Moins connu, moins financées et sans garantie d'être remboursées, les candidatures européennes de petite taille se lancent dans la campagne avec un handicap.
Alors que la date du premier tour approche, entre le 8 et le 9 juin en fonction des départements, les 38 formations politiques en lice redoublent d'efforts pour faire connaître leurs programmes. Mais pour les organisations avec peu de financements, difficile de concurrencer les partis traditionnels.
Un budget 920 fois inférieur au plafond de dépense
C'est le cas de la liste "Non à l'UE et à l'OTAN, communistes pour la paix et le progrès social", portée par Charles Hoareau, un syndicaliste des Bouches-du-Rhône à la retraite. La campagne est financée par les militants avec leurs propres fonds. L'ancien de la CGT en tête de liste a par exemple dû déposer 3000 euros sur les comptes de campagne du parti. "C'est une partie de mes économies pour changer ma voiture vieille de 20 ans", déplore-t-il.
En tout, sa formation s'est fixé un budget maximal de 10 000 euros pour la campagne des élections européennes, alors que les dépenses totales remboursées par l'Etat pendant la campagne peuvent atteindre 9,2 millions d'euros. "Dans la liste, on a des agents de sécurité, des serveuses, des gens de peu, pas des PDG, détaille Charles Hoareau. Quand on voit que certains candidats se font épingler pour avoir dépassé les 9 millions d'euros, alors que des gens dorment dans la rue, c'est indécent".
Pas de remboursement si le score est trop faible
Car la question du remboursement des frais de campagne est aussi essentielle pour ces petites listes. Pour récupérer l'argent avancé pendant les élections européennes, les formations doivent obtenir au moins 3% des voix. Il faut donc trouver le juste équilibre entre dépenser pour être visible et économiser pour ne pas risquer un endettement en cas de score trop faible. "On organisera un seul meeting, explique Charles Hoareau, dans une salle qui nous coûtera 450 euros. Pour les bulletins de vote, on ne peut pas en faire imprimer suffisamment pour toute la France, donc les gens devront l'imprimer chez eux."
Un problème que rencontre aussi le parti animaliste, malgré un budget plus élevé de 1,3 million d'euros pour cette élection et un score électoral suffisant aux législatives de 2022 pour bénéficier de financements. "Nous avons eu un problème de financements pour les professions de foi, nous avons dû faire un appel au don", raconte Daniel Combo, en 40e place sur la liste. Le parti doit aussi financer les flyers distribués bénévolement aux passants.
Après la place Saint-Marc de #rouen ce matin, distribution de tracts sur les quais cet après-midi ! P.S à propos des lapins : 35 millions d’individus sont élevés chaque année dans notre pays et 99% d’entre eux le sont toujours dans des cages au sol grillagé. pic.twitter.com/GMD3qEWMho
— Pierre-Alexandre Guesdon (@pa_guesdon) May 26, 2024
Et la menace d'un score inférieur au minimum pour être remboursé reste dans toutes les têtes, alors que la liste n'a pas atteint la barre des 3% lors des précédentes élections européennes en 2019. "Bien sûr qu'on se demande si on va atteindre les 3%, mais on reste positif", rassure Marie Mainville, en 59e place sur la liste. "En 2019, on avait peu de moyens, renchérit Daniel Combo, pourtant on a presque atteint le score du parti communiste."