"C'est insupportable" : morsures, dent cassée, ongle arraché, des agents pénitentiaires frappés par un détenu racontent leur enfer

La dernière agression date de ce lundi 26 août. Un détenu a frappé deux surveillants et en a mordu un troisième. C'est la troisième grosse agression en moins de trois mois dans le centre pénitentiaire d'Aix-Luynes. Le syndicat pénitentiaire des surveillants dénonce des réponses pénales "non adaptées", "une banalisation des faits inacceptable".

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Lundi 26 août, un détenu a agressé plusieurs surveillants lors de son retour de l'infirmerie. Deux d'entre eux ont été frappés, dont un à la tête et un troisième a été mordu au tibia. C'est la troisième grosse agression dans ce centre pénitentiaire d'Aix-Luynes dans les Bouches-du-Rhône.

Refus de réintégration des cellules, violence physique et orale, agression 

Le modus operandi est souvent le même dans les trois derniers gros cas d'agression à la prison de Luynes.

Les détenus s'opposent verbalement puis physiquement aux agents avant d'en venir aux mains et de blesser sérieusement les agents. 

Ce lundi 26 août, alors qu'un détenu rentrait de l'infirmerie, il a refusé de réintégrer sa cellule, prétextant vouloir se rendre dans un autre bâtiment dans lequel, il est interdit d'accès. " Il s'est alors immobilisé, et s'est laissé tomber au sol, restant immobile. La surveillante qui le raccompagnait n'a pas réussi à le faire se lever et d'autres agents sont venus en renforts"., précise Cyril Huet-Lambing secrétaire générale national adjoint du syndicat pénitentiaire des surveillants (SPF). 

Le détenu a alors frappé la surveillante dans son refus d'obtempérer. À la suite de cela, il a été envoyé au quartier disciplinaire. "Ne voulant pas se soumettre à la fouille, il a mis un coup de tête à un surveillant, et il en a mordu un autre au tibia", précise Cyril Huet-Lambing.

Une fois la fouille réalisée, le détenu a été placé en cellule disciplinaire et les agents blessés ont été examinés par un médecin. Des jours d'ITT leur ont été prescrits et ils sont actuellement en accident du travail.

Ils viennent allonger cette liste où figurent leurs collègues blessés précédemment dans des contextes similaires. Des agressions à répétition "souvent impunies ou trop peu", selon le syndicaliste.

Simulation d'une crise d'épilepsie

Le 17 août dernier, c'est un détenu qui a simulé une crise d'épilepsie en remontant de promenade. "Les agents ont dû faire rentrer tous les détenus de l'étage dans leurs cellules en urgence", indique Cyril Huet-Lambing.

Alors que le détenu était encore au sol, un agent a cherché sur lui sa carte d'identification de détenu, "il a trouvé sur lui un couteau en céramique", indique Cyril Huet-Lambing, "et le détenu l'a agressé à coups de pied, à coups de poing et en tentant de le mordre".

L'agent a une entorse à la main, au niveau du pouce.

Pour arriver à maîtriser l'homme à terre, il a fallu quatre agents supplémentaires, dont une surveillante qui s'est fait arracher l'ongle et a eu plusieurs points de suture. Six autres agents sont venus en renfort "pour la mise en prévention". "Deux agents ont été mordus, dont un au biceps, jusqu'au sang", précise le syndicaliste, ajoutant "qu'un surveillant a eu une dent cassée et un autre a une entorse au poignet".

"Les conditions de travail se sont dégradées cette année", selon le syndicaliste, "les détenus se sentent autorisés, ils ont un sentiment d'impunité."

Lorsqu'il regarde les incidents sur la même période de l'année l'an dernier, Cyril Huet-Lambing, constate une augmentation de 30%  des agressions.

"On s’offusque que la justice donne une relaxe pour un détenu sous prétexte que le détenu n’avait pas pris son traitement. Il est donc excusé d'avoir blessé et frappé 5 surveillants", explique Cyril Huet-Lambing faisant référence à une agression qui a eu lieu en avril dernier et dont la décision de justice est tombée en ce mois d'août.

"On déplore la réponse pénale"

Le syndicaliste précise que deux mois auparavant, c'est un agent qui a reçu un coup de couteau au ventre, "heureusement, il portait un gilet pare-lame, et c'est le gilet qui a été lacéré de 20 cm de long".

Pour les agents, c'est le ras-le-bol, "ils ont retenu la tentative d'agression, alors qu'on est sur une agression et une tentative de meurtre, car il y a eu préméditation. Cette banalisation des faits est inacceptable", peste Cyril Huet-Lambing secrétaire générale national adjoint du syndicat pénitentiaire des surveillants (SPF). 

"On déplore la réponse pénale, il y a de plus en plus de détenus qui agressent des surveillants, de plus en plus facilement car ils ne sont pas poursuivis", se désole le syndicaliste, "là, il a été reconnu 'non responsable' de ses actes, c'est insupportable, c'est inadmissible". 

Pour le syndicaliste, " nous avons en face une juridiction qui nous crache dessus, clairement, c’est plus possible, on veut des réponses pénales sévères, pour nous, mais aussi pour les gendarmes, pour les policiers, pour les forces de l’ordre en général. Les tribunaux ne prennent pas en compte les agressions sur les forces de l’ordre", s'agace Cyril Huet-Lambing. Il l'affirme, ils ne vont pas en rester là, "le préfet, le procureur, le garde des Sceaux", tous ceux qui peuvent intervenir sont sollicités "par courrier". 

Les agents ne se sentent plus en sécurité. En juillet dernier, une surveillante de la prison d’Aix-Luynes a été violemment agressée, par trois individus, alors qu’elle regagnait son domicile à la fin de son service.

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