Dans un gymnase ou sous une tente, ces médecins de campagne qui luttent contre l'épidémie de coronavirus

Dans la région, les communes s'organisent pour soulager le centre d'appels du Samu. La question essentielle étant de reconnaître et séparer au plus vite les cas suspects de coronavirus des autres patients. A Fontvieille, Miramas, La Seyne-sur-mer, dans les Alpilles, les initiatives se multiplient.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Tous les médecins libéraux se posent actuellement la même question: comment éviter la propagation du coronavirus entre patients pendant leur attente dans leur cabinet ?

Le Dr Bernard Giral, installé à Fontvieille dans les Bouches-du-Rhône, a eu l’idée d’un dispositif destiné à séparer les éventuels cas de coronavirus des autres malades.

40 à 50 cas suspects à traiter chaque jour

Pour éviter que tout ce petit monde se côtoie dans des salles parfois exigües, le praticien a sollicité sa commune pour qu’elle mette à la disposition des médecins sa salle polyvalente, inutilisée depuis le confinement.

Le médecin est débordé. Le dispositif prend effet ce lundi 23 mars dans l'après-midi.

"Nous avons contacté l'Agence Régionale de Santé qui nous a envoyé les procédures d'hygiène et de sécurité à respecter", explique Bernard Giral. "Nous agissons dans le respect de ces recommandations".

Selon le médecin, il y avait urgence à agir différemment. Son cabinet réunit quatre médecins. "Nous avons entre 40 et 50 cas suspects à traiter chaque jour. Ils restent à leur domicile. Mais nous les suivons".

"Les personnes pensant être atteintes par le virus sont appelées à joindre leur médecin, leur pharmacien ou leur infirmière", explique le maire de Fontvieille, Gérard Garnier.

"En fonction des symptômes décrits, et s’il y a soupçon d’infection, elles seront dirigées vers la salle polyvalente où a été installé le nouveau dispositif ."

Un système judicieux qui permet notamment d’éviter de saturer le centre d’appels du Samu.

Un circuit d'entrée, un circuit de sortie

A l’entrée de la salle, du personnel médical ou des bénévoles informent sur la marche à suivre.

Le patient suit un sens précis à son arrivée. Il est d’abord dirigé vers les toilettes, où il doit se laver les mains. Puis, on l’installe dans un box individuel, en attente de la consultation.

"Ce sont des box d’exposition qui ont été livrés par le Lions Club", raconte le maire.

Il y a de la solidarité. Beaucoup de personnes se sont proposées pour aider bénévolement à l’accueil.

Un seul médecin reçoit à la fois, dans des espaces séparés.

"Le médecin vient récupérer le patient et l'accompagne au bureau d'examen", poursuit le Dr Giral. "L'examen terminé, une fiche de consultation est instruite et conservée pour usage ultérieur. Le patient ressort par un circuit différent de celui d'entrée, et se relave les mains."

La conception de ce circuit a été réalisée notamment par le Dr Philippe Guillaume, chirurgien dentiste investi dans les procédures d'accueil et hygiène, Cécile Barriere, infirmière en pratiques avancées et Sandrine Gambey, infirmière coordonnatrice de la maison de santé pluriprofessionnelle de santé de Fontvieille.

Le dispositif est ouvert tous les après-midis. Le matin, le personnel municipal désinfecte les locaux.

La saison de la grippe est finie

"Quoi qu'il en soit, sans test de dépistage, personne n'aura l'assurance d'avoir eu le coronavirus", souligne le Dr Giral. "Mais nous les reconnaissons aux symptômes inhabituels en cette saison. Un état grippal en ce moment est inhabituel, étant donné que la grippe est finie.".

Une fièvre brutale avec une toux sèche est très évocatrice.

"Certains patients nous disent aussi qu'ils ont perdu le goût et l'odorat. Cela aussi est assez typique des symptômes", ajoute le praticien. 

Appel aux dons et au mécénat

Quant aux soignants, ils manquent de masques. "Des industriels nous donnent quelques masques. Une entreprise de travaux de soudure ajustage nous a envoyé des protections avec visières. Nous avons aussi une proposition d'une entreprise agro-alimentaire, les olives Arnaud, qui doit nous donner plusieurs milliers de masques de type chirurgical".

L'équipe a fait appel aux dons et au mécénat. Des clubs service comme le Lions et le Rotary prévoient de l'aide. "Nous la dédierons au matériel de l'hôpital d'Arles et à son service de réanimation", précise le Dr Bernard Giral.

L'effet "boule de neige" dans le pays d'Arles

Mais déjà, l'initiative fait boule de neige. Et se décline dans d'autres communes du pays d'Arles, en fonction des possibilités de terrain. Comme au gymnase Jean-François Lamour d'Arles.

