Une mobilisation contre les violences faites aux animaux a été organisée ce vendredi 3 septembre devant le tribunal judiciaire d'Aix-en-Provence. Ce rassemblement s'intéresse particulièrement au cas d'Enjoy, une chienne de douze ans portée disparue.
Enjoy ne profite plus de la vie. De lourds soupçons de maltraitance pèsent sur la détentrice de cette chienne qui appartient en réalité à sa soeur. Des témoins dans le voisinage ont signalé un comportement inquiétant.
Depuis huit ans, la chienne est retenue dans un poulailler. Elle est devenue aveugle et elle est atteinte d'une tumeur et d'une otite. En l'état et sur la base d'un certificat de son vétérinaire, le procureur a établi que sa tumeur n'était "pas opérable" et n'a pas déclaré de maltraitance.
Retrouver Enjoy à tout prix
Pour le cas d'Enjoy, l'association animaliste "les amis de Sam" réclame l'application de l'article 99-1 du code pénal : le collectif souhaite que la chienne soit mise sous protection le temps de l'enquête. Mais elle a disparu depuis le 16 août.
"Nous demandons que les autorités fassent leur travail et appliquent la loi. Ils doivent retrouver Enjoy, on ne lâchera pas le morceau !", clame Sylvie Roche, la présidente des amis de Sam.
Sophia Salmeron est avocate. Elle collabore avec l'association. "Je ne comprends pas pourquoi ça bloque dans le cas d'Enjoy. On nous a même menacés de porter plainte pour diffamation", explique-t-elle.
Stop à la maltraitance animale
Des cas comme celui d'Enjoy, il en existe beaucoup. L'association de Sylvie Roche doit en gérer à peu près huit par semaine. Faute de locaux, elle travaille avec des pensions privées. Dans le Vaucluse, on estime à environ 300 le nombre d'animaux maltraités mais le chiffre serait largement sous-évalué.
Pour bien faire, il faudrait des cellules dédiées à la maltraitance animale dans tous les commissariats et gendarmeries, selon l'avocate Sophia Salmeron.
Hausse des abandons
Avec la crise sanitaire, le nombre d'abandons d'animaux a grimpé en flèche. Certaines personnes avaient adopté un animal de compagnie contre l'ennui ou pour pouvoir sortir le promener. Une fois le confinement terminé, elles n'en saisissaient plus l'utilité et l'ont donc abandonné.
"Cette année, sur la période de mars à mai, nous avons dénombré 150 abandons de chiens, c'est un tiers de plus que l'an dernier. On a notamment remarqué une vague d'abandons inhabituelle en ville", regrette Xavier Bonnard, le responsable du refuge SPA de Marseille.
Une loi débattue à l'Assemblée
Loïc Dombreval, député des Alpes-Maritimes et ancien vétérinaire, est très engagé contre les violences animales.
Il est rapporteur de la loi actuellement débattue au Parlement. Celle-ci vise à interdire les animaux dans les cirques, à stopper les montreurs d'ours et de loup, à encadrer la vente d'animaux sur Internet et à l'interdire en animalerie et à limiter les abandons. Si cette loi est adoptée, elle renforcera aussi les sanctions pénales : tuer un animal fera encourir six mois de prison et 7.500€ d'amende.
"Nous sommes partis de très loin, au début c'était une catastrophe et puis petit à petit, j'ai vu les députés s'intéresser de plus en plus à la question animale", commente Loïc Dombreval. Selon lui, une véritable bascule s'est opérée quand le parti animaliste a obtenu plus de 2% des votes aux élections européennes en 2019.
"Respecter les êtres vivants est une preuve d'humanité", conclut-il avec philosophie.