En attendant le débat à l'Assemblée nationale jeudi 24 novembre, les opposants à la corrida se sont mobilisés ce samedi matin à Arles pendant que les aficionados s'étaient rassemblés devant l'hôtel de ville pour le maintien de la tradition.
A peine 200 mètres séparaient, les deux camps opposés.
Côté anti-corrida, le rendez-vous était fixé à 9h30, boulevard des lices, dans le centre ville arlésien. Les militants de l'association "no corrida" ont pour habitude de s'y retrouver, chaque mois, depuis 9 ans. Et pour ces opposants de la tauromachie, cette proposition de loi visant à abolir la corrida, c'est une profonde satisfaction.
"C'est historique. Depuis le début de la Vème République, c'est la première fois qu'une proposition de loi de l'abolition de la corrida arrive jusqu'à l'hémicycle. Il y en a eu une quinzaine d'autres avant et aucune n'est arrivée aussi loin", souligne Roger Lahana, Président de l'association "no corrida".
"Depuis 10 ans que l'on fait des sondages sur ce sujet, l'opinion publique évolue en permanence dans notre sens. Au début, il y avait 55% des Français qui voulaient l'abolition maintenant on est à 85%", précise Roger Lahana.
Un sondage Ifop publié le 16 novembre dernier dans le Journal du Dimanche, révèle que 74% des Français sont favorables à l'interdiction de la corrida. Ce samedi matin, dans le centre ville d'Arles, une quarantaine de personnes a pris le temps de s'arrêter pour signer la pétition appelant à son interdiction.
"Je trouve que c'est un spectacle indigne du 21ème siècle, la maltraitance des animaux. Ces gens qui se rassemblent pour aller voir un spectacle comme ça, je ne comprends pas du tout. Je soutiens le mouvement des anti-corridas et j'espère que la loi va passer" , explique Suzanne, une passante qui vient de signer la pétition.
A 200 mètres de là, c'est bien devant l'hôtel de ville d'Arles que se tenait la plus importante mobilisation, celle des défenseurs de la tradition, "revendiquant la dimension culturelle de la tauromachie". Un rassemblement, organisé par la Mairie d'Arles.
Près de 300 personnes et divers élus se sont ensuite rendus à la sous-préfecture pour remettre une motion de défiance de la corrida signée par l'ensemble du monde taurin.
"Avoir des animaux comme les taureaux sur notre territoire, c'est très important pour la biodiversité et puis c'est aussi un écosystème économique. Cela fait vivre énormément d'éleveurs sur notre territoire, ça fait vivre une économie locale par ses rassemblements. A Arles, on estime que ce sont des retombées économiques de 10 à 12 millions d'euros, chaque année, pour les commerçants et pour la Ville, argumente Patrick de Carolis, Maire d'Arles.
Certains aficionados particulièrement attachés à leur tradition ne peuvent imaginer une corrida sans effusion de sang.
Une opinion partagée par Pauline Valette et Manon Alexandre, demoiselles d'honneurs de la Reine d'Arles : "la mort est inévitable, ça fait partie de cet art ; à mon sens la corrida est une allégorie de la vie tout simplement et dans la vie la mort en fait partie justement, c'est le fil conducteur".
Une tradition culturelle à préserver, pour d'autres, un spectacle immoral à interdire, c'est le débat qui attend les députés ce jeudi 24 novembre, à l'Assemblée nationale.
En France, la corrida reste autorisée uniquement dans les régions où elle est considérée comme faisant partie du patrimoine, du fait d'une pratique ininterrompue de cette tradition.