La récolte du riz a débuté en Camargue. La céréale a façonné le paysage du Delta du Rhône et sans elle, la zone qui s'étend du Nord d'Arles aux bords de la Méditerranée ne jouirait pas d'une telle biodiversité.
Prisé des tables de chef, le riz de Camargue est en déclin. Sa culture diminue et les normes phytosanitaires condamnent régulièrement une partie des récoltes. Mais le riz est indissociable de la Camargue, verdoyante et riche en biodiversité, telle que nous la connaissons aujourd'hui.
France 3 Provence-Alpes revient en quatre questions sur cette culture, pour mieux connaître le riz de Camargue.
C'est quoi sa différence avec d'autres types de riz ?
La particularité du riz de Camargue, c'est qu'il pousse sur le sol salé des marais Camarguais. En déversant de l'eau douce provenant du Rhône sur ces terres, les riziculteurs font baisser la salinité des sols cultivés et rendent la Camargue plus clémente pour l'agriculture et la biodiversité.
"C'est important pour le parc de Camargue de soutenir cette production car quelque part, l'IGP riz de Camargue c'est le garant d'une terre agricole qui reste productive. On évite une stérilisation des sols par les remontées salines, explique Anne Vadon, chargée de mission parc naturel régional de Camargue, dans une vidéo. La production de riz est aussi importante sur le territoire pour les autres productions agricoles, en particulier l'élevage, parce qu'elle permet un entretien des canaux. Que ce soit pour les canaux d'irrigation ou de drainage, c'est elle qui va financer l'entretien de ces canaux qui servent pour toutes les autres productions."
Le mistral présent dans le Delta du Rhône fait sécher naturellement le riz, "c'est un avantage pour la production et sur l'écologie, car on n'est pas obligés de le sécher mécaniquement", détaille Bertrand Mazel, riziculteur et Président du Syndicat des Riziculteurs de France. Depuis 2000, le riz de Camargue bénéficie d'une Indication géographique protégée. "Nous devons répondre à un cahier des charges très strict, ce qui fait notamment que notre riz, contrairement à d'autres, est garanti sans résidus de type insecticides, fongicides ou désherbants."
Sur le palais, le riz de Camargue se distingue par "un petit goût de noisette", selon l'agriculteur.
Ça a changé quoi, l'Indication géographique protégée ?
Le riz de Camargue est la première céréale à avoir obtenu l’IGP en France. "On s'aperçoit que les consommateurs veulent de plus en plus de produits de qualité et de proximité", constate Bertrand Mazel. "Par ailleurs, du fait de la loi EGAlim, sur l'agriculture et l'alimentation, nous permet d'être davantage distribués dans les lieux de restauration collective."
Pourquoi fait-on du riz en Camargue ?
Dès la fin du 19e siècle, les rizières servent à dessaler les terres de Camargue. A cette époque, le riz n'est pas utilisé pour l'alimentation humaine. C'est en 1941, sous le régime de Vichy, que le gouvernement fait venir des travailleurs indochinois, habitués à la riziculture, pour cultiver le riz. Avec l'indépendance de l'Indochine (1954) et le plan Marshall qui finance l'installation d'importantes infrastructures hydrauliques, la France développe sa culture du riz. "Dans les années 1960, la France a connu la souveraineté alimentaire en matière de riz", rappelle Bertrand Mazel.
Aujourd'hui, le riz de Camargue représente environ 25% de la consommation française de cette céréale.
Pourquoi la culture du riz de Camargue décline ?
En 2023, la riziculture s'étend sur 13.000 hectares en Camargue, contre 21.000 en 2010. "Nous manquons de solutions phytosanitaires", déplore Bertrand Mazel. Cette année encore, les mauvaises herbes lui ont fait perdre près de la moitié de sa récolte. "Des produits interdits en France sont autorisés dans le reste du monde. On importe du riz traité par ces produits". Pour faire face à cette concurrence, les riziculteurs français demandent la même réglementation pour eux et les pays exportateurs.