"On nous met des bâtons dans les roues", des associations dénoncent la "censure" de la Maison de la vie associative à Arles

Refus d'impression de flyers, blocage d'événement ... Plusieurs associations arlésiennes adhérentes de la Maison de la vie associative disent rencontrer des difficultés à mener leurs activités. La présidente met en avant le nouveau règlement intérieur qui bannit la politique de ses activités.

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Marguerite Pozzoli, présidente de la Ligue des droits de l'Homme à Arles, pensait que ce serait une simple formalité. Le 16 juillet dernier, elle remplit un formulaire de la maison de la vie associative (MDVA) pour réserver une salle. La Ligue des droits de l'Homme (LDH) en tant qu'adhérente, bénéficie de ses services gratuits depuis vingt ans.

Fondée en 1996, la MDVA a pour objet de "soutenir, encourager, éventuellement coordonner les initiatives favorisant le développement et la promotion de la vie associative et fédérative", énonce son site internet. Elle est financée principalement par la municipalité Parmi les services proposés, la mise à disposition de salles et l'accès gratuit à un service de reprographie.

La LDH, en partenariat avec l'association ATTAC, souhaite organiser dans les locaux la projection d'un documentaire "Béziers, l'envers du décor", un regard critique sur la gestion de la ville par Robert Ménard, homme politique proche de l'extrême droite. Il est régulièrement pointé du doigt pour des mesures portant atteinte aux libertés, refusant le mariage d'un couple, imposant un couvre-feu pour les mineurs de 13 ans ou encore un "passe génétique" aux propriétaires de chiens.

La soirée s'inscrit dans la mission de l'association, "réfléchir, discuter, agir pour la défense des droits et libertés". Mais à la grande surprise de Marguerite Pozzoli, la demande n'est pas acceptée.

"Pas de politique"

Dans la foulée, elle demande l'impression du programme des événements de la LDH, dont la projection, prévue le 25 octobre. Nouveau refus. "On nous a opposé que la MDVA ne peut pas accueillir d'événements politiques."

"Cela fait cinq ans que je suis présidente de la LDH, on n'avait jamais eu de police des mœurs sur nos sujets, assure Marguerite Pozzoli. Nous avons organisé des rencontres sur la Palestine, la guerre d'Algérie, un débat sur le système de santé avec l'intervention de syndicalistes... pourquoi est-ce qu'on butte lorsque l'on parle d'une mairie d'extrême droite ? On nous met des bâtons dans les roues !"

Un café associatif du quartier de la Roquette, L'angerie, a également vu certaines de ses affiches retoquées. La première, annonce la diffusion d'un documentaire de Mathieu Rigouste, chercheur indépendant, spécialiste notamment des violences policières. L'affiche annonce également une discussion "Palestine 2024 : quelle résistance populaire ?"

Dans un mail adressé à l'association et que nous avons pu consulter, une technicienne justifie ce refus, l'affiche étant "contraire au règlement intérieur". Selon cette dernière, la décision a été prise par Danielle Valette, présidente d'Arles-association, gestionnaire de la MDVA.

Le règlement intérieur modifié

Depuis son arrivée à la présidence il y a moins d'un an, le règlement intérieur de la MDVA a été modifié. Il a été précisé l'interdiction des activités à caractère "commercial, cultuel, syndical et politique" au sein des locaux. "Aucune demande de photocopie à caractère commercial, cultuel, syndical, politique ne sera acceptée", précise également le règlement.

"Pour moi, c'est purement de la censure, c'est décider ce qui est politique et ce qui ne l'est pas pour empêcher certains événements d'exister", estime Swan Del Corso, membre de L'angerie. "C'est symptomatique d'un climat général de criminalisation des questions liées à la Palestine". Par la suite, une autre affiche, annonçant le programme de la fête de la musique de L'angerie a été refusée. Parmi les artistes prévus, une "chorale militante". Un terme vu comme politique par la MDVA.

"Si ce terme de militant n'est plus accepté, on a un problème, je trouve que c'est grave", s'inquiète Marguerite Pozzoli. "On nous dit qu'il ne faut pas faire de politique... Mais la LDH justement n'adhère à aucun parti politique, on invite au débat citoyen. Ce qui nous importe, c'est de défendre les droits et lutter contre les idées d'extrême droite."

"Le terme politique est flou, chacun met ce qu'il veut derrière, abonde Swan Del Corso. Pour moi, les associations traditionalistes font aussi de la politique." Une pique adressée à Danielle Valette, qui, en plus de la présidence de la MDVA est grand maître de la confrérie du riz, association de soutien à la filière rizicole. 

"Mes idées, je les laisse à l'entrée"

De son côté, Danielle Valette se défend de vouloir imposer ses visions politiques. "Mes idées, je les laisse à l'entrée de la maison de la vie associative. Et je ne décide pas seule. Le CA (conseil d'administration) est composé de 18 personnes de sensibilités différentes". Elle rappelle que le règlement intérieur doit être signé par toutes les associations adhérentes, "elles doivent donc l'accepter."

Quant à la projection que souhaite organiser la LDH, "il y a un point d'interrogation sur son caractère politique. Nous allons en débattre lors d'un prochain conseil d'administration." La tenue de l'événement est donc suspendue à cette réunion qui doit se tenir le 9 septembre prochain.

"Nous y serons", assure Marguerite Pozzoli. "On paye notre adhésion, on est en règle, on veut bénéficier des services pour lesquels on cotise." 

Quant à L'angerie, son conseil d'administration doit se réunir prochainement : "on va décider de la suite à donner. Est-ce qu'on se bat où est-ce qu'on se retire de la MDVA ?"

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