Dans quelques jours, le Palais Princier de Monaco sera de nouveau ouvert au public. Déjà révélées au grand-public il y a un an, les fresques du 16e siècle, situées au niveau des plafonds de la salle du trône, n’en finissent plus de nous surprendre. Une vingtaine de restaurateurs sont à pied d’œuvre pour leur rendre leur beauté. Deux d'entre eux nous font partager cette expérience unique.
Au bout d’une allée extérieure du Palais Princier, à l’écart, et dans un Algéco, deux restauratrices s’affairent devant un nuancier de couleurs.
Sophie Prévot est ingénieure-géologue, elle fait partie de la vingtaine de membres de l’équipe de restauration. Avec sa collègue Carolina, elle développe des recettes d’aquarelles : "des aquarelles seulement à base de produits naturels", insiste-t-elle, arborant un large sourire. "On va", ajoute-t-elle, "vérifier chaque ingrédient, on fait de même pour les pigments".
Ces recettes vont ensuite servir à la réintégration picturale des fresques. Chose fondamentale, veiller à ce que les œuvres restaurées tiennent dans le temps. Et ne se dégradent prématurément.
Sophie Prévost qui a participé à nombre de chantiers de restaurations auparavant, en France, mesure la chance qu’elle a d’être ici et de participer à cette aventure :
On se sent toute petite et très humble. On apprécie de plus en plus, au fil du temps, les fresques sur lesquelles on travaille.
Sophie Prévost, restauratrice
Et puis œuvrer dans ce cadre fermé, loin du public, n’est pas chose anodine : "c’est une ambiance particulière, le travail dans une demeure princière. On voit les cérémonies de loi, on essaie de ne pas gêner. Elle résume enfin les choses : c’est unique, une expérience qu’on ne vit qu’une fois dans sa vie."
Il faut entrer dans le Palais, puis passer quelques salles qui font plutôt penser à un musée. Nous voici dans la salle du trône, le trône qui vient d’ailleurs d’être restauré.
Puis un échafaudage nous mène vers un véritable chantier perché. Là, Camille Thiou, et ses collègues, arborent une position plutôt inconfortable. La restauratrice résume d’ailleurs ainsi les choses : "La grande difficulté ce sont les postures, le travail au plafond, durant de longues heures, les cervicales sous tension et les bras en hauteur !"
Gourmandise
Un constat très vite tempéré par le bonheur pour cette restauratrice d’être là et de faire partie de l’aventure : "C’est une très grande satisfaction de travailler sur des fresques de la renaissance, une telle occasion est rare en France."
Avec gourmandise, cette Française qui a fait 3 ans en école de restauration explique : "Nous avons attaqué une étape importante, la réintégration picturale, il nous faut être en immersion totale. La plupart d’entre nous porte un casque sur les oreilles."
Et c’est vrai que l’ambiance est feutrée, simplement troublée par une alarme dans une des salles du Palais.
Il y a deux ans, Camille a déménagé pour se consacrer à 100 % à ce chantier qui va encore l’occuper deux années de plus : "c’est très rare les restaurations aussi longues, celles que j’ai faites avant notamment dans les chapelles duraient rarement plus de 6 mois". L’intéressée dit toujours n’en pas revenir de travailler au sein du Palais : "on est dans la demeure du Prince, on doit faire attention !"
Depuis l'an dernier, leur travail est déjà en partie visible. Dans la Galerie d'Hercule, la fresque de 600 m2 découverte en 2015, a été complètement restaurée et est maintenant visible de tous.
Pour aller et venir, elle, comme ses collègues, sont habillées en blanc, afin d’être reconnues par les carabiniers en charge de la sécurité des lieux.
Sophie et Camille auront l’occasion de montrer leur travail car lors de la réouverture à la visite du Palais le 2 avril, le parcours passera par les salles en cours de restauration.
Une chance unique de voir ce travail méticuleux de restauration des fresques.