Luynes : bientôt une prison dans la prison pour les détenus radicalisés recruteurs

D'ici fin 2019, le centre de détention d'Aix-Luynes va installer un quartier pour radicalisé (QPR) pour isoler davantage les détenus susceptibles de recruter en prison. Ce quartier "étanche" aura une capacité de dix-huit places.

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Le centre de détention d'Aix-Luynes possède déjà un quartier d'isolement, comme la plupart des prisons en France. L'administration pénitentiaire veut aller plus loin avec la création d'un quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR). Ce QPR d'une capacité de dix-huit places devrait ouvrir fin 2019, début 2020 en fonction de la durée des travaux et serait le cinquième en France.

Il existe déjà un QPR à Lille depuis 2016, deux à Condé-sur-Sarthe et un autre ouvrira, en mai prochain, à la prison de la Santé.


Une prison dans la prison

A Luynes, la création de ce QPR nécessite des travaux d'aménagements pour rendre ce quartier parfaitement "étanche".

Il s'agit bien de créer une prison dans une prison, avec des cellules à part, une cour de promenade à part et un parloir à part

explique l'administration pénitentiaire et précise que le centre de détention de Luynes, notamment Luynes 2, était récent et pouvait accepter des aménagements.


Un QPR pour quels détenus ?

La création des QPR a été décidée dans le cadre d'un plan de lutte contre la radicalisation, lancé par le gouvernement. Les QPR sont destinés à accueillir des détenus radicalisés dont le comportement prosélytes a été décelé pendant la période d'évaluation. "Il faut séparer les recruteurs des personnes influençables violentes et ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas passés à l'acte qu'ils ne sont pas dangereux, au contraire" précise l'administration pénitentiaire.
 


Quatre mois d'évaluation

En France, en juin 2018, 518 personnes étaient incarcérées pour des faits de terrorisme, mais à l'intérieur des prisons, 1 100 détenus (sur 70 000) sont suivis pour leur radicalisation, avec des niveaux d'imprégnations variables. Pour différencier ces niveaux, des quartiers d'évaluation de la radicalisation (QER) ont été créés. Il en existe quatre en France : Osny, Fleury, Fresnes et Vendin.

Les détenus séjournent dans les QER durant quatre mois. Une équipe pluridisciplinaire composée d'éducateurs, de psychologues, de surveillants et de spécialistes religieux, analyse le comportement individuel et collectif des détenus, les propos, les regards, le niveau d'imprégnation idéologique.

Durant cette phase, on détermine trois catégories de personnes, celles considérées comme influençable et dangereuses qui sont placées en isolement, celles qui sont prosélytes, qui pourraient avoir une emprise sur les autres, pour nous, ce sont les plus redoutables, elles sont placées dans les QPR.

La troisième catégorie représente les détenus les moins dangereux, ils sont placés avec les détenus de droit commun.

Pour le moment, les QPR ne sont pas saturés, mais "ils le seront d'ici trois ans, 150 détenus n'ont pas encore été évalués" précise l'administration pénitentiaire.


Les détenus dans les QPR

C'est à l'intérieur des QPR que le travail de "déradicalisation" est mis en œuvre. Ici aussi, une équipe pluridisciplinaire est chargée d'analyser, de mener des entretiens individuels et collectifs. Ici, les surveillants sont volontaires et ont suivi une formation spécifique. Il y a un personnel pénitentiaire pour un détenu.

Il faut arriver à créer une distance entre la personne et son idéologie radicale, de faire en sorte qu'elle accepte le débat et la contradiction, c'est le point de départ

indique l'administration pénitentiaire.
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