C'est un métier encore peu connu de la médiation équine, l’équicie, profession reconnue depuis 2014. Rencontre avec une équicienne installée à Cuges-les-Pins, près de Marseille. 

Une fois par semaine, Mégane troque son fauteuil roulant pour un tapis de monte à cru. Entre Cécile Guyot, équicienne, et sa mère, la jeune fille se laisse porter par Hedge, son compagnon de séance, au centre des Garrigues, à Cuges-les-Pins.

Sur le poney tenu en longe, Mégane évolue au pas dans la carrière. « Attention, on va s’arrêter… 1,2.. arrêt », prévient Cécile avant de stopper le cheval. « On fait des transitions : avancer, s’arrêter, repartir, pour stimuler sa tonicité. Et par la voix, je stimule aussi son attention ».


Mégane a 19 ans. Elle ne marche pas. Elle ne parle pas. Avec Hedge, poney double de type Camargue de 19 ans, la communication se fait au-delà des mots. « Elle passe la main, elle le caresse, elle sent le souffle chaud de sa respiration", indique l’équicienne.
 

Un accompagnement du handicap


Face à la fragilité de la jeune cavalière, le poney se montre d’une infinie patience. "Hedge est très stable dans ses allures et dans son tempérament, note Cécile, il a très bien compris son job. Je suis très attentive à ce qu’il me donne. Deux fois, par son attitude, il m’a communiqué que Mégane n’était pas bien. La jeune fille fait parfois des crises d’épilepsie ».

Si le poney s’arrête, je sais qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Je prends toujours en compte les indications qu’il me donne.


Se faire plaisir


Mégane fait ces séances de médiation équine depuis six ans. Pour sa mère, l’objectif est qu’elle se fasse plaisir tout en ayant une activité qui la sort de chez elle. Son bien-être, Mégane le montre à sa façon.

Quand elle est bien, elle s’allonge sur le cheval et prend son pouce, elle semble y trouver du réconfort

a remarqué sa mère. On voit qu’elle aime être sur le cheval, elle se tient droite, son regard porte loin, elle n’a pas la même vision que dans son fauteuil. »


Une aide dans la vie


En fonction du projet poursuivi en équicie, le cheval peut être monté tenu en main, mené à la longe ou guidé en liberté. Le premier lien se noue dès le pansage. Hedge a beaucoup de succès auprès des adolescents. C’est le cheval préféré d’Hakim, 12 ans. L’adolescent souffre de troubles cognitifs, il est suivi dans un institut médico-éducatif.
 


L’équicie vise à aider Hakim dans sa vie. L’adolescent a du mal à se concentrer. Brosser Hedge, l’aide à être dans l’instant présent. « Pour le pansage, on commence par passer l’étrille, puis le bouchon, puis la brosse douce, on met en place des rituels, des routines, qui le situent dans le temps et l’espace » dit Cécile.
 

Panser ses plaies


« Au début, Hakim était terrorisé, il criait dès que le cheval approchait sa tête, se souvient Cécile Guyot.

Avec Hedge, il y a un lien très fort qui s’est créé. Il en parle à l’institut, il est content de venir.

Il démontre de la tendresse, il aime le contact chaud et doux du poil, c’est très fort chez lui ce qui n‘est pas le cas de tous, il est en confiance totale». Souvent, Hakim pose sa tête sur le flanc de l’animal. Panser son cheval aide peut-être le jeune garçon à panser ses plaies.

Par sa formation en éthologie scientifique et en communication inter-espèce, l’équicienne  est  une spécialiste de la relation homme-animal.
 

Relation homme-cheval


« On parle du cheval-miroir, il est en réaction perpétuelle à son environnement, explique-telle, on va chercher à comprendre ce qu’il se passe pour la personne dans la relation par l’observation du comportement de l’animal et on va d’ailleurs renvoyer à la personne ce qu’il se passe chez le cheval, ça va l’aider à se positionner, à mieux se comprendre et à interagir avec les autres ».


Marie-Claire, enseignante de 25 ans, vit mal le stress au travail.
 

Se remettre en selle


« Je n’ai pas confiance en moi et pas d’estime de soi, c’est un problème dans mon métier », confie la jeune femme. Aux écuries de Fontmagne, elle fait aujourd’hui sa deuxième séance d'équicie avec Kéno. L’activité consiste à guider le shetland dans un slalom sans tenir la longe. Marie-Claire invite le poney à la suivre mais rapidement Kéno se montre plus attiré par l’herbe tendre qui borde la carrière. « Si mes paroles ne sont pas en adéquation avec mon langage corporel, avec l’animal, ça ne marche pas », analyse-t-elle en fin de séance. Ce travail sur la posture, elle le poursuit face à ses élèves. 

Je me sens plus sereine quand je suis en cours, je me sens mieux dans mes baskets, ça m’aide beaucoup.
 

Profession certifiée depuis 2014


L’équicie est une profession reconnue depuis 2014 à l’initiative d’Isabelle Claude qui a crée Equit’Aide, la seule école de formation installée en Lorraine. Elle était présente au Salon du Cheval de Paris pour faire connaître les spécificités de cette approche de la médiation équine. 

"C'est la capacité en créant un lien avec le cheval d'arriver à rétablir le lien avec ses pairs, c'est vraiment un travail de lien social et de travail inter-espèce.  

Elle s'adresse à tous les publics, tous ceux qui ont été écorchés dans leu vie,

qui ont besoin à un moment donné de cette relation triangulaire dans laquelle l'équicien va être révélateur, le cheval va être transmetteur, et la personne va pouvoir prendre ce dont elle a besoin", explique Isabelle Claude. Handicap, difficultés sociales, mal-être, les champs d’action de l’équicie sont très larges et les publics variés. Avec le cheval, la relation se construit sans mensonge ni jugement, par la posture, le regard, le toucher…. Par ce que le corps exprime et que les mots ne disent pas toujours.
C’est ce qui en fait dans la relation d’aide qu’est l’équicie, un partenaire privilégié.


 
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