En octobre, Emmanuel Macron prononçait ces mots sur France 2 : "c'est dur d'avoir 20 ans en 2020." Adèle, étudiante à Sciences Po, originaire de Hyères, a vu le coronavirus chambouler ses aspirations. Privée d'études à Miami, elle a réussi à rebondir.
Elle est motivée, travailleuse et ambitieuse. A tout juste vingt ans, Adèle T. devait intégrer pour une année l'université de Miami. Actuellement en troisième année à Sciences Po, en région parisienne, cette étudiante originaire de Hyères, aurait dû commencer ses études à l'étranger dès septembre 2020.
"J'ai été vraiment déçue après tous mes efforts pour l'intégrer"
Au sein du cursus des Sciences Po (Toulouse, Paris, Saint Germain-en-Laye, Lille, Bordeaux, Lyon, Rennes, Aix-en-Provence et Grenoble), la troisième année est calée sur un "programme de mobilité", les étudiants partent donc durant un an dans une université partenaire, ailleurs dans le monde.
Adèle voulait ainsi étudier dans un pays anglophone afin de perfectionner son anglais. Son choix s'est porté sur les Etats-Unis. "Je connaissais déjà l'Irlande, l'Angleterre ça m'attirait moins, pouvoir étudier aux Etats-Unis m'est apparu comme une super opportunité" raconte l'étudiante. Pour être prise dans ce programme d'échange Adèle a dû envoyer plusieurs lettres de motivation, de multiples dossiers et obtenir le fameux sésame du TOEFL. Un investissement personnel et financier important. Mais ses efforts payent puisqu'elle reçoit une réponse positive, tout était alors tracé, dès aout 2020 elle devait s'envoler pour Miami.
Quand l'année de mobilité à l'étranger pourrait ne pas pouvoir se dérouler pour tous à l'étranger, 8 Sciences Po inventent un campus numérique commun https://t.co/Y3dSDZHXkI
— Michel DELATTRE (@delattre_md) August 23, 2020
Malheureusement, après le premier confinement du printemps, elle déchante : "l'école commençait à nous dire de trouver un stage pour la rentrée, que le projet mobilité s'annonçait compliqué". Fin mai, la décision tombe : pas d'année scolaire à l'étranger. "J'ai été vraiment déçue après tous mes efforts pour intégrer cette université", ajoute-t-elle avec amertume. Deux options s'offrent aux étudiants : trouver une expérience professionnelle ou suivre des cours numériques.
Mais un nouveau travail inespéré s'offre à elle
Malgré sa grande déception, Adèle Tournoux Morand tente de trouver un stage rapidement. "L'école ne pouvait pas nous accepter sur l'année puisqu'on devait être à l'étranger donc il fallait absolument que je trouve quelque chose à faire pour la rentrée" explique t-elle. Après de multiples recherches, elle décroche un CDD de six mois au sein du ministère de la Mer, en tant qu'adjointe à la chef de cabinet des Affaires Maritimes.
C'est une opportunité en or, inespérée. Plus tard, j'aimerais pouvoir travailler dans le développement durable et l'écologie. Je n'aurais pas pu mieux rebondir.
Malgré le fait qu'elle soit en télé travail, l'étudiante salue l'enjeu de ce nouveau poste, mais elle regrette tout de même de ne pas avoir pu partir à l'étranger à cause des conditions sanitaires.
Voici le campus principal de l'université de Miami où devait se rendre Adèle.
Les étudiants qui ont subi de plein fouet l'arrivée de l'épidémie durant leur année de mobilité, ont eux aussi rencontré beaucoup de difficultés. "Ils étaient ravis de leur expérience, car c'est très formateur. Mais, ils ont quand même parfois été bloqués loin de leurs proches avec la crise. Je n'aurais pas bien pu profiter de mon année à l'étranger dans ces conditions", ajoute Adèle.
"Je sais que je ne suis pas la plus à plaindre"
Selon une enquête du Centre National de Ressources et de Résilience auprès des universités françaises 27,5 % des étudiants ont déclaré un haut niveau d'anxiété après le premier confinement, 16,1 % une dépression sévère et 11,4 % ont fait part d'idées suicidaires. Une situation économique plus précaire pour certains avec la perte de leurs jobs étudiants, les cours à distance, leurs projets avortés ou encore l'absence de vie sociale.
Adèle a eu du mal à étudier correctement pendant le premier confinement mais elle reconnaît: "je ne suis pas la plus à plaindre, je sais que je suis privilégiée, j’ai la chance d’avoir une maison, une famille et un travail."
L'étudiante reste positive pour la suite de son cursus. Si 2020 a été une année compliquée, elle espère pouvoir partir à l'étranger en 4ème ou 5ème année.
J’aimerais pouvoir réaliser mes stages obligatoires de six mois en Afrique du Sud
Et pour rebondir sur la phrase du président de la République Emmanuel Macron "c'est dur d'avoir 20 ans en 2020", Adèle conclue "C’est très dur d’avoir n’importe quel âge avec cette situation, qu'on soit âgé ou jeune, cette année a mis entre parenthèses nos vies et nos rêves."