Un Marseillais de 27 ans a été condamné mardi à 25 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d'un codétenu, en août 2016 à la prison d'Aix-en-Provence, en présence de nombreux autres prisonniers tenus par la "loi du silence".
Les faits s'étaient déroulés le 21 août 2016, dans l'escalier menant du premier étage d'une aile de la prison de Luynes.
Dans la cour de promenade, l'un des rares endroits de la prison non couvert par les caméras de vidéosurveillance, un détenu, Alain Boudara, 26 ans, avait reçu une lame de ciseaux en plein coeur.
Mohamed Belhacène qui a reconnu être l'auteur du coup mortel, a nié avoir eu l'intention de tuer, mais ce mardi les jurés de la cour d'assises des Bouches-du-Rhône ont eux retenu la qualification d'homicide volontaire.
"Dans la bagarre, il m'a tenu par le col, je l'ai repoussé. Il a alors sorti la lame mais je lui ai prise et j'ai mis un coup. Je ne savais pas où j'ai frappé", a expliqué l'accusé.
Une "intention homicide"
A l'inverse, selon l'avocat général Christophe Raffin qui avait requis 30 ans de réclusion, Mohamed Belhacène "a planté une lame avec force dans une région vitale qui a transpercé le coeur et cela signe une intention homicide".L'arme, une lame de ciseaux, avait été retrouvée dans la bonde d'une douche de la cour de promenade, portant un mélange des ADN de la victime et de Mohamed Belhacène.
La loi du silence
Ce coup de ciseaux mortel faisait suite à un banal incident entre les deux jeunes détenus, survenu quelques heures plus tôt, lors du service de la gamelle.Des mots, des insultes échangés, "comme on en voit tous les jours en prison entre les petits clans qui se chamaillent", selon un surveillant.
En dépit de la présence de 23 autres détenus dans l'escalier, les policiers n'avaient obtenu aucun témoignage, déplorant "la loi du silence" en milieu carcéral.
Quelques mois plus tard, les délégués du contrôleur général des lieux de privation de liberté dépêchés sur place avaient recensé 112 agressions entre détenus en dix mois, 455 envers les surveillants et deux agressions graves au couteau.
Les contrôleurs ont "rencontré des personnes détenues qui ont peur, ne sortent plus en promenade, restant cloîtrées dans leur cellule, sans aucune activité".
Mohamed Belhacène a déjà été condamné pour deux meurtres à deux peines de 20 ans de réclusion (décisions non encore définitives), deux règlements de comptes commis en 2014 en lien avec des trafics de stupéfiants.
La victime, qui purgeait sept ans de prison pour huit condamnations différentes, venait d'être transférée à Luynes après avoir agressé au couteau un codétenu dans une autre prison.