A Mouriès, à l'autre bout de la vallée des Baux, un grand cabinet de kiné fermé en raison de l'épidémie rouvre ses portes pour créer un circuit idéal en matière d'hygiène et de sécurité. Et permettre le tri et l'accueil des patients.

A Saint-Rémy de Provence, c'est le centre médical d'urgentistes du Rougadou qui a placé une tente dans la cour du cabinet, en guise de salle d'attente, pour éviter trop de promiscuité. Et les patients entrent un à un, par un circuit sécurisé.

Suivi de soins jusqu’à dix jours après la guérison

A Maussane-les-Alpilles, aux Baux-de-Provence et au Paradou, la communauté professionnelle territoriale de santé du Pays d’Arles a mis en place un pôle d'infirmières.

Elles sont prêtes à intervenir "uniquement sur ordre du médecin traitant qui leur demandera alors de prendre en charge certains patients pour lesquels il a des doutes", explique Yves Lopez, adjoint au maire de Maussane, délégué aux Affaires Sociales.

S'il s'avère que les patients ont été contaminés au Covid-19, un suivi de soins est assuré jusqu’à dix jours après la guérison.

Pour l’instant, il n’est pas prévu de structure de dépistage systématique à Maussane-les-Alpilles, "pour limiter les déplacements des personnes et les risques de contamination du personnel soignant qu’il faut absolument protéger", rajoute Yves Lopez.

A Maussane comme à Eygalières, la pharmacie propose de livrer les médicaments à domicile.

Unité médicale de soutien à Miramas-Saint Chamas

Dans les Bouches-du-Rhône, les communes de Saint-Chamas et de Miramas ont investi 85.000 euros pour la création d'une unité médicale de soutien pour les patients atteints du Covid-19. Cela se passe au Gymnase des Molieres.Des pharmaciens ont fait don de matériels. Depuis ce lundi 23 mars, une équipe de trois médecins, de trois infirmières et d'une administrative, tous volontaires, accueillent par un circuit sécurisé jusqu'à 40 patients simultanément.

Les personnes qui pensent être atteintes par le coronavirus doivent appeler leur médecin généraliste. Ce dernier leur fait une téléconsultation. Et leur demande de se rendre à l'unité médicale s'il le juge nécessaire.

Là, les patients sont reçus un à un suivant les règles d'hygiène nécessaires. Les médecins les auscultent et peuvent même leur faire passer une échographie des poumons.

Les cas les plus graves sont ensuite redirigés vers l'hôpital. Les autres rentrent à leur domicile et restent sous surveillance.

A La Seyne-sur-mer, une ancienne école transformée en centre Covid 19

A La Seyne-sur-mer, les locaux désaffectés de l'école Amable Mabily ont été prêtés par la mairie. Le  médecin généraliste Wilfid Guardiali, ainsi que deux infirmiers, ouvrent un accueil de 14h à 18h depuis ce lundi 23 mars.

« Concrètement, nous sommes équipés de masques, lunettes, charlottes, blouse et gants. Nous donnons aux patients des gants et un masque chirurgical qu’ils doivent porter durant la consultation. Tous passent par une première étape : prise des mesures de température, tension et saturation en oxygène en box isolé avec un infirmier. La deuxième étape consiste en un examen médical avec médecin et infirmier. Enfin si les critères sont reconnus, un test Covid est réalisé», explique Wilfrid Guardigli, médecin généraliste et membre du bureau de l'Union Régionale des Professionnels de Santé Médecins Libéraux à l'initiative de cette ouverture. 

L’objectif affiché est de soulager les médecins généralistes qui ne peuvent pas toujours organiser de consultation spécifique dans de bonnes conditions pour les patients présentant des symptômes de Covid 19 : « Ici toutes les mesures de sécurité sont prises, nous centralisons du matériel, dont les masques FFP2, et pouvons accueillir plus sereinement les patients. Nous souhaitons pouvoir maintenir dans la durée cette organisation grâce à des équipements en quantité suffisante ».

 

Objectif : une coordination sur le territoire

Laurent Saccomano président de l’Union Régionale des Professionnels de Santé Médecins Libéraux, souhaite la mise en place d'une coordonnée de ces centres de consultation Covis 19 sur le territoire, en partenariat avec les centres 15 et l'Agence Régionale de Santé : « Nous n’avons pas pris la carte en disant il faut un centre ici, ici, et ici. A l'heure actuelle, ces ouvertures se font grâce à des initiatives de terrain venues de professionnels de santé qui ont l’habitude de travailler ensemble ». D’après le président de l’URPS, une vingtaine de centre de consultations seraient en place ou en cours de mise en place dans la région




 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité