarié, nous leur disons non. Nous avons un taux d'approbation de 65%. Nous rejetons donc 35% des candidatures, souvent pour ces motifs-là."
En région PACA, pas moins de 125 exploitations agricoles proposent d'accueillir des woofeurs, dont 46 dans le seul département des Alpes-Maritimes.