Les intempéries liées au passage de la tempête Aline ont provoqué des perturbations dans la distribution d'eau potable dans plusieurs villages de l'arrière-pays niçois.
Le 20 octobre dernier, la tempête Aline traversait le département. L'équivalent d'un mois de pluie se déversait sur les vallées de la Roya et de la Vésubie. L'une des conséquences de cet excès de précipitations: la perturbation des réseaux de distribution d'eau potable.
Lucéram en eaux troubles
C'est une des communes la plus fortement impactée par ce phénomène. Ses deux réseaux ont été touchés, en le même temps : celui qui alimente le village à proprement parler et celui qui dessert Peira Cava, situé à 1450 m d'altitude. Dans ce petit village qui dépendant de la commune, une centaine de résidences sont concernées.
Après le passage de la tempête, l'ARS (agence régionale de santé) avait tranché : l'eau était devenue impropre à la consommation. L'eau était turbide, c'est-à-dire trouble. La turbidité vient de "la teneur de l'eau en particules en suspension, associées au transport de l'eau, notamment après la pluie". La turbidité maximale fixée par la réglementation française est de 0,5 ou 2 NFU selon les lieux de mesure. Cette caractéristique joue un rôle très important dans les traitements d'eau, elle indique une probabilité plus grande de présence d'éléments pathogènes. La turbidité entraîne des difficultés de fonctionnement des unités de distribution. Très peu sont équipées de systèmes de traitement de la turbidité comme la plupart des petites stations rurales qui sont souvent équipées uniquement de traitement de désinfection, inopérants en l'espèce.
La tempête a entraîné des ruissellements vers les captages et cela a entraîné une turbidité qui rend l'eau impropre à la consommation. On a encore des situations à suivre.
Jérome Raibaut, agence régionale de la santé
Dans les Alpes-Maritimes, le phénomène est connu. Le responsable du service santé-environnement à l'ARS, l'agence régionale de la santé, Jérome Raibaut, précise : "dès qu'il pleut, l'eau se charge en matière minérale. Ce n'est pas bien grave. Et en matière organique, ce qui peut impliquer des risques microbiologiques".
À Lucéram, la boue a perturbé les réseaux de distribution d'eau, le traitement de l'eau est devenu difficile. La turbidité est supérieure à la norme autorisée par l'ARS (agence régionale de santé). Afin de régler le problème, ce mercredi 8 novembre, les deux bassins de rétention de Lucéram sont purgés. Le maire, Michel Calmet, attend le passage de l'agence.
Aujourd'hui, les bassins sont purgés. Demain, on attend l'avis de l'agence de santé. S'il est défavorable, vendredi, on refait une distribution d'eau.
Michel Calmet, maire de Lucéram
"Á Peira Cava, ça s'annonce plus compliqué" poursuit le premier magistrat. Il faudra faire d'importants travaux comme le remplacement d'un filtre et la captation d'une source : la source des Vernes. Elle avait été captée en 1904 et ensuite durant 90 ans avant l'effondrement du terrain. Il a fallu attendre que la stabilisation de la parcelle avant de remettre à jour le forage. Il est aujourd'hui indispensable.
Il y a deux jours, une distribution d'eau à la population a été organisée. Deux mille bouteilles, soit 3 000 litres d'eau, ont été remises pour assurer les besoins pour les quatre prochains jours. Au total, Michel Calmet évalue à 20 000 le nombre de bouteilles qui auront été distribuées.
Á Péone, la tempête a endommagé le site de captage
Le 20 octobre dernier, à Péone les précipitations et la chute de gros blocs de roche ont endommagé directement le captage, ainsi que la route d'accès. L'ARS (agence régionale de santé) juge la turbidité trop élevée. Et la commune de Valberg Péone a entamé les travaux nécessaires afin de reconstituer le captage.
On a bien avancé. D’ici quelques jours ça devrait aller.
Patrick Fontaine, directeur général des services de Valberg-Peone
Le site a été également doté d'un système électrique qui mesure en direct la turbidité et permet de couper immédiatement l'alimentation e pour que l'eau trouble n'arrive pas chez l'habitant. Mais le système n'a pas pu être encore mis en fonction.
"On est obligé de venir tous les jours ?"
Dans un petit local du village de Roussillon, à côté des bouteilles d'eau entassées, Nicole Daniel explique qu'elle ne peut pas donner plus de deux bouteilles par personne et par jour. La conseillère municipale le répète inlassablement depuis le 21 octobre dernier, car dans ce petit village de la vallée de la Tinée, les habitants sont privés d'eau potable depuis la tempête Aline.
"On a une idée du temps que ça va durer ?" demande un habitant. Non, lui répond l'élue avant de poursuivre "il n'y a pas de bactérie, c'est juste que l'eau est trouble. On a un peu l'habitude parce qu'on est alimenté par deux sources. Mais la turbidité est plus importante, la Régie des Eaux d'Azur a préféré livrer de l'eau".
La situation est la même qu'après le passage de la tempête Alex, mais c'est la première fois qu'elle dure aussi longtemps.
Nicole Daniel, conseillère municipale
Pourtant, la piste stratégique reliant Rousillon et la Tour-sur-Tinée, longue de 7 km, très abîmée après le passage de la tempête Alex a été officiellement rouverte cet été. Un chantier d'un montant de 300 000 euros entièrement financé par le Conseil Départemental. Cette piste représente un intérêt majeur pour la sécurité incendie, mais également pour l’alimentation en eau avec la réalisation de soutènements et la réparation de captages et de bassins. Mais, la tempête a entraîné des ruissellements vers les captages et cela a entraîné une turbidité qui rend l'eau impropre à la consommation.
"Personne n'a été malade" précise l'élue. Et c'est bien là, l'essentiel. Dans le petit local de Roussillon, un habitant lance "à demain alors ?" Nicole Daniel lui répond " A demain" puis après un silence "sauf si le prélèvement est bon".