Le gouvernement reporte le projet de loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), mais confirme la fermeture des centrales à charbon d'ici 2022. C'était une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, dans le cadre d'une volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Lors de son déplacement à Gréoux-les-Bains (Alpes de Haute-Provence), le jeudi 7 mars, Emmanuel Macron a rappelé son engagement.

Il faut fermer cette centrale et lui donner des perspectives de reconversion


Lundi 11 mars, lors du Conseil des ministres anticipé, le gouvernement devait présenter le projet de loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Un projet de loi qui devait inscrire, entre autre, le calendrier de fermeture des quatre dernières centrales à charbon en France. Ce projet de loi a finalement été reporté, mais Brune Poirson, secrétaire d’État à la transition écologique et solidaire, a réaffirmé que les centrales fermeront au plus tard en 2022, soit avant la fin du mandat d'Emmanuel Macron et indique :

C’est une décision qui n’est pas anodine, qui est très courageuse, qui est difficile aussi parce que derrière il y a des emplois, des personnes, des familles qui vivent du travail effectué sur ces centrales.


Pourquoi fermer les centrales à charbon ?

Selon le ministère de la transition écologique, les quatre centrales à charbon émettraient en CO2 chaque année et à elles-seules, l'équivalent de 4 millions de voitures et représentent 35% des émissions de gaz à effet de serre du secteur de la production électrique.

Le gouvernement souhaite montrer l'exemple, atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serres d'ici 2030.


Qu'est-ce que le projet de loi PPE ?

La programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) est un document stratégique qui détermine les grandes orientations de la politique énergétique de la France. Il doit être soumis au vote des deux assemblées. 

La fermeture des centrales à charbon est inscrite dans cette programmation, mais ce n'est qu'un volet de ce plan. Le PPE fixe la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour la production d'énergie de 30% en 2028 par rapport à 2016, le doublement de la production d'électricité renouvelable dans 10 ans, ou encore la rénovation énergétique de 2,5 millions de logements.   

Malgré le report, le projet de loi devrait être présenté à l'Assemblée Nationale "d'ici l'été".


Gardanne, en grève depuis le 7 décembre 2018

A Gardanne, une poignée de salariés bloquent l'entrée de la centrale et empêchent l'approvisionnement depuis le 7 décembre. Deux jours après les déclarations d'Emmanuel Macron à Gréoux-les-Bains, le délégué CGT du site, Nicolas Casoni affirmait dans le journal Le Monde "on ne laissera pas faire ça".

On n'a pas le choix. On ne peut que gagner. S'il ferme la centrale comme ça, on va mettre le département à feu et à sang, on a déjà prévenu le préfet

a menacé l'élu CGT, dans les colonnes du Monde, le 10 mars dernier.

La centrale thermique de Gardanne emploie 174 salariés, mais 700 emplois indirects sont aussi menacés en cas de fermeture du site.


L'indépendance énergétique

C'est un des arguments des défenseurs des centrales à charbon. Facilité et rapidité de mise en œuvre, les centrales à charbon peuvent répondre aux besoins énergétiques dans des délais très courts.

En période hivernale, elles fournissent jusqu'à 17 % des besoins électriques, contre moins de 2 % le reste de l'année.

Le 10 janvier dernier, la France a frôlé le "Black-out", plusieurs entreprises ont réduit leur consommation électrique en urgence pour éviter la panne générale et plonger la France dans le noir.
A Gardanne, un salarié expliquait à l'époque qu'une centrale à charbon servait justement à répondre aux pics de consommation d'énergie, contrairement aux centrales nucléaires ou aux parcs éoliens. La suppression de ces usines risquait de rendre la France dépendante des autres pays d'Europe.


Quelle reconversion est possible ?

Remplacer le charbon par le bois, considéré comme durable ? EDF possède deux centrales à charbon, à Cordenais et au Havre. Elle planche actuellement sur un projet baptisé "Ecocombust", un projet visant à remplacer progressivement le charbon par des granulés à base de déchets de bois.
A Gardanne, l'expérience existe déjà depuis 4 ans. Le groupe allemand Uniper, propriétaire des usines de Gardanne et de Saint-Avold, a investi 300 millions d'euros dans une unité de production d'énergie à base de petits morceaux de bois obtenus à partir de bois brut ou de résidus de coupe.
Cependant, le bilan est mitigé, l'unité n'atteint pas ses objectifs de rentabilité et surtout, la moitié de l'approvisionnement en bois est importé du Brésil ou d'Espagne, ce qui est un non-sens écologique, pour les opposants.


 
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