ENTRETIEN. "Nous sommes fiers d'appartenir au peuple marseillais et forts de nous sentir soutenus" déclare Julien Harounyan au nom des Arméniens de Marseille

Le président de l'instance représentative des Arméniens de Marseille, le CCAF, revient sur la mobilisation en soutien aux réfugiés du Haut-Karabakh. Julien Harounyan salue la "prise de position courageuse" du maire de Marseille.

Julien Harounyan est une des figures de proue dans l'aide apportée aux réfugiés du Haut-Karabakh. Le coprésident du Conseil national des Conseils de coordination des organisations arméniennes de France Sud (CCAF) fédère et coordonne, au travers de son organisation, l'assistance d'urgence impulsée par Marseille et son importante diaspora. Une mission facilitée par les liens particuliers que la ville a tissés avec la communauté arménienne. 

France 3 Provence-Alpes : Comment tentez-vous de venir en aide à l'Arménie ?

Julien Harounyan : Une action humanitaire d'urgence se met en place par le biais de cagnottes en ligne, mais nous travaillons sur le long terme. L'hiver arrive et la question du logement va devenir centrale. L'argent va servir aussi à financer l'hébergement des réfugiés que le gouvernement arménien est en train de recenser. Mais il est complètement dépassé et nous devons offrir autre chose que des campements d'urgence aux exilés. Il y a déjà une crise immobilière dans la capitale, Erevan. Il faudra construire des logements, mais aussi des infrastructures, des routes... Donc, nous sommes en train de chercher des investisseurs et des industriels pour les encourager à investir dans l’économie arménienne.

On sent une grande réactivité et une fluidité dans la mise en œuvre de l'aide d'urgence...

Malheureusement, la mécanique est bien huilée. Le maillage des associations s'est mis en place, il y a de nombreuses années déjà. Après le tremblement de terre de 1988, l'aide humanitaire de ne s'est jamais stoppée.

Les ponts sont tissés, les liens sont noués, donc nous avons une vraie rapidité d'exécution.

Julien Harounyan, co-président du CCAF

Après la guerre de 2020, on s'attendait à ce qui est arrivé, les organisations humanitaires se sont placées aux avant-postes, à la frontière du Haut-Karabakh et de l'Arménie, donc nous étions prêts à intervenir. 

La cause des réfugiés arméniens suscite-t-elle un grand élan de soutien ? 

C'est une histoire forte entre la France et l'Arménie et surtout entre Marseille et l'Arménie. Ce qui se passe bouleverse les Provençaux, nous recevons énormément de témoignages de soutien. Il y a une véritable réaction spontanée de citoyens qui ont envie de se mobiliser. Chaque Marseillais compte au moins un Français d'origine arménienne dans son entourage. Donc les gens réagissent avec leur humanité et leur cœur.

Comment accueillez-vous le soutien affiché par le maire de Marseille Benoît Payan?

Il y a tout d'abord une dimension humaine dans son action : c'est marquant lorsqu'il dit "celui qui touche un Arménien touche un Marseillais". C'est un discours de fraternité auquel nous avons été sensibles, nous sommes fiers d'appartenir au peuple marseillais et forts de nous sentir soutenus. Mais surtout, il a adopté une position de politique internationale très courageuse en appelant à des sanctions claires envers l'Azerbaïdjan. Il aurait pu se faire rappeler à l’ordre par le quai d'Orsay. 

Ce n'est pas la première fois qu’un maire de Marseille se positionne du côté du peuple arménien...

Certes, mais jusqu'ici, on était sur le devoir de mémoire après le génocide de 1915, l’actualité était moins forte que ce qu'elle ne l'est aujourd’hui. Le contexte international est extrêmement glissant, et Benoît Payan marche clairement sur des œufs. On aurait pu lui reprocher, en tant que maire de la première ville de France, de ne pas avoir adopté une position plus nuancée.

D'autres élus se sont-ils mobilisés autour de cette cause?

L'ensemble de la classe politique marseillaise et régionale est rassemblée, le président de la région, la présidente du département, tous les parlementaires des Bouches-du-Rhône se sont alignés.

C'est une cause transpartisane dans laquelle tous les parlementaires de la région se retrouvent, y compris ceux que l'on imaginerait à contre-courant

Julien Harounyan

Il faut comprendre que c'est 30 ans de travail pour ces élus locaux, à essayer de créer des conditions de paix, 30 ans de travail qui s'écroulent ! Par le passé, de nombreux parlementaires se sont rendus au Haut-Karabakh, ce qui leur a valu d'être inscrits sur une liste noire des personæ non gratae en Azerbaïdjan. Ils ont transmis cette culture aux parlementaires actuels, mais malheureusement cela ne suffit pas. Il n'y a en France qu'une seule diplomatie, c'est celle du Quai d'Orsay et seul le président de la République est en mesure de décider.

 

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