À Mouriès, une ferme développe l'aquaponie pour une agriculture respectueuse de l'environnement

Une agriculture reproduisant le cycle naturel de l'écosystème, tel est la démarche du Domaine du temps perdu, cette ferme des Alpilles. Sans produits chimiques, celle-ci se base sur une méthode peu connue : l'aquaponie. Un projet innovant où végétaux et poissons vivent en symbiose.

Béret sur la tête en plein cagnard, Julien Mongis nous fait le tour du domaine du temps perdu à Mouriès, dans les Apilles. Lui semble l'avoir retrouvé depuis quinze mois. Ce fils d'agriculteurs "sans terre" a fondé cette ferme en mars 2020 avec une envie : celle de reproduire le cycle écosystémique, ou retrouver des réponses naturelles à ses problématiques d’exploitant.

Ainsi, en apprenant les lois de la nature au lieu de les combattre, il a développé une agriculture sans "intrants", sans produits chimiques ni pesticides en somme, qui se base sur un système : l'aquaponie.

L'aquaponie, symbiose entre poissons et végétaux

Cette technique consiste à créer un écosystème miniature à l'aide d'une retenue d'eau de pluie. Alors que seule 2,5% de l'eau qui tombe est utilisée en France (contre près de 60% en Espagne), Julien Mongis récolte cette pluie à l'aide de cuves. Les 20 hectares de sa ferme sont ensuite irrigués à travers un système acheminant l'eau vers des oyas enterrés aux pieds des arbres.

Ces pots d'argiles de 40 cm permettraient de diviser par cinq la consommation en eau. Car pour éviter l'évaporation, ces pots remplis d'eau de pluie sont recouverts de paillage. Ainsi, les 1.000 oliviers, 1.000 amandiers, 400 fruitiers et le potager de 500 m2 sont naturellement arrosés par cette eau pleine de nutriments grâce à l'aquaponie.

Contraction d'aquaculture et de hydroponie (culture des plantes avec des solutions nutritives renouvelées), l'aquaponie est une symbiose entre plantes et poissons. Ceux-ci sont nourris naturellement et leurs excréments constituent de l'amoniaque qui permettra, via une transformation en nitrate par des bactéries, à nourrir les plantes elles-mêmes. Rien ne se perd donc au domaine du temps perdu... ni l'eau de pluie, ni les excréments de poissons. 

Un modèle agricole innovant

Pédagogique, Julien Mongis reçoit régulièrement des étudiants et autres agriculteurs pour leur faire découvrir ce modèle agricole innovant. "Il est possible d’harmoniser l’environnement, l’économie et l’agriculture", explique-t-il. "L'eau est au coeur du projet, on nous dit qu'avec le réchauffement climatique nous pourrions avoir des manques d'eau dès 2050. Ici on stocke de l'eau et on l'économise...", ajoute Patrick Lévêque, directeur de la chambre d'Agriculture régionale et départementale. 

En s’appuyant sur des bases scientifiques, la création d'une agriculture respectueuse de l'environnement est donc possible. Julien Mongis, lui, présente ce projet comme "une aventure humaine" et "un partage de connaissance".

14 milliards de m3 d'eau de précipitations tombent chaque année dans notre région, cette technique de stockage pourrait donc faire faire des économies massives si elle était généralisée. Le domaine du temps perdu est pionnier en la matière dans les Bouches-du-Rhônes, alors que l'eau, ou plutôt son insuffisance, est présentée comme un des principaux problèmes auquel l'Homme devra bientôt faire face. 

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