L'usine Alteo de Gardanne est visée par une information judiciaire pour mise en danger de la vie d'autrui. Une plainte avait été déposée contre X par des riverains, des pêcheurs et l'association ZEA. Pour leur avocate, il s'agit d'une "avancée spectaculaire" dans ce dossier. 
 

Le procureur de la République d'Aix-en-Provence vient d'ouvrir une information judiciaire contre Alteo, le leader mondial de la production d'alumines de spécialité. En ligne de mire, les conditions de rejet des déchets, sur terre et en mer, de son usine de
Gardanne. 

Une plainte contre X avait été déposée il y a moins d'un an par des pêcheurs, des riverains et l'association ZEA.

L'information a été ouverte notamment pour "infraction à la législation sur les installations classées", a précisé le procureur de la République de Marseille.
 
 

Une avancée majeure

Pour maître Hélène Bras, qui les représente, il s'agit "d'une avancée majeure" dans ce dossier. "Nous passons vraiment à un degré supérieur".

Cette fois-ci, c'est au pénal que l'affaire est conduite.

L'enquête a été confiée à un juge d'instruction du pôle santé du tribunal de grande instance (TGI) de Marseille.

En ligne de mire, les conditions de stockage des déchets de l'usine (dont les boues rouges) sur le site de Mange-Garri, et les conditions de rejets en mer, jusqu'en 2016.
 

"Définir les responsabilités de tous"


Pêcheurs, riverains et associations dénoncent depuis des années les risques pour la santé des rejets de l'industriel.

"Tous les éléments apportés sur ce registre ont suffi à faire nommer un juge".

C'est une grande victoire... Cela démontre que les problèmes de santé publique deviennent une préoccupation majeure

poursuit Me Hélène Bras.

"Malgré l'enquête administrative, malgré les dérogations, l'usine Alteo continue à dépasser les seuils autorisés. Nous considérons que cette légèreté et cette gravité sont répréhensibles. La plainte est déposée contre X. C'est-à-dire qu'il s'agira d'établir les responsabilités de tous ceux qui ont permis que ces rejets durent depuis 50 ans".


 "Très bonne nouvelle" 

Pour les plaignants, parmi lesquels des riverains de la zone de stockage, un pêcheur de La Ciotat, ainsi que l'ONG écologiste ZEA, les rejets liquides demeurent polluants pour le milieu marin tout comme les boues entreposées, chargées selon eux d'arsenic et de mercure, à proximité de l'usine et dont les poussières, un jour de fort mistral, avaient recouvert de nombreuses habitations.  

L'enquête judiciaire "est une très bonne nouvelle même si cela va prendre du temps, il y aura un procès Alteo", a réagi auprès de l'AFP Olivier Dubuquoy, un des responsables de ZEA qui  multiplie les manifestations sur le site et les opérations coups de
poing.


20 millions de boues rouges en 50 ans


En 50 ans Altéo a envoyé dans la mer, dans le parc national des Calanques, entre Marseille et Cassis, au moins 20 millions de tonnes de ces "boues" chargées d'arsenic ou de cadmium.

Fin 2015, l'Etat l'a autorisé à poursuivre pour six ans son activité de production d'alumine tout en cessant le rejet en mer de "boues rouges" solides remplacé par un liquide filtré. 

En 2018, les opposants aux "boues rouges" ont remporté une première victoire en obtenant, devant le tribunal administratif, une réduction de deux ans, à fin 2019, le délai accordé par l'Etat à l'usine pour mettre ces rejets liquides en conformité avec les normes environnementales.

Quant aux déchets solides, ils sont stockés depuis 2016 sur le site en plein air de Mange-Garri, vaste espace dans la pinède à Bouc-Bel-Air, près de Gardanne. L'autorisation de stockage expire en 2021





 
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