Deux préavis de grève ont été déposés par les douze médecins urgentistes du centre hospitalier d'Aix-en-Provence : le 26 juillet et le 05 août 2024. Ils réclament notamment la réouverture de lits et l'embauche de quatre docteurs juniors.
Manque de matériel, de personnel et de temps : les médecins urgentistes d'Aix-en-Provence sont à bout. Ils avaient déjà déposé un premier préavis de grève le 26 juillet 2024. Mais "monsieur le directeur ayant refusé de nous recevoir en présence de nos représentants syndicaux et, de ce fait, d'ouvrir de négociations, nous sommes contraints d'entamer une grève effective", précise le syndicat force ouvrière des médecins hospitaliers dans un communiqué.
Depuis dimanche 4 août 2024, 8h30, les douze médecins urgentistes que compte ce centre hospitalier sont de nouveau en grève jusqu'à nouvel ordre, avec des revendications précises.
Davantage de lits et de personnels
Dans un communiqué adressé au directeur du centre hospitalier d'Aix-Pertuis, au ministère de la Santé et au directeur de l'ARS Paca, ces douze médecins urgentistes réclament notamment :
- "La réouverture immédiate du SAU Manosque".
- "La pérennisation de l’ouverture 7j/7 24h du SAU Pertuis avec maintien du SMUR de Pertuis".
- "La gestion des patients de traumatologie pédiatrique par les urgences pédiatriques conformément aux bonnes pratiques".
- "La création d’un protocole entre les SAMU 13-84-83-04 subordonnant l’admission des patients à un accord du médecin responsable de la garde au SAU d’Aix."
- "Une gestion de lits d’hospitalisation efficace : par une cellule d’ordonnancement missionnée pour les entrées d’hospitalisation et non les sorties (finir avec la méthode archaïque du point de lits…)."
- "La réouverture des lits fermés en services de médecine".
- "La mise en place de lits d’hospitalisation réservés pour les patients des urgences".
- "La création de créneau d’imagerie post urgences".
- "Les conditions d’attractivité pour de nouveaux recrutements."
- "Obtenir 4 postes de docteurs juniors par semestre."
- "Assurer le nombre suffisant d’internes et leur formation optimale."
- "Assurer la présence de 3 praticiens par plage de travail au minimum au SAU."
Ils demandent plus de moyens humains et matériels, depuis plusieurs mois, voire années. "Chacun doit être mis face à ses responsabilités dans la situation catastrophique de l’accès aux soins dans le département des Bouches-du-Rhône (13) et les départements limitrophes (04 – 83 – 84)", indiquent les syndicats dans un communiqué.
12 médecins pour 585 000 habitants
Le secrétaire général SNMH FO (syndicat national des médecins hospitaliers force ouvrière) Cyrille Venet précise à France 3 Provence-Alpes que pour un bassin de population tel que celui d'Aix-Pertuis, à savoir, 585 000 habitants, 29 médecins seraient nécessaires d'après des audits internes et externes.
Or, seulement 12 "équivalents temps plein médecins" assurent la permanence au niveau des services d'accueil des urgences (SAU). Sachant que les urgences d'Aix-en-Provence indiquent avoir reçu 38 000 passages en 2023 soit entre 110 et 130 passages par jour. Mais pour embaucher davantage, "il faut faire une publicité positive", indique un médecin lors d'une conférence de presse organisée par la direction du centre hospitalier.
Des conséquences "légères" sur les urgences
Le directeur de l'hôpital d'Aix-en-Provence, Estienne Nicolas, s'est exprimé lors d'une conférence de presse lundi 5 août 2024. Il explique que certaines des revendications des grévistes ne dépendent pas de lui.
On n'a pas la main mise sur l'embauche de médecins juniors par exemple, parce qu'ils nous sont affectés selon un processus dont on n'est pas décisionnaire.
Estienne Nicolas, directeur du centre hospitalier intercommunal d'Aix-en-Provence-PertuisFrance 3 Provence-Alpes
En ce qui concerne les autres points, il assure y travailler lors d'audits, de réunions notamment avec les syndicats : "on en a eu jeudi, vendredi et on en aura encore d'autre. C'est un travail de construction, mais l'hôpital est la structure la plus complexe qui existe avec deux cents métiers différents". Estienne Nicolas précise qu'il y a des points sur lesquels l'hôpital travaille depuis trois ans. "On a été ralenti par la crise sanitaire. Le sujet est celui du temps de la mise en œuvre", développe-t-il.
Il tient à rassurer les patients : tous les médecins sont grévistes mais "nous assurons une continuité du service public en toutes circonstances". Cette grève n'aurait qu'un impact léger sur les urgences.