Il y a 50 ans, le 31 décembre 1974, Laure Moulin, la sœur aînée de Jean Moulin, disparaissait. Si le parcours de son frère est enseigné dans les livres d'histoire, celui de Laure est moins connu. Pourtant, elle fut aussi une grande résistante et elle a accompagné Jean Moulin tout au long de sa vie.
Vous connaissez Jean Moulin, considéré comme l'un des principaux héros de la Résistance. Pourtant, peu nombreux sont ceux qui connaissent sa sœur, Laure, sans qui il n’aurait pas ce statut. Toute sa vie, Laure a accompagné son frère. D'abord lorsqu'il était enfant, en étant "la grande sœur protectrice de son petit frère. Elle a toujours été très proche de Jean", détaille Gilbert Benoit, membre de la famille de Jean Moulin. "Elle est de six ans son aîné et suite à la mort de leur grand frère, elle s'est retrouvée aînée de la fratrie et à ce titre, elle avait encore plus à cœur de protéger ce petit frère", ajoute Thomas Rabino, historien et écrivain.
Elle était agent de liaison
Ensemble, ils ont passé toutes leurs vacances dans la maison familiale du village de Saint-Andiol, au pied des Alpilles. Puis durant la Seconde Guerre mondiale, Laure fut indispensable au travail de Jean Moulin pour la résistance.
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Si pendant 30 ans, elle a œuvré ans pour que son frère devienne le plus célèbre des héros de la Résistance, elle s’est effacée de cette histoire. C’est pourquoi son nom est aujourd'hui comme effacé. Mais aussi pour la simple raison qu’elle était une femme.
Sur les 1038 compagnons de la Formation, il y a six femmes, donc le chiffre parle de lui-même. Et Laure Moulin n'y est pas alors qu’elle a été la première complice de Jean Moulin.
Thomas Rabino , historien et écrivain
"Elle a été celle sur laquelle il pouvait avoir une confiance aveugle. Elle a été la première qui ait tout su de ses activités de manière très précise. Elle a été associée à son action du début jusqu'à la fin." L’historien détaille qu’elle a codé et décodé des messages, elle transportait du matériel radio, elle a pu transporter une arme, elle a été agent de liaison, elle allait rencontrer d'autres résistants… "Elle a joué un rôle pivot essentiel et pourtant, c'est totalement méconnu."
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L'entrée de Jean Moulin au Panthéon, son combat
Une photo de Laure et Jean, au pied des Alpilles, est très connue. Pour Thomas Rabino, ce cliché raconte la proximité d'un frère et d'une sœur. "D’abord, on remarque leur ressemblance qui est assez troublante et on voit leur attachement à cette Provence. S’ils sont proches pour la photo, ils l’étaient intellectuellement, dans leur combat. Elle a été engagée pour la défense de la République alors que son frère était tout petit, elle est engagée volontaire pendant la Première Guerre mondiale comme infirmière. Ils sont complémentaires, ils sont en phase intellectuellement, philosophiquement et matériellement, puisque tous les deux prendront des risques considérables", poursuit-il.
Le 21 juin 43, Jean Moulin est arrêté par la Gestapo à Caluire-et-Cuire, à côté de Lyon, et succombera aux tortures. Laure Moulin remuera alors ciel et terre pour trouver la trace de son frère.
Elle a consacré sa vie à la mémoire de son frère. Elle a milité et travaillé à l'entrée de son frère au Panthéon.
Gilbert Benoit, membre de la famille de Jean Moulin
Thomas Rabino ajoute : "Elle a eu une action de "lobbyiste", qu'elle a mené avec un acharnement sans faille. C'était pour elle la seule façon de rendre véritablement justice à son frère, de faire reconnaître ce rôle clé qui faisait de lui le personnage le plus fédérateur de la résistance." En 1969, elle a écrit et publié une biographie de son frère qui est référence pour tous les historiens qui écrivent sur Jean Moulin.
Après la disparition de Jean, Laure Moulin s'est également beaucoup occupée de Blanche, sa maman. Professeure d'anglais à Montpellier, elle ne s'est jamais mariée. Laure Moulin s’est éteinte il y a 50 ans, le 31 décembre 1974. Elle est enterrée au petit cimetière de Saint-Andiol, loin des cendres de son frère.