Un professeur du collège André Malraux, à Fos-sur-Mer, a été intimidé à plusieurs reprises par un parent d'élève. L'équipe pédagogique de l'établissement n'a pas assuré les cours le jour suivant. Tous demandent des mesures de sécurité.
Un professeur à Fos-sur-mer a été suivi jusqu'à son domicile par un parent d'élève, lundi 5 février. Ce n'est pas la première intimidation dont il est victime, lui, ou d'autres membres de l'établissement. L'ensemble de l'équipe pédagogique est confrontée à cet homme depuis plusieurs mois. France 3 Provence-Alpes fait le point sur la situation au collège André Malraux.
Une énième intimidation
Lundi 5 février, un professeur du collège André Malraux à Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, a subi une intimidation de la part d'un parent d'élève devant son domicile. Cette information publiée par Maritima a été confirmée à France 3 Provence-alpes par l'équipe pédagogique. L'homme en question a filmé l'enseignant, il a également pris des photos.
L'enseignant ne souhaite pas parler à la presse pour le moment. Selon l'équipe pédagogique, ce n'est pas la première fois que le professeur est l'objet de menaces de la part de ce père. "Les faits ont commencé dès le mois de septembre cette année, et même l'année dernière". En décembre, avant les vacances de Noël, le parent d'élève l'avait déjà suivi en voiture jusqu'à son domicile.
Toute l'équipe pédagogique se dit concernée par les agissements de ce parent d'élève. "Ce sont des menaces permanentes à l'encontre de plusieurs professeurs, des surveillants, du CPE...". Certains professeurs ont notamment reçu des menaces sur le logiciel d'échange avec les parents Pronote.
Selon les professeurs, l'homme est parfois devant le collège avec ses chiens, attendant les élèves qui ont eu maille à partir avec ses enfants.
Un problème de discipline
Le père a deux fils scolarisés au collège André Malraux de Fos-sur-Mer. L'un en classe de 6ᵉ, le seconde en 5ᵉ. Selon l'équipe de l'établissement, le père ne supporte par les reproches qui peuvent être faits à l'encontre de ses fils. Comme par exemple, simplement le fait d'interdire le port des sacoches en classe, ou un mot sur le carnet de correspondance. "Il nous a dit qu'il fallait arrêter de harceler ses enfants, qu'il allait porter plainte".
Les professeurs ainsi que l'administration ont tenté d'engager un dialogue avec lui, en vain. "Il n'entend pas".
Pour tenter de résoudre le problème, le professeur n'a plus les enfants de cet homme en classe. Mais les menaces persistent.
Un droit de retrait refusé par le rectorat
En septembre, le collège a alerté le rectorat dès les premières menaces. "On a demandé des mesures de protection." Le professeur n'avait pas pu exercer son droit de retrait, refusé par le rectorat faute de danger imminent. Douche froide pour les enseignants qui, un mois plus tard, ont appris l'assassinat de Dominique Bernard à Arras. Gabriel Attal d'assurer dans la foulée son soutien à la communauté éducative et d'annoncer le renforcement de la sécurité des établissements scolaires. Aujourd'hui, à Fos-sur-Mer, l'équipe alerte.
"La sécurité des élèves et du personnel enseignant reste la priorité absolue de l'établissement, déclare la communauté éducative du collège dans un communiqué émis ce mercredi. Nous déplorons que malgré les nombreuses situations rencontrées en France, aucune leçon ne soit tirée et qu’il soit encore difficile d’être pris au sérieux malgré les signaux d’alertes remontés. Doit-on attendre un nouveau drame dans ce crescendo pour être enfin entendus ?"
Deux plaintes déposées
Deux plaintes ont été déposées depuis le mois de septembre, rapporte l'équipe pédagogique. La première au nom de l'établissement en septembre, "classée sans suite", la seconde ce matin 6 février au nom du professeur menacé.
Une audience non concluante au rectorat
En réponse aux menaces survenues lundi, les professeurs ont décidé de ne pas faire cours le lendemain. L'accueil et la surveillance ont toutefois été assurées, tout comme la cantine. "On a communiqué aux parents le problème". Mardi en fin de journée, l'équipe pédagogique a été reçue par le rectorat, mais ne s'estime pas satisfaite des réponses apportées.
"L'audience était peu concluante. On ne se sent pas du tout entendus, pas rassurés, pas protégés. On nous avait annoncé qu'il allait y avoir des Emas (Équipes mobiles académiques de sécurité) présentes au collège ce matin, ce n'est pas le cas. La police est arrivée juste pour l'ouverture, puis est repartie".
De son côté, le rectorat indique que des Emas seront présentes au collège jeudi 8 février.
Ce mercredi 7 février, les cours ont repris. Les professeurs sont en train de réfléchir à la suite à donner à leur mouvement.