Un convoi humanitaire part de Martigues ce lundi pour apporter une aide médicale aux réfugiés du Haut-Karabakh. Une aventure de 4500 km pour les deux bénévoles qui conduisent ce camion médicalisé jusqu'en Arménie, une grande fierté pour leurs familles.
Pas question de perdre une minute. Il s'agit d'apporter de l'aide à quelque 230 000 personnes, à savoir 136 000 réfugiés et 95 000 membres des communautés d'accueil locales en Arménie. Après une offensive éclair des forces azerbaïdjanaises en septembre, la quasi-totalité de la population arménienne a fui la république autoproclamée du Haut-Karabakh pour l'Arménie. Alors, les bénévoles de l'association Franco-arménienne du pays de Martigues se sont retroussé les manches. Ils s'activent pour préparer le départ d'un camion médicalisé. Un petit hôpital de campagne roulant qui sera remis aux ONG qui viennent en aide aux réfugiés à Erevan. A son bord, Grégoire et Erevand, deux bénévoles.
Une affaire de famille
Angélique Minassian est la jeune chargée de communication de cette opération. À seulement 25 ans, elle participe, depuis sa création en 2015, à l'association humanitaire et culturelle arménienne crée par son père.
Grégoire Minassian, 60 ans, est pompier-volontaire et chef d'entreprise à Martigues (dans les Bouches-du-Rhône) et s'apprête à prendre la route direction l'Arménie, son pays d'origine. Le projet ne devait pas s'écrire ainsi, mais les récents événements sont venus bousculer le programme des bénévoles.
Compte tenu des racines anciennes ce conflit et de l'instabilité de la situation dans le Haut-Karabakh, ce projet est né il y a 6 mois et le camion était destiné à l'hôpital de Stepanakert. Mais la capitale du Haut-Karabakh est aujourd'hui vidée de ses habitants. Il a fallu changer les plans. Grégoire a donc décidé de prendre le volant du convoi avec son compère Ervand Gorgodian, bénévole et porte-parole de l’association. "Je suis inquiète mais tellement fière de lui ! explique Angélique , qui confie que Grégoire va laisser une mère, une épouse et deux enfants dans l’angoisse. "Le passage de toutes les frontières jusqu’en Arménie va poser problème et nous sommes partis pour une semaine d’angoisse, mais il est urgent d’agir pour la survie du peuple arménien et il le fait !"
Un camion médicalisé
Offert il y a 6 mois par l'association Santé Travail du BTP, ce véhicule de 10 tonnes est entièrement équipé pour apporter les premiers secours : il comporte trois pièces dont deux avec lits, sanitaires et matériels pour apporter les premiers soins d'urgence "voire se transformer en bloc opératoire si nécessaire", explique Angélique. Il emportera également à son bord des médicaments, des blouses chirurgicales et des équipements tels que des défibrillateurs et béquilles, offerts par Action Humanitaire Marseille, une association qui regroupe des médecins et des professionnels de santé.
Un autre convoi partira prochainement de Martigues, en bateau cette fois, avec des médicaments. Pour financer ce voyage, Angélique a déjà lancé un appel aux dons financiers. "Dans la région de Syunik, les bombardements continuent et nous devons aider à sauver les soldats et les gens, donc nous continuerons". Mais à partir de ce soir, elle retient son souffle jusqu’à l’arrivée de Grégoire, sain et sauf à Erevan.