Emmanuel Macron a tranché mercredi soir. Les mesures de restriction sanitaire appliquées dans 19 départements sont étendues à toute la France. Dans les écoles, les cours en distanciel sont mis en place. S'ensuivront deux semaines de vacances dans toutes les zones, en même temps.
- Pas de confinement dur, mais une extension des mesures sanitaires actuelles
Emmanuel Macron a détaillé mercredi 31 mars lors d'une allocution aux Français son nouveau plan de bataille face à l'épidémie de Covid-19.
Première chose à retenir : alors que 19 départements étaient soumis à un "confinement light", le dispositif est étendu à toute la France. A savoir, notamment : interdiction de tout déplacement non justifié au-delà de 10 km.
Les contrôles seront renforcés sur la voie publique pour limiter les rassemblements et éviter la consommation d'alcool. Mais l'attestation ne sera obligatoire en journée que pour les déplacements au-delà de 10 km : l'option de l'attestation généralisée n'a pas été retenue. Pour calculer cette zone de 10 km, c'est par ici.
- Fermeture des écoles, vacances communes
Concernant l'école : seront mis en place à partir de mardi 6 avril jusqu'au 9 avril les cours en distanciel. Sauf pour les enfants des soignants, et les enfants en situation de handicap, qui pourront continuer à être accueillis à l'école.
S'ensuivront deux semaines de vacances scolaires, du 10 au 25 avril, en même temps, pour toutes les zones. La rentrée aura lieu pour tous le 26 avril.
Les cours se feront en présentiel à partir du 26 avril pour les élèves de maternelle et de primaire et en distanciel pour collèges et lycées. Tous les enfants pourront retourner en cours le 3 mai.
Pas de changement dans l'enseignement supérieur. Les étudiants pourront continuer à se rendre à l'université pour une journée de cours par semaine.
89 classes sur 12.171 sont fermées dans l'académie d'Aix-Marseille. Sur plus d'un demi-million d'élèves, 745 cas de Covid ont été déclarés. Chez les enseignants, ils sont près de 60.000 dans l'académie, 117 cas ont été confirmés la semaine dernière. La question de la fermeture des écoles divisent toujours.
- Accélération de la vaccination
Tous les dispositifs en vigueur à l'heure actuelle (le chômage partiel par exemple) sont maintenus. Et le télétravail vivement conseillé.
Sur le front de la santé, les capacités de réanimation seront renforcées. Afin de multiplier les lits, les étudiants, réservistes et retraités seront mis à contribution.
Emmanuel Macron a longuement parlé de la vaccination, qui va s'accélérer. La vaccination des 60 ans et plus commencera à la mi-avril. Il faudra attendre mi-mai pour les 50 ans et plus. Et pour l'ensemble des Français à compter de la mi-juin.
"D'ici à la fin de l'été, tous les Français de plus de 18 ans qui le souhaitent pourront être vaccinés", promet Emmanuel Macron.
A partir de la mi-mai, nous commencerons à rouvrir progressivement le pays, à retrouver notre "art de vivre", espère le chef de l'Etat. "Dès la mi-mai, nous autoriserons sous condition l'ouverture de terrasses", a-t-il détaillé.
Ces départements aux taux d'incidence en hausse
D'après le dernier bulletin de l’Agence Régionale de Santé (ARS), au 31 mars, le taux d’incidence est en Provence-Alpes-Côte d'Azur de 461 cas pour 100.000 habitants. C’est nettement plus que la moyenne nationale (352 pour 100.000 habitants). La semaine précédente, le taux d’incidence en Paca était de 352.
Une évolution qui se confirme dans tous les départements de la région :
- 433 cas sur 100.000 dans les Alpes-de-Haute-Provence
- 432 dans les Haute-Alpes
- 430 dans le Vaucluse
- jusqu'à 448 dans le Var.
Les Bouches-du-Rhône montrent le taux le plus élevé avec 476 cas pour 100.000 habitants. Le département vient de dépasser le taux d’incidence des Alpes Maritimes (470), pourtant en baisse, département reconfiné depuis le 18 mars dernier.
Selon la Professeure Carole Ichai du CHU de Nice, 85 à 90 personnes sont en réanimation réelle dans le département ce début de semaine. "Les admissions ont diminué, depuis une semaine la situation est moins tendue. On arrive à gérer les flux entre les départs et les admissions", .
Le variant anglais représente en Provence-Alpes-Côte d'Azur 85% des contaminations à la Covid-19.La part des 20-40 ans dans les contaminations est d'ailleurs nette augmentation, ainsi que celle des 40-60 ans. Le variant anglais s'attaque donc à toutes les tranches d'âge.
50 lits supplémentaires en réanimation
Avec un taux d'incidence qui concerne désormais des patients moins âgés, arrive la saturation des services de réanimation. C'est pourquoi l'ARS a décidé l'ouverture de 50 lits de réanimation supplémentaires.
L'@ARSPaca demande aux établissements de #santé de passer à 850 lits de réanimation (contre 800 actuellement ouverts) et renforce ainsi encore le plus haut palier de son plan de gestion de crise #Covid activé il y a une semaine @CordierCaroline #Paca https://t.co/5n3zFXJEwh
— HOSPIMEDIA (@HOSPIMEDIA) March 30, 2021
Dans les services de réanimations, des médecins expliquent être obligés de trier les patients. "On définit de façon collégiale jusqu'où aller sans tomber dans l'acharnement thérapeutique. On évalue en fonction de nombreux critères et c'est certain que devoir faire ces choix est insupportable", reconnait le docteur Emilie Mosnier, infectiologue et chercheur en épidémiologie à l'AP-HM.
Autre inquiétude, le report des interventions hospitalières décidé pour libérer des lits aux patients Covid. "On le payera plus tard en termes de morts, cela nous rend dingues. Ce n'est pas pour de la petite chirurgie par exemple, on parle d'opérations liées au cancer, à des pontages, des maladies qui ne peuvent pas attendre", explique l'infectiologue.
Epuisés moralement et physiquement, les soignants espéraient des mesures fortes, comme un confinement strict, afin d'inverser la courbe de l'épidémie. Pas sûr que les mesures annoncées soient suffisantes pour les rassurer.