Le "recul du trait de côte" sur les littoraux continue. Un chantier de réensablement a débuté ce mercredi 5 juin sur la plage de Ferrières, à Martigues. Pour le tourisme cet été ? C'est surtout un moyen pour la municipalité de lutter contre l'érosion.
Une plage en plein centre-ville. Au bord de l'étang de Berre, à Martigues, la plage de Ferrières n'est pas épargnée par l'érosion des littoraux. "La côte a reculé entre 1,5 et 2 mètres. Avant, il y avait une butte de terre ici. Le tamaris n'avait pas les pieds dans l'eau, sinon, il n'aurait pas pu pousser", commence Henri Cambessedes, adjoint au maire de Martigues.
"L'étang a grignoté énormément de matière, ça ne va pas aller en s'arrangeant", soupire l'élu. Ce mercredi 5 juin, un chantier de "réensablement" de la plage de Ferrières a commencé.
Pour la première fois, du sable prélevé d'une rivière de Mornas, au sud d'Avignon, a été importé pour réapprovisionner cette plage. "C'est un sable avec un grain épais, plus compact, qui ne se mélange pas avec les coquillages, ni avec les algues qui pourraient monter sur la plage", explique Skander Chater, chef du chantier.
"On est dans un endroit qui est anormalement étroit par rapport à trois ou quatre années en arrière. Il faut qu'on rehausse le niveau de la plage entre dix et trente centimètres de façon à ce qu’on pousse l'eau le plus loin possible et que la séparation avec le littoral soit plus nette". L'adjoint est inquiet pour sa commune. "Quand on est sur le centre-ville de Martigues, qui est posé sur l'eau, on a un problème devant nous. Tout l'habitat du centre-ville est concerné", alerte-t-il.
Entre 1300 et 1500 tonnes de sables déposées
Durant trois jours, entre 1300 et 1500 tonnes de sable vont être déposées sur la plage de Ferrières. Le but : lutter contre l'érosion grandissante du littoral. Pour Antoine Nicault, directeur de l'association Air climat et coordinateur du GREC-SUD, l'érosion est causée en partie par le changement climatique : "La montée des eaux renforce ces phénomènes d'érosion littorale." En trente ans, le niveau marin a doublé. "Dans les années 80-90, on était à deux millimètres par an d'augmentation du niveau marin, aujourd'hui on est à plus de 4 millimètres par an. Selon le Giec, il n'est pas exclu qu'on ait une augmentation d'un centimètre par an autour de 2050", s'alarme l'expert.
La hausse du niveau marin entraîne plusieurs conséquences. "Les vagues, lors des tempêtes, ont des impacts beaucoup plus fort sur la côte. Il y a également des impacts sur la biodiversité, et évidemment, sur les habitations", détaille Antoine Nicault.
Si remettre du sable ne permet pas vraiment de lutter contre l'érosion, selon le coordinateur du GREC-SUD, plusieurs solutions sont possibles pour vivre avec : "Quand on peut, on désartificialise le trait de côte, et on laisse la nature reprendre ses droits. Si les habitations sont trop proches du littoral, on peut repenser l'aménagement du territoire, et reculer les populations plus dans les terres. C'est long à mettre en place, car il faut aussi prendre en compte les enjeux sociaux, économiques et humains".
"Le recul du trait de côte rendra des zones inhabitables", a prévenu le ministre de la Transition écologique. Selon les projections à 2050, 868 logements sont concernés sur le littoral régional en Paca.