Confinés dans les 9 m2 de leur chambre CROUS ou bloqués dans leurs appartements, de nombreux étudiants se retrouvent loin de leurs familles. Une situation difficile psychologiquement et économiquement. Mais, ils tentent de "positiver" et de poursuivre leurs études dans ces conditions.
Les Alpes-Maritimes et le Var comptent 18 résidences universitaires soit près de 4800 lits. Benoît, 22 ans, étudiant en licence information et communication à l'Université de Nice, occupe l'un d'entre eux. C'est le deuxième confinement qu'il passe seul dans sa chambre du CROUS, au sein de la résidence universitaire Jean Médecin. Une situation qu'il qualifie de "pesante" mais il ajoute avec ironie qu'il "commence à s'habituer." Benoît a le sentiment qu'il y a plus d'étudiants présents sur site que lors de la première vague en mars. Une théorie qui peut s'expliquer notamment par le maintien des cours pendant ce reconfinement, même si la quasi-totalité se passe à distance.
Au sein de la résidence Jean-Médecin, les étudiants se sont mobilisés lors du premier confinement, avec la création d'une épicerie solidaire. Une initiative saluée par Benoit et qui permet aux étudiants de pouvoir bénéficier de paniers repas à moindres côuts pendant cette deuxième vague. Le Secours Populaire a également apporté son soutien au projet.Le plus dur c'est pour l'hygiène. C'est vraiment difficile de cohabiter les uns sur les autres en cette période. Le point positif c'est qu'on a tout de même réussi à garder un peu d’interaction sociale. On essaye de respecter les gestes barrières et les règles qui nous sont imposées comme le port du masque ou un nombre limité de personnes dans les espaces communs, mais dans la pratique c’est compliqué.
9m2 carré pour passer son confinement, c'est aussi le quotidien de Maéva*, 28 ans, étudiante en droit. La jeune femme est confinée au sein de la résidence la madeleine à Nice, elle confie avoir le sentiment d'être "enfermée dans un carton." Sa mère réside à Nice, mais elle est considérée comme personne vulnérable: Maéva* doit donc rester seule pour traverser cette crise. Malgré la bourse et les aides, la jeune femme peine à joindre les deux bouts. Jean Castex a annoncé jeudi 14 novembre, la création de 1600 jobs étudiants pour les mois à venir, mais pour l'instant, pour beaucoup d'étudiants, leurs situations financières restent critiques.
Suivre les cours à distance : un véritable défi
Morgane a 21 ans, elle est en master de management de la communication d’entreprise à l’IAE de Nice. D'origine normande, l'étudiante n'a pas pu rejoindre sa famille pour le second confinement. "Les prix étaient trop élevés mais surtout mes parents habitent à la campagne et il me fallait une bonne connexion pour suivre les cours en version numérique" témoigne-t-elle. En colocation avec deux autres personnes, Morgane n'est pas seule pour traverser cette épreuve mais elle avoue avoir du mal à "évoluer tous les jours dans le même environnement."Je rencontre surtout des difficultés pour me concentrer sur les cours ou pour me motiver à travailler car il n’y a plus de barrière entre l'environnement personnel et scolaire : mon appart est devenu les deux.
Les étudiants étrangers bloqués par le confinement
Angelina est originaire du Kazakhstan, c'est le troisième confinement qu'elle subit. Un premier dans son pays natal puis deux en France. Elle a 21 ans et elle étudie la chimie à Nice. Confinée au sein de la résidence de l'Alliance française, l'étudiante évoque "le caractère routinier du confinement" mélangé à un sentiment de nostalgie.Angélina ne peut pas rentrer chez elle pour le moment. Sa priorité : passer ses examens et ne pas accumuler de retard. L'étudiante essaye de voir les choses de manière positive. Pendant son temps libre, elle aime cuisiner et dessiner.Ca me manque les sorties entre amis sans avoir peur d'être infectée par ce virus. J'ai compris pendant ces longs mois, seule, à la maison, qu'il fallait apprécier chaque moment de notre vie, même les plus simples, comme une petite soirée en famille.
Fatima a 20 ans, elle est en licence 3 éco-gestion à l'ISEM. L'étudiante avait passé son premier confinement chez ses parents au Maroc. Pour la deuxième vague, elle est restée pour suivre ses cours en France avec sa soeur qui est en IUT.
Psychologiquement, ce confinement loin de mes proches, joue beaucoup sur l’humeur de tous les jours et surtout sur la concentration scolaire. J'ai moins de motivation et d’enthousiasme pour suivre les cours.
Les étudiants s'investissent dans des associations
Roxane, étudiante de 18 ans en fac de lettres a décidé d'aider les autres pendant le confinement. Et cela, malgré ses propres difficultés : suivre les cours en visio-conférence, être loin de ses proches ou réussir à trouver un emploi étudiant. Elle a donc créé un post Facebook, pour signifier qu'elle était disposée à aider durant cette période. Un message qui a rencontré un grand succès.Dans une enquête récente sur les conditions de vie des étudiants pendant la crise sanitaire, l'Observatoire national de la vie étudiante (OVE) révèle que la crise sanitaire a eu d'importants effets sur leurs conditions de vie. De nouvelles inégalités sont apparues entre étudiants avec le développement des cours à distance (ordinateur personnel, connexion internet, environnement calme et propice au travail universitaire, etc.), la perte massive des emplois étudiants, l'absence de lien social ou encore les difficultés économiques familiales. Les étudiants étrangers ont été les plus affectés par les conséquences du confinement.J'ai reçu beaucoup de soutien et j'ai été contacté par une association de mon quartier, le comité du vieux Nice, donc je vais pouvoir prêter main-forte. Je compte aussi me renseigner auprès des petits frères des pauvres. Personnellement, j’évite de me plaindre de mon confinement quand je constate toute la misère que ce virus a pu faire. J'ai aussi la chance d'être en colocation et avec une copine de classe donc on peut s'entrainer pour les révisions.