"On a de la nourriture, on a des véhicules, mais on n'a plus de chauffeurs", explique la banque alimentaire des Bouches-du-Rhône. L'organisation collabore avec 180 associations de la région. Elles craignent une insuffisance de denrées pour les personnes les plus démunies.
Ce n'est pas la pénurie de nourriture que craignent les associations de solidarité marseillaises, c'est celle de bénévoles.
"Aujourd'hui, les restaurants sont fermés, les marchés sont en train de fermer donc les entreprises, les producteurs, les marchés d'intérêt nationaux se retrouvent avec de la marchandise sur les bras. On sait qu'elle existe et on n'arrive pas à la rapatrier", s'alarme Gérard Gros, président de la banque alimentaire des Bouches-du-Rhône.
"On n'arrive pas à rapatrier la nourriture"
A partir de mardi, la banque alimentaire n'aura plus suffisamment de chauffeurs, notamment munis du permis poids lourds, pour récupérer les invendus et les distribuer aux 180 associations de la région PACA avec lesquelles elle collabore."Sur les dix chauffeurs que j'ai, sept ont plus de 75 ans, je ne vais pas leur demander en pleine crise du Covid-19 de venir s'exposer. Ce sont des gens à classer dans les catégories fragiles", précise Gérard Gros.Pour l'instant, le hangar de l'association à Marseille est rempli de denrées alimentaires et de produits d'hygiène. Mais les produits frais pourraient se raréfier.
Des inquiétudes sur les produits frais
Sur le Cours Julien, à Marseille, l'association Maavar distribue des repas aux plus démunis dans son restaurant social Noga.Pour venir, il faut être inscrit. Mais de plus en plus de personnes viennent par le bouche-à-oreille, sans s'être fait délivrer d'inscription préalable par des centres sociaux.
"On a commandé de grosses livraisons parce qu'on n'est jamais sûrs que le chauffeur ne va pas tomber malade la veille de la livraison et ne nous livrera pas. Donc on a stocké énormément et on fait des voyages réguliers à la banque alimentaire prendre des produits bien spécifiques pour les donner", explique Pascal Boulgarian, cuisinier au restaurant solidaire.
Parmi ceux qui viennent s'approvisionner au restaurant, on rencontre une équipe d'accompagnement médico-social de l'APHM.
Sa mission n'est pas habituellement de nourrir les personnes en difficulté, mais face à la désorganisation de l'aide alimentaire engendrée par la mise en place du confinement, les équipes ont décidé de commencer des maraudes.
Une façon, aussi, de rester en contact avec le public dont la structure s'occupe, des personnes atteintes de troubles psychiatriques, qui pourraient particulièrement mal vivre le confinement.
Des associations qui réduisent leurs équipes
"Il faut imaginer que tous les gens qui vivent dehors vivent de la solidarité des restaurants, des commerces, des cafés, de la manche, donc tout ça s'arrête. Du coup, ils sont complètement démunis de solutions", explique Elise Valois, juriste dans l'équipe mobile psychiatrie précarité de l'APHM.Devant le restaurant social Noga, plusieurs personnes se présentent spontanément pour proposer leurs services bénévoles. Mais comme de nombreuses associations, Maavar a réduit ses équipes pour éviter les contaminations au Covid-19. Il y a des bénévoles, mais pas forcément aux meilleurs endroits.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement a mis en place une plateforme en ligne pour faire se rencontrer bénévoles et associations.
D'autres initiatives citoyennes ont vu le jour, comme la page Facebook Entraide et solidarité dans la crise du coronavirus – Marseille. En attendant de trouver des équipes, la banque alimentaire pourrait faire appel à des intérimaires.?? #JeVeuxAider... mais comment ?https://t.co/A5mcFsaAXu met en relation les assos solidaires qui cherchent des bénévoles avec les citoyens qui cherchent à donner un peu de leur temps aux plus fragiles et aux plus démunis pendant cette période de crise #COVIDー19. pic.twitter.com/oKc6Uq1aHd
— Etudiant.gouv (@etudiantgouv) March 23, 2020
Elle laisse un numéro pour se porter bénévole à Marseille : 04 91 45 40 00.