Toujours à travers notre série "Sauvons nos petits commerces", découvrez les commerçants essentiels à la vie locale des petites communes. À Caille, au nord de Grasse, la boulangerie Audibert subsiste, la seule du canton.
Dans ce village de l'arrière-pays de Grasse, 450 âmes profitent encore d'une vie de quartier là où les petits communes sont de plus en plus délaissées par les commerces. À Caille, quatre commerces subsistent grâce à une politique municipale très volontariste.
Parmi eux, la boulangerie d'Eric Audibert est toujours debout, la seule du canton. Descendre dans son fournil, c'est un peu comme remonter le temps. On entend le vacarme assourdissant du gueulard, qui crache le feu dans l'ancien four à bois, mais aussi le roulis régulier du pétrin de bois centenaire.
Dans la famille, la boulangerie, c'est génétique : "Mon grand-père est arrivé ici en 1945, il était boulanger, mon père aussi a appris le métier de boulanger, et moi, j’ai fait boulanger. J'en suis mordu, c’est ma passion" raconte Eric dans notre reportage.
Voilà 41 ans qu'Eric est noctambule six jours sur sept. Sa signature, c'est de laisser le temps au pain. Pétrissage lent, fermentation longue… sans concession aucune à la modernité.
"J’aime travailler avec les vieilles machines, faire ma pâte à moi. J'aime travailler manuellement. Les nouvelles machines, ça ne m’intéresse pas." Après 15 minutes à 900°C, les michettes peuvent entonner leur refrain craquant.
Ce jour-là, mauvaise nouvelle, son épouse est malade. Il n' y aura donc pas de pâtisseries dans les vitrines. Eric devra aussi se charger de la vente. Les clients sont au rendez-vous.
"J’habite loin, je suis à Gréolières. Là-bas, il n’y a plus de boulangerie. Thorenc non plus, donc je viens ici", glisse un client.
À Caille, comme dans tous les villages limitrophes, les petites épiceries cuisent du pain surgelés dans des terminaux de cuissons. Avec plus de charge et moins de chiffre d'affaire, Eric, 57 ans, n'est plus très loin de baisser le rideau.
"Encore quelques années si je tiens le coup, après c’est fini. Il n’y a pas de relève, personne ne veut du commerce. On a deux filles, mais ça ne les intéresse pas. Ca va s’arrêter là, c’est trop dur à vivre."
Sans successeur, plus de vrais boulangers dans tout le canton. Que c'est long, un jour sans vrai pain.