Chaque année, l’association Loisirs Séjours Côte d’Azur emmène des adultes atteints d'un handicap mental en vacances. Cet été, un séjour de quinze jours est organisé dans le petit village de Peïra-Cava, dans l'arrière-pays niçois. 24 personnes y participent.
Dans une ambiance musicale, c’est atelier peinture ce lundi 7 août après-midi dans le chalet de vacances de Peïra-Cava, dans l'arrière-pays niçois. Vingt-quatre personnes se prêtent au jeu du coup de pinceau. Elles ont toutes un point commun : ce sont des adultes atteints d'un handicap mental.
Et ils participent tous à cette colonie de vacances organisée par l’association Loisirs Séjours Côte d’Azur. Fabien, 33 ans, dessine des "personnages" qui représentent des "Pokémon", en référence au célèbre jeu vidéo et manga japonais.
De nombreuses activités
Ce séjour à la montagne dure une quinzaine de jours. Au programme pour les vacanciers : jacuzzi, randonnée, danse, pique-nique, sans oublier la traditionnelle boum.
"C'est super bien, on prend l'air, on respire un peu, on marche...", raconte une participante. "On va à la forêt, au parc des loups aussi", ajoute Fabien. En effet, ils ont effectué une visite du parc Alpha, en plein cœur de la vallée de la Vésubie, où il est possible de voir des loups.
Les participants sont encadrés par une petite équipe d'animateurs. Chacun d'entre eux est le référent d'un groupe de vacanciers qu'il accompagne dans les chambres ou sur les temps du repas.
Des moments de convivialité qui sont autant d'occasions de s’ouvrir aux autres.
"Cela apporte beaucoup"
Car ces personnes handicapées mentales ne sont pas habituées à vivre l'expérience de la vie en communauté. "Elles sont souvent mises à l'écart. Tellement mises à l'écart qu'elles n'ont parfois pas l'habitude d'être en groupe. Donc, nous on essaye de leur donner du bonheur. On les intègre toutes ensemble dans le groupe", explique Anatole Bertaux, l'un des cinq animateurs du séjour.
"Il y a un vacancier qui, au début, ne parlait pas du tout, ne communiquait pas, ajoute-t-il à titre d'exemple, nous avons trouvé une solution avec les voitures. Il adore ça, alors nous lui avons offert des petites voitures et d'un coup, il s'est mis à parler, à communiquer avec nous et avec les autres vacanciers. Il faut juste trouver les solutions appropriées pour les ouvrir aux autres".
Après plusieurs expériences professionnelles dans des Ehpad ou auprès d'enfants, le jeune homme travaille pour la première fois aux côtés de personnes en situation de handicap.
Cela apporte beaucoup. Les vacanciers sont très attachants. Ce sont des adultes, il ne faut surtout pas les infantiliser mais s'adapter à leurs personnalités
Anatole Bertaux, l'un des cinq animateurs du séjour.
Les impliquer dans la vie du séjour
Prendre en compte les attentes des participants est un aspect important du séjour. "Je travaille avec l'équipe sur des choses bien spécifiques, comme les rendre acteurs de leurs vacances. Je pense par exemple à l'activité forum, où on leur donne la parole et la possibilité d'exprimer leurs envies", déclare Nordine Baouali, directeur du séjour.
En outre, cette colonie vise à maintenir l'autonomie de ces personnes atteintes d'un handicap mental. "Ils sont, pour la plupart, dans leurs familles ou en institutions et l'idée est de maintenir les acquis qu'ils ont développés là-bas à travers les animations qu'on leur propose", détaille l'encadrant.
Plusieurs objectifs éducatifs tels que "le vivre ensemble ou l'ouverture vers l'extérieur" sont également recherchés, même si "l'objectif principal du séjour est avant tout qu'ils prennent du plaisir et qu'ils passent de bonnes vacances", conclut Nordine Baouli.
"Tout le monde a besoin de partir en vacances"
Invitée du journal régional de France 3 Côte d'Azur ce lundi 7 août soir, Claire Belabbas Luciano, présidente de l'association Loisirs Séjours Côte d'Azur, rappelle que "tout le monde a besoin de partir en vacances et de s'offrir une parenthèse dans son quotidien".
"Ce sont des moments de plaisir et de partage qui les sortent de leurs institutions et de leurs habitudes. Ils vont vivre des moments uniques avec d'autres personnes, rencontrer des animateurs différents. C'est aussi du répit pour les familles, qui peuvent souffler", complète Mme Belabbas Luciano.
Une zone d'ombre vient néanmoins noircir le tableau : "aujourd'hui, il est compliqué de recruter des animateurs et des directeurs. Ce manque de personnel nous a amenés à annuler des séjours", déplore Claire Belabbas Luciano, qui en profite pour passer "un appel aux bonnes volontés".
Le coût de ce séjour est de 2200 € par personne, à la charge des familles.