Victime de harcèlement scolaire, un enfant de sept ans a tenté de mettre fin à ses jours le 29 mars dans la cour de son école à Martigues. Atteint d'une maladie qui se manifeste par des tumeurs au visage, l'enfant raconte en avoir eu "marre" des moqueries à répétitions de certains camarades. Ses parents portent plainte.
Moqué et rejeté par des camarades d'écoles, Théo* âgé de sept ans, a voulu mettre fin à ses jours dans la cour de son école à Martigues (Bouches-du-Rhône) vendredi 29 mars.
Atteint d'une maladie vasculaire qui provoque d'impressionnantes tumeurs sur son nez, sa maman confirme qu'il a tenté de se donner la mort, lassé des railleries dont il faisait l'objet. Elle a décidé de porter plainte contre X.
L'enfant a tenté de se donner la mort par strangulation
Théo*, dont le jumeau est scolarisé dans une autre classe de la même école, n'a pas pu, ce jour-là, bénéficier de la protection de son frère, resté à la maison pour absence de sa maîtresse. Théo, pris à partie physiquement par des camarades le vendredi 29 mars, dans la cour de récréation, s'est réfugié derrière un arbre et a serré très fort autour de sa gorge un lacet de sa chaussure. Stéphanie, sa maman, raconte que l'enfant avait à plusieurs reprises évoqué des railleries dont il était victime à école : "il m'a confié dans le camion de pompiers qu'il en avait marre des moqueries et du rejet de ses camarades".
Théo souffre d'une maladie qui provoque des tumeurs sur le visage
L'enfant souffre, depuis l'âge d’un an, d'une maladie congénitale vasculaire méconnue, qui fait émerger sur le nez des tumeurs appelées "botriomycomes". Une malformation "arteriocapillaire" de la région nasale, qui lui vaut d'être suivi dans un service spécialisé de l'Hôpital de la Timone à Marseille. Théo a déjà subi des dizaines d'opérations pour faire disparaître ces tumeurs, au rythme d’une intervention tous les deux mois, lorsqu'une tumeur se met à saigner, mais sa maladie "le stresse beaucoup", confie sa mère.
"J'avais proposé à la maîtresse, depuis l'année dernière, de faire une réunion pour répondre aux questions des autres élèves", raconte Stéphanie, "pour leur expliquer la maladie de mon fils, au travers d'un livre d'illustration fourni par les médecins, mais rien n'a jamais été fait."
Cette maman raconte que la semaine précédente, un incident s'était déjà produit : "deux enfants avaient tenu Théo pendant qu'un troisième tentait de lui crever ses tumeurs".
La famille porte plainte
L'avocate de la famille, Sophia Bouzahar confirme jeudi 4 avril que les parents de Théo ont déposé une plainte contre X, "pour des faits de harcèlement scolaire", et décrit les parents comme "choqués et scandalisés par ce qui s'est passé".
Selon l'avocate, un suivi psychiatrique a été mis en place pour Théo et un changement d'école se fera à compter du jeudi 11 avril, grâce à l'intervention du maire de Martigues qui a reçu les parents. "Ce n'est pas un cas isolé, il faut que cela cesse", affirme Me Sophia Bouzahar rejoint sur ce point par le président de la Fédération des Conseils de Parents d'Élèves des Bouches-du-Rhône, Christophe Merlino.
"Ce n'est pas parce que ce sont des enfants qu'il faut banaliser les moqueries," affirme le porte-parole de la FCPE13, "l'acceptation de la différence passe par les parents. On a tous un rôle à jouer dans la question du harcèlement, nos enfants peuvent être harceleurs comme harcelés, c'est l'affaire de tous".
*Théo est un prénom d'emprunt