Depuis 2014, plusieurs organismes publics et associations de protection de l'environnement ont entamé des travaux hydrauliques dans les marais des salins de Camargue. Ce travail a permis de restaurer l'habitat naturel de centaines d'espèces.
Plus de 287 espèces d'oiseaux ont été recensées, dans les étangs et marais des salins de Camargue. Dix-sept espèces étaient menacées de disparition, en France et même à l'échelle mondiale.
Le site abrite notamment, certaines années, la plus importante colonie de flamants roses en France, avec plus de 11 000 couples.
Depuis 2014, le Conservatoire du littoral, le Parc Naturel Régional de Camargue, la Tour du Valat et la Société nationale de protection de la nature (SNPN), avec le soutien du WWF France et en partenariat avec la fondation Coca-Cola, ont lancé des travaux hydrauliques colossaux sur l'ancien site industriel de production de sel.
L'objectif, réussi, était de rétablir des circulations d’eau plus naturelles dans ce secteur de la Camargue. Ces travaux ont permis de réduire le taux de sel dans l'eau et avec, le retour d'une faune et d'une flore menacées de disparition.
Lorsque le Conservatoire du littoral a récupéré les terrains de la Compagnie des salins du midi et des salines de l'est, l'industriel avait cessé le pompage de l'eau de mer depuis longtemps. "Les Etangs et Marais de Camargue n'étaient plus suffisament humide pour maintenir la biodiversité de la faune et de la flore", indique Christine Sourd, directrice adjointe de conservation WWF.
"La nature reprend ses droits lorsqu’on lui en donne l’opportunité", explique Isabelle Autissier, présidente de WWF France. "Véritables réservoirs de faune, de flore et d’eau douce, ces espaces de transition entre terre et mer jouent un rôle essentiel pour la planète".
Les travaux hydrauliques
Les travaux ont principalement consisté à raccorder une partie des anciens salins à un canal d'irrigation, afin de maintenir des niveaux d'eau favorables à la reproduction d'oiseaux coloniaux.A l'époque de l'exploitation du sel, l'industriel avait construit des digues pour canaliser le vieux Rhône et éviter l'apport d'eau douce.
"Nous avons ouvert des brèches dans ces digues pour recréer un système lagunaire, sur une surface de 6.500 hectares", explique Christine Sourd.
Plus d'un milliard de litres d'eau douce arrivent désormais chaque année dans cette zone humide de Camargue.
Un pont a également été construit, "avec de grandes ouvertures pour favoriser le passage des civelles, des petites anguilles dont l'espèce est menacée, vers la mer, où elles se reproduisent", souligne Pascal Grondin, chargé de projet chez WWF.
Le passage vers la mer permet aussi la protection de sites de nidification, en créant des îlots où les œufs sont protégés des prédateurs terrestres, "donc très favorables à la reproduction".
Lutte contre le réchauffement climatique
Autre bénéfice des travaux : l'eau douce va faire revenir des sédiments, qui devraient conforter le site. "C'est tout un équilibre qui va se faire de nouveau et qui fera que le site sera moins fragile face aux conséquences du réchauffement climatique", explique M. Grondin."Nous le savons, avec le réchauffement climatique, le niveau de la mer monte et risque d'envahir la Camargue, un phénomène qui s'ajoute au fait que le delta du Rhône s'enfonce. L'apport d'eau douce chargé de limon permet de maintenir un équilibre", ajoute Christine Sourd.
La préservation des stocks halieutiques
Les Etangs et Marais des Salins de Camargue abritent une végétation et des espèces animales très diversifiées. "Un des effets des plus remarquables que nous avons pu observer, c'est l'apparition d'une zone de 300 hectares de sansouires*", précise Christine Sourd.Les études ont également montré l'importance du site pour certaines espèces de poissons qui se reproduisent en mer, comme la sole, le mulet ou la daurade royale.
Les lagunes leur offrent des habitats essentiels à la croissance des alevins et jouent ainsi un rôle crucial pour le maintien des stocks halieutiques en mer. Par ailleurs, les nouveaux travaux hydrauliques devraient conforter les voies de passage pour les espèces migratrices telles que l'anguille.
Ce travail réalisé depuis cinq ans sur ce site de Camargue, est aujourd'hui cité en exemple. Il pourrait être reproduit sur d'autres territoires sensibles de la planète.
*Sansouire: La sansouire est un terme méditerranéen (lagunes, Camargue) pour désigner des écosystèmes herbeux, des prairies halophiles méditerranéennes composées de salicornes. Lire plus: https://www.aquaportail.com/definition-4397-sansouire.html