L’exode de la population arménienne se poursuit au Haut-Karabakh. Déjà plus de 120 000 personnes ont dû quitter leur pays, c’est presque l'équivalent de la population à Caen. Depuis 2020 et le rattachement d’autres territoires arméniens à l’Azerbaïdjan, les tensions persistent dans cette région. Nous avons rencontré une famille réfugiée en Normandie depuis déjà un an.
David et Tatev Danielyan ont décidé de quitter le Haut-Karabakh en 2022. Ce couple d'Arméniens a emmené avec eux son fils Souren, et Irina, la maman de David. Ils vivent à Saint Lô, dans la Manche, depuis un an et sont profondément touchés par les actualités récentes. Plus de la moitié des habitants de cette région séparatiste ont fui depuis que l'enclave est passée sous contrôle de l'Azerbaïjan. Ces événements leur rappellent ce qu'ils ont voulu fuir là-bas :
"Voir toutes ces maisons détruites, ces corps ensanglantés, c'était vraiment dur".
Irina DanielyanRéfugiée du Haut-Karabakh
Les larmes aux yeux, Irina ajoute : "Nous allions voir les listes des victimes avec le nom de nos proches. C'était difficile, ça nous a décidés à fuir. Même si on aimait beaucoup notre patrie, notre terre, c’était très dur à supporter". Irina a vécu trois guerres entre les Arméniens et les Azéris. Elle ne pouvait pas vivre un nouveau conflit.
Ils ont fui le Haut-Karabakh en 2022
Le 10 novembre a marqué les deux ans de la signature par l’Arménie et l’Azerbaïdjan d’un cessez-le-feu sous l’égide de la Russie, mettant fin à 44 jours de guerre entre les deux voisins de Transcaucasie. Un processus de paix fragile. En septembre, près de 300 soldats arméniens et azerbaïdjanais sont morts dans des affrontements frontaliers. Des pertes qui s’ajoutent aux 6 500 personnes mortes pendant le conflit en 2020, et aux 30 000 victimes de la première guerre du Haut-Karabakh dans les années 1990.
"Tout ce qu’on vit aujourd'hui était prévisible après la guerre de 2020. C'est pour ça qu'on a décidé de tout quitter derrière nous"
Tatev DanielyanRéfugiée du Haut-Karabakh
Priés par l'État Français de rentrer chez eux
Aujourd'hui alors que leur pays se vide de ses habitants, la famille Daniyelan est pourtant priée par l'Etat Français. Mais au 1er janvier 2024, la République séparatiste autoproclamé du Haut-Karabakh n’existera plus. Une situation qui préoccupe énormément Tatev :
"On ne peut plus y retourner, on ne sait pas où aller. Je n’imagine pas y retourner avec mon fils et je suis enceinte de 4 mois... mais où je vais vivre ?"
Tatev DanielyanRéfugiée du Haut-Karabakh
En attendant d’être considérés comme réfugiés politiques, la famille Daniyelan cherche désespérément une solution d'hébergement. Actuellement, ils dorment dans une salle du Secours Catholique mais les locaux vétustes doivent être démolis prochainement.