Ils ont été élus dès le premier tour. Mais le confinement a suspendu leur installation, laissant l'édile sortant gérer les affaires courantes. Dans certaines communes, comme à Biot et Breil sur Roya (Alpes-Maritimes), cette passation de pouvoirs était attendue et très symbolique.
En 2014, Guilaine Debras avait ravi la mairie au maire sortant d'alors, Jean-Pierre Dermit. Six ans plus tard, renversement de situation. Dès le premier tour le 15 mars dernier, le second reprend la tête des suffrages avec 52,89% des voix, contre 30,40% pour sa concurrente (SE). La fin de six années de relations tendues entre les deux personnalités. Une tension encore palpable pendant ce premier conseil municipal post-confinement, qui s'est déroulé de manière très théâtrale.
Dans une salle polyvalente (pour respecter la distanciation sociale), Guilaine Debras et Jean-Pierre Dermit se sont assis de part et d'autres de la tribune. Masque jaune sur le visage et micro entouré de plastique, la maire sortante annonce d'emblée qu'elle démissionne de son mandat de conseillère d'opposition, tout comme deux de ses colistiers élus.
Dans son discours à la tribune, Guilaine Debras poursuit : "La campagne électorale est terminée, elle a été dure et excessive. Les supporters des gagnants exultent de joie, les supporters des perdants sont dévorés par la rancoeur."Je vais vous quitter en faisant mon dernier discours de maire - Guilaine Debras
Au moment de quitter la salle, la maire déchue souhaite "bonne chance" à son successeur. Jean-Pierre Dermit reste les bras croisés, lui adressant à peine un regard. C'est donc la doyenne du Conseil qui a remis l'écharpe au nouvel élu. Désormais investit, le maire (LR) peut savourer sa victoire.
C'est une émotion personnelle. Elu en 2008, battu dans des circonstances douteuses en 2014 après être sorti en tête au premier tour. Et puis cette renaissance en 2020 - Jean-Pierre Dermit
"La priorité reste la gestion de cette crise sanitaire mais, aujourd'hui, j'ai des attentes très importantes dans tous les quartiers […]. Grâce à l'installation de ce conseil, on va pouvoir se mettre directement au travail", explique-t-il à France 3 Côte d'Azur.
Breil sur Roya
À l'est des Alpes-Maritimes, le score était encore plus sans appel. Mi-mars, Sébastien Olharan a battu avec 62,36% des voix le maire sortant, André Ipert (32,05%). Un passage de témoins générationnel : à 26 ans, le nouvel édile, attaché territorial au Conseil départemental des Alpes-Maritimes, menait sa première campagne électorale en tant que tête de liste.
Alors, son discours d'installation, son premier, "d'une douzaine de minutes", il l'a "retravaillé jusqu'à la veille". L'occasion de présenter sa ligne directrice et aussi de mettre un terme à cette période de flottement pendant laquelle il était élu, mais pas encore vraiment maire...
Enfin ! Ces deux mois d'attente sont deux mois de perdus. Je ne comprends pas la décision d'avoir reporté les conseils municipaux - Sébastien Olharan
Le passage de témoins avec André Ipert "s'est fait de manière tout à fait normale. Dans les derniers jours, le maire sortant m'a laissé les dossiers en cours et, vendredi soir, les clefs de la mairie. Tout ça s'est passé dans un esprit républicain", résume le jeune politique. Son adversaire, quant à lui, prendra place dans l'opposition.
Un grand merci au conseil municipal qui m'a élu, ce matin, Maire de #BreilsurRoya et à tous les électeurs qui le 15 mars nous ont accordé leur confiance. #UnNouveauSouffle pic.twitter.com/AzzEjXLkPF
— Sébastien Olharan (@SebOlharan) May 23, 2020
Reste une dernière question à régler : comment concilier statut de maire et journées de travail au Conseil départemental. "Je vais voir comment exercer de front une activité professionnelle qui me permette de vivre et ma fonction de maire de Breil sur Roya qui est une fonction à temps-plein."