Orientation post-bac et Covid : "pour les jeunes, c'est dur de se projeter" rapportent des conseillers d'orientation

Alors que la plateforme Parcoursup est ouverte aux élèves de terminale depuis ce 20 janvier, de nombreux futurs bacheliers restent dans l'incertitude sur leur avenir. "Il y a un manque de projection et de lisibilité et cela peut créer des angoisses", selon une spécialiste de l'orientation à Menton.

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Comment se projeter dans l'avenir en ces temps troublés par l'épidémie de Covid-19 ? C'est la question que se posent de nombreux élèves en terminale en ce moment.

La plateforme en ligne Parcoursup s'est ouverte aux futurs bacheliers ce mercredi 20 janvier : jusqu'au 11 mars prochain, ces derniers peuvent s'y inscrire et entrer leurs voeux de formation post-bac.

L'étape d'après, de mi-mars à mi-avril, servira à confirmer ces voeux et les élèves pourront recevoir les premières réponses des établissements supérieurs à partir du 27 mai. 

Mais au stress qu'engendre l'orientation professionnelle s'ajoutent aussi des questionnements sur l'organisation du bac, qui connaît d'ailleurs une grande réforme en 2021. Jeudi 21 janvier, le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer a annoncé que les épreuves de spécialité prévues en mars seraient annulées et remplacées par le contrôle continu. 

"On avance dans le noir", résume Camille Roumegoux, élève en terminale au lycée Montgrand de Marseille et représentante du syndicat lycéen UNL 13

Y a-t-il un désamour pour l'université ?

Le début des études supérieures peut être une étape déconcertante pour les néo-bacheliers : pour beaucoup, c'est le point de départ d'une vie autonome loin du cocon familial, mais aussi une plongée dans l'univers inconnu des amphithéâtres et des partiels.

Or, la situation actuelle dans les universités, où les cours en ligne restent encore la norme, a de quoi décourager les plus motivés. "Avec mon groupe d'amis, on a très envie d'aller à la fac, mais on se demande comment ça va se passer l'année prochaine", souligne Camille Roumegoux.

"L'avenir est quand même très incertain"

Christelle Petit est conseillère d'orientation à Antibes dans les Alpes-Maritimes et accompagne une dizaine de lycéens dans leur parcours professionnel. "Aujourd'hui, pour les jeunes, c'est dur de se projeter car l'avenir est quand même très incertain", confirme-t-elle.

Elle constate que les futurs étudiants, à défaut de bouder la fac, recherchent l'encadrement et se tournent vers des filières "plus concrètes" ou vers des métiers passion. "Les licences pro dans le digital, ça fonctionne très bien", précise-t-elle.

Fondateur du réseau privé d'orientation Recto Versoi, présent à Cannes et à Nice, Vincent Colin ne remarque pas non plus un désintérêt des futurs bacheliers pour l'université. Et s'il lui arrive de percevoir des angoisses chez les familles et les élèves, il ne pense pas qu'elles soient uniquement dûes à l'épidémie de Covid-19.

"Il peut y avoir de l'anxiété, mais c'est le cas tous les ans. La crise du Covid peut jouer pour les jeunes qui avaient un projet ou un pré-projet : ils peuvent se demander si leur idée est toujours valable aujourd'hui." Il poursuit :

Mais lorsqu'ils nous contactent pour des conseils d'orientation, ce n'est pas exprimé comme tel : on n'a pas la sensation que leurs incertitudes proviennent principalement de l'épidémie.

Vincent Colin, fondateur du réseau Recto Versoi.

À Menton, la directrice du Centre d'Information et d'Orientation (CIO) Evangelia Roumeas continue de promouvoir la faculté aux élèves des lycées généraux, même si elle comprend les incertitudes.

Il y a un manque de projection et de lisibilité et cela peut créer des angoisses.

 Evangelia Roumeas, directrice du CIO de Menton.

Elle constate de son côté que l'université peut parfois effrayer, mais pas toujours à cause des cours en distanciel. "La fac fait peur car on dit aux élèves qu'ils doivent travailler seuls et en autonomie. Elle souffre souvent de mauvais préjugés : aujourd'hui, on insiste sur le fait qu'il y a beaucoup plus d'accompagnement, de tutorats, de passerelles etc.", rassure-t-elle.

Des conseils en ligne sont aussi donnés par l'ONISEP :

Mais selon Camille Roumegoux, cela ne suffira pas à convaincre certains élèves en lycée et notamment les décrocheurs. "L'une de mes amies est désoeuvrée, elle fait un gros blocage avec l'école à cause de la crise sanitaire", explique-t-elle. "Elle pensait aller à l'université pour faire des études d'art, mais elle va sûrement se rediriger vers une formation plus courte et plus encadrée." 

À Bac 2021 perturbé, orientation perturbée ?

La réforme du lycée, imaginée par le gouvernement, est en vigueur depuis la rentrée 2020 : elle accorde notamment une plus grande place à l'oral et éclate les filières L-ES-S. Les enseignements de spécialité, qui comptent pour un tiers de la note finale au baccalauréat, sont la grande nouveauté de cette année scolaire et les établissements supérieurs comptaient s'y appuyer pour réaliser leur sélection sur Parcoursup. 

Mais avec l'annulation de ces épreuves, de nouvelles questions se posent : est-ce que la sélection s'opèrera de la même manière avec le contrôle continu ? 

Vincent Colin pense que les jeunes bacheliers ne seront pas pénalisés, mais appréhende tout de même l'apparition d'inégalités.

Si vous avez 14 au lycée Louis Le Grand à Paris, vous auriez peut-être 18 dans un lycée moins coté. Il ne faudrait pas que le contrôle continu vienne plomber les dossiers d'élèves inscrits dans des lycées à la notation plus exigeante.

Vincent Colin, fondateur de Recto Versoi.

La Marseillaise Camille Roumegoux, qui envisage de se lancer dans une licence en histoire, en sciences politique ou en droit, avoue être un peu perdue. "Ce contrôle continu semblait nécessaire parce qu'on n'était pas en capacité de passer ces épreuves en mars." Elle s'inquiète : 

Maintenant, est-ce que les notes vont être réajustées ? On ne sait pas. Et on ne connaît même pas les critères de sélection sur Parcoursup.

Camille Roumegoux, représentante du syndicat UNL 13.

Evangelia Roumeas du CIO de Menton, qui organise depuis cette semaine des formations dans les lycées pour présenter la plateforme, se veut rassurante : "Le corps universitaire est conscient de la situation et des difficultés que rencontrent les lycéens cette année : le maître mot sera la bienveillance."

 

Nice accueille trois salons d'orientation virtuels ce week-end

Samedi 23 janvier, Studyrama organise trois salons d'orientation 100 % en ligne pour aider les futurs bacheliers dans leur orientation :

- le 23ème salon des Études Supérieures
- le 9ème salon des Formations Internationales
- le 2ème salon des Formations du Numérique

Pour y participer, il suffit de se rendre sur le site internet de Studyrama. Des conférences se tiendront de 10h à 17h. 

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