A l'avant-veille de l'ouverture du Grand débat voulu par l'exécutif avec l'aide des maires, Georges Cristiani (sans étiquette), maire de Mimet et président de l'Union des Maires des Bouches-du-Rhône a indiqué samedi ne pas vouloir "être le coordinateur de cet enfumage "éventuel".
L'exécutif a fait de cette consultation sa priorité des premiers mois de l'année, y voyant la porte de sortie de la crise sociale alimentée par le mouvement des "gilets jaunes", mais aussi la possibilité de reprendre politiquement la main.
L'enjeu est de taille, au moment où la défiance vis-à-vis des institutions politiques et des acteurs de la vie démocratique est au plus haut, selon le baromètre annuel du Cevipof. De nouvelles violences ont touché des journalistes au 9ème samedi de mobilisation des "gilets jaunes".
L'utilité de ce grand débat, dans un contexte de haute tension sociale, est aussi mis en doute par certains maires qui y voient plus un exercice d'"enfumage".
"Mes collègues maires ne sont pas dupes comme tous les français et comme beaucoup de mes collègues je ne voudrais pas être le coordinateur de cet enfumage éventuel", a déclaré Georges Cristiani, président de l'Union des Maires des Bouches-du-Rhône, samedi soir sur le plateau de France 3 Provence-Alpes.
"Notre écharpe pèse des tonnes depuis quelques années et on ne veut pas l'alourdir des difficultés des gouvernements successifs qui ont apporté du poids à cette écharpe."
Cette vaste consultation va être alimentée par les "cahiers de doléances" qui sont ouverts dans au moins 5.000 communes à l'initiative de l'Association des maires ruraux de France (AMRF).
Le maire de Mimet , qui indique avoir mis en place un registre de doléances dans sa commune, y voit une solution démocratique pour évacuer la violence de la rue.
"Je ne me sens pas "gilet jaune" mais ce n'est pas une colère qui est apparue comme ça en automne avec les champignons sanguins, elle vient de très loin", a-t-il ajouté.Il vaut mieux mettre un bulletin dans une urne, qu'un pavé dans la gueule d'un gendarme.
"Il faut que le président de la République fasse comme nous, qu'il sache qu'il n'est pas plus grand que la France (…). Il a été élu, on ne va pas faire démissionner un président, le problème c'est qu'il faut qu'il se dise qu'on peut espérer mieux pour 2019 (…). Il vaut mieux mettre un bulletin dans une urne, qu'un pavé dans la gueule d'un gendarme."
Des débats organisés dans 13 régions
Les modalités de cette consultation inédite en France doivent être dévoilées lundi par le Premier ministre Édouard Philippe qui a réuni vendredi à Matignon une grande partie des responsables syndicaux, sans donner de précisions sur l'organisation du débat.Emmanuel Macron donnera mardi le coup d'envoi du grand débat dans la petite commune de Grand Bourgtheroulde (Eure) où il dialoguera avec environ 600 maires et élus de Normandie.
D'ici la mi-mars, il a prévu de participer à une dizaine de débats avec les maires des 13 régions, dont le deuxième est prévu le 18 janvier à Souillac (Lot).