Gilets jaunes à Marseille et Toulon : les journalistes pris à partie

Ce samedi 12 janvier, au cours de la 9e journée de mobilisation des gilets jaunes, des journalistes ont été pris à partie par des manifestants dans plusieurs villes de l'Hexagone. C'est notamment le cas de nos équipes, à Marseille et Toulon. Un de nos journalistes témoigne.

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Au cours de ce 9e samedi de mobilisation des gilets jaunes, des journalistes ont été pris à partie dans plusieurs villes de l'Hexagone. A Marseille et Toulon, nos journalistes ont eux aussi été insultés et bousculés.

Nos équipes doivent désormais être accompagnées d'un garde du corps pour pouvoir travailler en sécurité. Les conditions de travail deviennent de plus en plus difficiles sur le terrain comme le montre ce qu'il s'est passé ce samedi à Marseille.

"Cassez-vous !"

Vers 14h, les gilets jaunes en nombre convergent sur le Vieux Port. Ils sont déjà plusieurs centaines. L'ambiance est calme. Plusieurs équipes de journalistes télé commencent à filmer au milieu de la foule.

Notre rédacteur Jean-Louis Boudart, raconte : "On a rapidement été pris à partie par un homme qui nous a demandé "qu'est-ce que vous filmez, pourquoi vous nous filmez? On n'a pas besoin de vous pour être filmés, on se débrouille tout seul."

L'équipe continue malgré tout à faire son travail. "C'est là qu'une femme est arrivée, très vindicative, très violente, très grossière, en nous insultant copieusement..." témoigne le journaliste, et c'est à ce moment-là que d'autres gilets jaunes sont arrivés, on s'est retrouvés confrontés à un groupe de 5 ou 6 personnes."

"On a compris qu'il ne fallait pas rester, ajoute-il, on a appris, quelques temps après, que des équipes de CNews et BFM avaient eu les mêmes problèmes. Et les deux équipes de télé, on ne les a pas revues, donc je pense qu'elles ne sont pas restées".

"Au cours de cet après-midi-là, on s'est fait plusieurs fois insulter, traiter de "collabo", de "corrompus", on a reçu aussi à plusieurs reprises des pétards et le garde du corps a dû nous écarter, note Jean-Louis Boudart, qui poursuit tout de même le reportage. Tout au long du cortège, on se fait insulter, on ne répond pas et on continue à faire notre travail normalement."
 

Journalistes sous tension à Toulon

A Toulon, où l'ambiance était particulièrement tendue autour du stade Mayol, où une journaliste de France 3 Provence-Alpes a subi elle aussi des insultes avant son intervention en direct dans le journal régional du soir.

Après le duplex, la tension est encore montée d'un cran et l'équipe a dû se retrancher dans un restaurant en attendant que le calme revienne. 

Même scénario pour deux journalistes vidéo de l'AFP menacés alors qu'ils filmaient des échauffourées dans les rues toulonnaises, ils ont trouvé refuge dans un restaurant. 

Coups et blessures

Pour nos équipes, l'agressivité n'a pas dépassé le stade de l'invective et de la bousculade, mais à Rouen et à Paris, les faits sont plus graves. A Rouen, un agent de sécurité qui accompagnait une équipe de LCI a été frappé, roué de coups par plusieurs personnes, alors qu'il était à terre. Il souffre d'une fracture du nez. 

Le ministre de la Culture Franck Riester a dénoncé sur Twitter un "ignoble lynchage"  affirmant que "la sécurité des journalistes et la liberté d’informer ne sont pas négociables !": A Paris, une autre journaliste de LCI a été jetée à terre avant d'être protégée par d'autres manifestants. A Toulouse, une journaliste a été menacée, rapporte sur Twitter Lionel Laparade, rédacteur en chef adjoint de La Dépêche du Midi : "Une horde de gilets jaunes se défoule sur UNE journaliste de @ladepechedumidi SEULE dans sa voiture. "On va te sortir et te violer"."  "Dans notre démocratie, la presse est libre", a réagi le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner sur Twitter. Il faut bien sûr préciser que ces agressions sont le fait d'une minorité. "Dans le cortège, il y a des gilets jaunes qui sont venus nous avertir  "Faites attention, vous êtes des cibles, ne restez pas isolés", souligne Jean-Louis Boudart.

Il ajoute : "une petite dame est venue vers moi après la première altercation très violente, et m'a dit "j'ai vu ce qu'il s'est passé et je suis outrée. Je vous présente mes excuses, essayez de comprendre que tous les gilets jaunes ne sont pas pareils. On essaie juste de défendre nos idées et on n'est pas des violents". 

 
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