Plusieurs centaines d'étudiants étrangers sont confinés dans le sud-est, loin de leurs familles. Le confinement est d'autant plus difficile à vivre pour ceux qui vivent dans une situation précaire et n'ont plus de revenus.
A l'annonce de la mise en place du confinement en France, un grand nombre d'étudiants étrangers sont rentrés chez eux. Mais plusieurs centaines se sont retrouvés confinés dans le sud-est.
Mohammed Chergui-Darif a 26 ans, il est Marocain. Il est étudiant en master à l'Institut de Management Public et Gouvernance Territoriale de l'Université Aix-Marseille depuis septembre 2018. A la mi-mars, il a été surpris comme beaucoup d'autres par la fermeture soudaine des frontières entre la France et son pays.
Confinés dans 9 m2
Le jeune homme vit depuis confiné dans sa chambre de la cité internationale universitaire de Cuques, qui accueille environ 300 étudiants étrangers à proximité du centre-ville d'Aix-en-Provence."On reste H24 dans une chambre de 9 m2, ou 20 m2 pour ceux qui sont en studios, je vous laisse imaginer ce que c'est quand on est loin de sa famille, de ses amis, et sans ressources financières."
"Beaucoup travaillaient dans la restauration pour subvenir à leurs besoins et sont maintenant sans travail", explique Mohammed investi dans l'opération "Solid'Act d'Ici et d'Ailleurs" qui aide une centaine d'étudiants de différentes nationalités.
"Pour tous les étudiants, de toute nationalité, qui sont restés ici, le CROUS n'a pas suspendu les loyers. Il distribue des colis alimentaires mais ça reste insuffisant". Mohammed décrit une situation critique partagée par de nombreux étudiants de familles modestes, privés de revenus à cause du confinement décrété contre le Covid-19.
"On a le cas d'une étudiante à Marseille, son propriétaire lui dit "si tu ne paies pas le loyer, je serai dans l'obligation de te mettre dehors".
Précarité financière et isolement
A la précarité financière s'ajoutent les problèmes d'intendance au quotidien. Les restaurants et cafétérias universitaires ont été fermés le 16 mars.Pour manger, les étudiants étrangers se tournent vers les associations, comme la Croix-Rouge, qui leur assurent un approvisionnement en denrées de base, pâtes et riz... mais selon Mohammed, la situation devient intenable pour certains, qui se sentent démunis et seuls.
Besoin d'aides
L'isolement est un facteur de stress qui rend difficile la poursuite des études. Mohammed souligne que c'est difficile de "trouver la motivation" pour travailler. "J'ai l'impression que l'étudiant étranger a été oublié même dans le discours du président de la République qui a parlé des étudiants français mais pas des étudiants étrangers."Mohammed Chergui-Darif demande le renforcement des aides en faveur des étudiants internationaux, alimentaire, financière ou psychologique, jugées insuffisantes dans le contexte actuel.
"Certains font des crises d'angoisse et prennent des anti-dépresseurs", alerte-il. Certains ne vont pas supporter de rester confinés jusqu'au 11 mai. Et même s'il y a un déconfinement, ils ne pourront pas voyager et voir leur famille."