Nouveau coronavirus : "Il y a un besoin de comprendre pourquoi Aix-en-Provence"

Toutes les personnes rapatriées dimanche de Wuhan, épicentre de l'épidémie du coronavirus, "vont bien" et les centaines de tests de dépistage effectués sont "négatifs", a une nouvelle fois assuré mardi l'ARS, lors d'une réunion d'information avec des habitants d'Aix-en-Provence.

Il n'y a pas d'épidémie en France, même pas de chaîne de transmission dans notre pays et aucune circulation du virus sur le territoire. Et concernant le risque de contamination à la population à proximité du site de confinement, il est nul".

Les propos des autorités sanitaires se veulent rassurants. Dans la salle des Vignerons aux Milles, une soixantaine d'Aixois, calmes mais inquiets. Ils attendent beaucoup de cette réunion publique, organisée à la demande du maire d'Aix-en-Provence.

"Nous avons besoin d'être rassurés, ce qui n'enlève pas que nous sommes solidaires de nos concitoyens rapatriés", a indiqué la maire Maryse Joissains-Masini.

Certains Aixois déplorent le manque d'information, comme Véronique Guimbal, de la société Hélicoptère Guimbal. "Mon entreprise est à deux pas de l'Ensosp, et personne, ni autorité sanitaire, ni policier, n'est venue nous voir. Mes employés s'inquiètent, et menacent d'exercer leur droit de retrait. Et je ne sais même pas quelles précautions leur dire de prendre", raconte-t-elle. 

Au total, 216 Français sont hébergés dans la station balnéaire de Carry-le-Rouet, près de Marseille, et 78 personnes à l'École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers d'Aix-en-Provence (Ensosp), dont 19 Français, 18 ressortissants de l'Union européenne et 40 non Européens.

A Aix-en-Provence, l'École des officiers de sapeurs-pompiers est située dans une zone d'activités à une dizaine de kilomètres du centre-ville.

"Il y a un besoin de comprendre pourquoi Aix, pourquoi l'Ensosp et quelles sont les mesures de précautions prises", a ajouté le préfet des Bouches-du-Rhône, Pierre Dartout.

"Je veux comprendre pourquoi les deux avions ont atterri ici dans les Bouches-du-Rhône", indique Maryse, une habitante, parmi la soixantaine de personnes présentes à cette réunion. 

"Je ne suis pas inquiète, tous les tests effectués sont négatifs, ajoute Danielle, une autre habitante, je sais que les précautions sont prises, je suis là pour avoir des informations, voilà tout".

Le choix du département des Bouches-du-Rhône relève d'une décision gouvernementale, parce qu'il répond au cahier des charges voulu, a expliqué Pierre Dartout. Au-delà des aéroports et de l'IHU Méditerranée infection, pôle de référence dans les maladies infectieuses en France, "la proximité des deux sites permet une meilleure coordination et une mutualisation renforcée des équipes médicales".

Le coronavirus nCov 2019, ce grand inconnu

"Tous les tests de dépistage sont négatifs, a indiqué Philippe de Mester, directeur de l'Agence régionale de la santé (ARS), mais la mise en quarantaine est nécessaire, le virus est nouveau, on ne connaît pas son mécanisme d'incubation, de développement de la maladie".

L'incubation du nCov 2019 est comprise entre 2 et 12 jours. "La mise en quarantaine durant 14 jours garantit l'absence totale de danger pour autrui", a précisé l'ARS.

Les précautions prises sont maximales. Rappelons que le virus n'est pas volatil, il se transmet par la salive, projection de postillons ou éternuements : il faut être à moins de 2 mètres de la personne infectée. 

"Les conditions de sécurité sont maximales, les forces de l'ordre interdisent l'entrée à l'Ensosp de toute personne non autorisée. L'étanchéïté du site de confinement est complète", ajoute le préfet des Bouches-du-Rhône.  

Selon les autorités sanitaires, ce coronavirus est plus mortel que la grippe, mais moins virulent que les précédentes épidémies de coronavirus, même si l'on ne connaît pas encore avec précision son taux de mortalité.

2% des cas confirmés sont morts, "ce qui reste élevé quand on compare à la grippe saisonnière", a indiqué lundi le directeur des programmes d'urgence de l'OMS. Un taux "équivalent à toutes les pneumonies virales présentes à l'hôpital".

"Ce n'est pas un meurtrier aveugle d'une dangerosité extrême", tempère Didier Raoult, directeur de l'IHU Méditerranée Infection à Marseille, tout en reconnaissant que "la gravité réelle de cette infection respiratoire ne sera connue qu'à la fin de l'histoire".

Pour ce spécialiste des maladies infectieuses, "le risque le plus important est la panique". Sur Twitter, un comparatif de la viralité du hashtag #coronavirus, donne une idée du sujet. Les deux précédentes épidémies mortelles causées par un coronavirus, le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) et le Mers (syndrome respiratoire du Moyen-Orient), s'étaient montrées bien plus virulentes. 

L'épidémie de Sras avait fait 774 morts dans le monde en 2002-2003 selon l'OMS, dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong-Kong. Sur 8.096 cas, cela situe son taux de mortalité à 9,5%. Toujours en cours, l'épidémie de Mers a fait 858 morts sur 2.494 cas depuis septembre 2012, soit 34,5% de mortalité.
 
La grippe saisonnière est bien plus mortelle en chiffres absolus, puisqu'elle fait entre 290.000 et 650.000 morts par an dans le monde, selon l'OMS.

Toujours six patients atteints en France

Après ces deux vols, tous les Français qui en avaient fait la demande ont été rapatriés.

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a salué dimanche une coopération "remarquable" avec les autorités chinoises, précisant que le rapatriement du personnel diplomatique français n'était pas à l'ordre du jour.

En France, aucun nouveau cas n'a été diagnostiqué: il y a toujours six patients atteints, dont un seul, un Chinois de 80 ans, restait lundi en réanimation à Paris. Les cinq autres sont hospitalisés à Paris et Bordeaux.

La Belgique connait son premier cas, a indiqué la ministre belge de la Santé. Rapatriée dimanche soir de Wuhan, dans l'avion qui transportait également des Français, "la patiente ne présente aucun symptôme, mais a été placée en quarantaine", indique franceinfo. Le nombre d'infections confirmées au nouveau coronavirus en Chine a grimpé à plus de 17.200 et il s'est propagé dans 28 pays. Il a fait jusqu'à présent 361 morts en Chine continentale (hors Hong-Kong et Macao), soit plus de morts qu'avec l'épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002-2003.

Les ministres de la Santé du G7 se sont concertés par téléphone à l'initiative du secrétaire américain à la Santé pour réaliser "un point de situation" dans chaque pays.

La France a réclamé, par ailleurs, une réunion extraordinaire des ministres de la Santé de l'UE. Pour l'heure, cette réunion n'est pas encore programmée.
 
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