Milee (Ex- Adrexo jusqu'en 2021) ne paye plus ses salariés ou très peu depuis sa mise en liquidation judiciaire le 9 septembre dernier. 10 000 personnes qui ont du mal à percevoir leurs derniers revenus et qui ne peuvent pas chercher de travail. Bloqués et aux abois.
Depuis l'annonce de la liquidation judiciaire le 9 septembre dernier, par communiqué, les milliers de salariés de Milee (Ex-Adrexo) déjà précaires et souvent à temps partiel, ne dorment plus beaucoup. "C'est du jamais vu depuis les années 80, 10 000 personnes sur le carreau. C'est aussi 10 000 familles", affirme Guillaume Commenge, secrétaire Fédéral FO, l'un des syndicalistes qui a fait le déplacement jusqu'au siège de Milee, situé à Aix-en-Provence, ce mercredi 2 octobre. Un mois à peine après l'annonce qui a bouleversé leur vie.
10 000 salariés, c'est 10 000 familles qui ne savent plus comment payer leur loyer. Certains enpruntent. Ils n'ont plus rien, plus de salaire et même pas de solde de tout compte pour aller à France Travail !
Catherine Thai , secrétaire CSE Milee, ex-AdrexoFrance 3 Provence Alpes
Des loyers non payés, des frigos vides
Ne sachant pus comment survivre, ils en appellent aux pouvoirs publics. "Certaines mères isolées, c'est dramatique. Elles ont dû confier leurs enfants à leurs propres parents pour les nourrir", raconte sa collègue. Entre salaires et soldes de tout compte non versés et procédures administratives interminables, les 10.000 anciens salariés du distributeur de publicités Milee sont toujours bloqués, dans l'incapacité de tourner la page et même de chercher un nouvel emploi.
"Il y a une urgence humaine pour toutes les familles des salariés", précise Pascal Macarez, membre du CSE (Comité social et économique) pour la CAT, le syndicat majoritaire chez Milee. Avec une quarantaine d'ex-employés de l'entreprise, il a fait le déplacement à Aix-en-Provence.
Impossible de chercher un autre travail en attendant
Depuis l'annonce de la liquidation judiciaire le 9 septembre, les 10.000 employés, dont beaucoup âgés et en situation déjà précaire, attendent toujours de recevoir leurs deux derniers mois de paye, mais aussi leur solde de tout compte, nécessaire pour pouvoir postuler à France Travail (ex-Pôle emploi) par exemple.
"Les salaires de juillet n'ont été versés que fin septembre par l'AGS (l'assurance de garantie de salaires, NDLR.) et on attend encore ceux du mois d'août", détaille Pascal Macarez qui précise qu'"aucun solde de tout compte n'a encore été donné."
Mise en cause par les salariés, l'AGS est en fait submergée par la masse de dossiers à traiter en même temps." Tout le monde se renvoie la balle et on n'a aucune réponse", se désole Margareth Vintenon, 69 ans, à l'AFP.
L'entreprise était un des leaders de la distribution d'imprimés publicitaires et certains y travaillaient depuis plus de 30 ans. Souvent même, des familles entières y travaillaient.
L'effondrement du marché en cause ?
La direction de Milee, qui a évoqué un effondrement du marché de la distribution d'imprimés publicitaires en France, avait initialement annoncé en mars un plan de restructuration prévoyant la suppression de 3.500 postes. Mais avant qu'il ait pu être mis en place, "les pertes n'ont pu être endiguées et la trésorerie de Milee est ressortie trop affaiblie à la fin du premier trimestre", avait indiqué la direction pour expliquer sa demande de redressement judiciaire le 30 mai, menant à la liquidation prononcée le 9 septembre par le tribunal de commerce de Marseille.
Pour sa part, le syndicat CAT estime que "la direction porte une lourde responsabilité, du fait du mode de gestion de l'entreprise et plus généralement du groupe Hopps".
Avec le reportage de Michel Aliaga et Etienne Bonnot.