Des projections du film "Les Segpa au ski" ont été perturbées par le comportement de groupes de jeunes dans de nombreuses salles en France. Résultat, des cinémas ont choisi de déprogrammer le long-métrage des frères Bougheraba. Au grand dam des acteurs.
Une semaine au cinéma... et déjà beaucoup de bruit. Le film Les Segpas au ski, réalisé par les frères marseillais Ali et Hakim Boughéraba, est sorti le 27 décembre sur grand écran. Depuis, plusieurs salles en France ont décidé de retirer le long-métrage de l'affiche. En cause : le comportement de certains jeunes spectateurs. De nombreuses vidéos sur les réseaux sociaux montrent en effet des scènes de désordre total lors de projections du film.
Incidents et déprogrammations
À Bollène, dans le Vaucluse, la salle du cinéma Le Clap a dû être évacuée suite à des jets de projectiles et des pétards en pleine séance. Ces phénomènes rappellent les débordements qui avaient émaillé la sortie du film Creed 3. À Marseille, au cinéma de La Joliette, des hurlements avaient gâché la séance.
À Mont-de-Marsan, dans les Landes, la direction a pris la décision de supprimer les Segpa de l'affiche pour protéger son personnel. D'autres séances ont été interrompues à Saint-Etienne, Auxerre ou encore Montpellier. Même chose à Dole, dans le Jura, où la séance a été écourtée par l'arrivée de policiers, indique Le Progrès.
Le coup de gueule d'Hamzandwich
Face à ces débordements, l'un des acteurs du film, Hamzandwich, de son vrai nom Hamza Bensahnoune, a décidé de prendre la parole sur Tiktok. Le comédien adresse son message "à la population issue de l'immigration et aux enfants de cette population". "Vous voulez quoi ? Les gens, ils paient 15 euros leur place de cinéma et vous allez faire carnage dans la salle ?! Et après, effet boule de neige, ils enlèvent le film ? Vous faites quoi ? Mais qu'est-ce que vous avez dans la tête ?"
@hamzandwich_off C’est triste!!! 😮💨😤
♬ son original - Hamzandwich
"Vous voyez bien qu’on est montrés du doigt, qu’on est mal vus, qu’on essaie de faire des efforts, mais que ça ne marche pas. À chaque fois, on parle de nous dans les médias (…) Mais il faut voir comment on se comporte !", s'emporte-t-il. "C’est quoi cette manière de parler, de jurer sans arrêt, de se comporter ? Je ne peux plus, je ne supporte plus."
"Une extrême minorité extrêmement bruyante"
Contacté par France 3 Provence-Alpes, l'acteur rappelle que ce coup de gueule était destiné à "une extrême minorité de la population issue de l'immigration, extrêmement bruyante". Hamza évoque les conséquences de ces débordements : le problème de la représentation des populations issues de l'immigration dans les médias. "Il y a des gens qui s'en sortent magnifiquement bien, comme les frères Bougheraba, et ce ne sont pas des Polonais ni des Auvergnats... Ils sont partis d'une web-série et se retrouvent au cinéma, deux fois en deux ans".
Une belle ascension "gâchée" par les vidéos d'anarchie dans les salles de cinéma, dès le 28 décembre. "Non, ça ne me fait pas plaisir. On y arrive, on s'en sort, on va au cinéma, et il y a des cons qui gâchent tout".
Un problème d'éducation ?
Ichem Boughéraba, comédien frère des deux réalisateurs, a à son tour réagi sur les réseaux sociaux. Sa vidéo faite à la suite de la déclaration du journaliste cinéma Nicolas Colle qui a analysé les débordements dans les salles. Selon lui, le public qui va voir Les Segpa "n'a pas l'habitude d'aller au cinéma", un public "qui n'a pas connaissance des us et coutumes des salles de cinéma".
"Frère, tu crois que ce sont des chiens ou quoi ?", déclare le comédien en réponse sur Tiktok. "Même dans les villages les plus reculés du monde, ils sont au courant qu’au cinéma, tu manges ton pop-corn et tu te la fermes"
Pour Hamza Bensahnoune, ce n'est "pas forcément" un problème d'éducation. "Les jeunes s'éduquent à l'école, ils tombent dans des groupes, des relations malsaines, une mauvaise émulation. Certaines fréquentations sont catastrophiques."
S'ajoutent à cela les réseaux sociaux : "C'est une histoire de "trend" (tendance, ndlr), avec les réseaux sociaux, tout va vite, chacun veut faire pire que ce que son voisin a fait".
Un carton au box-office
Le comédien regrette qu'on ne parle "que des débordements", et non du film et de son succès. En seulement cinq jours, 475 000 personnes se sont rendues dans 301 cinémas pour regarder le film.
Pour sa première journée, Les Segpa, a écoulé 150 000 billets avec les avant-premières, soit bien plus que son premier volet (63 000). Le long-métrage des réalisateurs marseillais se classe 7ᵉ meilleur démarrage de l'année 2023 pour un film français. Au terme de la première semaine, le film s'impose en tête des nouveautés.
La comédie affiche une moyenne de 1 975 spectateurs par salle avec un budget de 2,6 millions d'Euros.
Ce nouvel opus fait suite au film sorti en 2022 et à la web-série créée en 2016. Cette année, les Segpa ont pour objectif de réussir leur baccalauréat et de participer aux Olympiades inter-lycées. "Il est plein de messages ce film, on parle de mixité, avec l'histoire d'amour entre Emma Smet (Claire) et Ichem Boughéraba (Ichem), par exemple. Il faut aller voir le film, pour ça."
Le focus est mis sur cette histoire de débordements dans les salles de cinéma. Mais il y a des cinémas qui, au contraire, ont ajouté les "Segpa" à leur programmation parce qu'il marche bien.
Hamzandwichà France 3 Provence-Alpes
Contactée, la société de production et de distribution des Segpa, Apollo Films, indique qu'il y a beaucoup de plus de nouvelles salles qui ont choisi de programmer le film en deuxième semaine, que de salles qui ont décidé de le retirer de leur programmation. 301 salles diffusaient les Segpa du 27 au 3 janvier, contre 329 à partir du 3.