"La société n'est pas prête à protéger l'enfant" : trois chiffres inquiétants à retenir du rapport sur l'inceste

Lancée en 2021, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants a rendu son rapport ce vendredi, à la veille d'une grande journée de mobilisation du collectif Enfantiste à travers la France.

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Trois ans d’enquêtes, 750 pages pour dire "on vous croit". Le rapport de la Commisssion indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) dévoilé ce vendredi 17 novembre dresse un état des lieux inédit sur cette réalité en France à partir de témoignages recueillis. Et fait 82 recommandations pour mieux lutter contre ce fléau insupportable. Le collectif Enfantiste, collectif d'activistes contre les violences faites aux enfants, appelle à manifester dans toute la France ce samedi 18 novembre, notamment à Marseille.

Lisa Basile, militante marseillaise du collectif, commente pour France 3 Provence-Alpes, trois chiffres à retenir de ce rapport.

160 000 enfants victimes chaque année : "La prévention est très importante"

Une réalité qui ne se voit pas. Quelque 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles en France. C’est un enfant toutes les trois minutes en France. Un adulte sur 10 a été victime de violences sexuelles dans son enfance. Et selon le rapport de la Ciivise, les enfants en situation de handicap présentent un risque près de trois fois plus élevé d'être victimes de violences sexuelles.

Militante marseillaise du collectif Enfantiste, dont le but est de sensibiliser la société aux violences faites aux enfants, Lisa Basile salue la préconisation de la Ciivise de rendre plus fréquent le dépistage et la prévention à l'école primaire et au collège.

"La prévention est très importante, explique-t-elle, parce qu'un enfant, quand il est agressé, il ne sait pas ce qu'il lui arrive. La prévention, elle ne se fait que dans les familles où il n'y a pas d'inceste. Il faut que ça se fasse à l'école".

Près d'un enfant sur deux n'est pas protégé quand il parle : le problème de "l'adultisme"

Les failles de la protection. La Ciivise fait le constat terrifiant que trop souvent les jeunes victimes qui parlent ne sont pas protégées. C'est d'autant plus choquant qu'elles sont déjà peu nombreuses à oser prendre la parole. Selon le rapport, seule une victime sur 10 révèle les violences au moment des faits (13%). 70% de ces enfants sont crus, mais leur mise en sécurité n'est pas systématique.

Près d'un enfant sur deux (45%) n'est pas mis en sécurité et ne bénéficie pas de soins une fois qu'il a parlé. Par ailleurs, dans près de 60%, le professionnel qui recueille la confession de l'enfant ne fait rien. Plus grave, dans un quart des cas (27%), l'enfant est intimé au silence.

"Ce sont des chiffres qui sont trop peu connus et même parfois pas acceptés", réagit Lisa Basile. "C'est le résultat d'un système qui soit met en doute la parole de l'enfant, soit ne veut pas toucher aux parents et à la vie du parent".

On a libéré la parole, mais la société dans sa globalité n'est pas encore prête à protéger l'enfant. 

Lisa Basile, militante du collectif Enfantiste

France 3 Provence-Alpes

La militante pointe aussi "l'adultisme", des professionnels "qui ne se mettent pas à hauteur d'enfant" ou "ne sont pas formés à l'enfance", et "qui ne savent pas "parler l'enfant". Un environnement dans lequel l'enfant victime est facilement déstabilisé au moment de déposer plainte. "Le problème, c'est qu'on met en place un attirail juridique fait pour les adultes, mais à destination d'enfants qui sont en situation de traumatisme, et ce n'est pas du tout adapté".

97% des agresseurs sont des hommes : "C'est le syndrome du bon père de famille"

Dans plus de 9 cas sur 10, l'agresseur de l'enfant est un homme, souvent majeur (81%). Il peut s'agir des pères (27%), mais aussi des frères (19%), des oncles (13%), des amis des parents (8%) ou même de voisins de la famille (5%).

C'est un autre élément qui explique, selon Lisa Basile, la difficulté à faire valoir la parole des victimes. "C'est le syndrome du bon père de famille". "L'inceste se voit dans tous les milieux sociaux, dans toutes les formes de famille, et on va avoir du mal à mettre en doute la parole d'un homme, qui a l'air d'être bien sous tout rapport".

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